Le ciel de Darjeeling. Nicole VOSSELER - 2020
Publié le 12 Juillet 2022
Le ciel de Darjeeling
Nicole VOSSELER
Traduit de l’allemand par Jean-Marie ARGELES
Editions ArchiPoche, mars 2020
528 pages
Thèmes : Angleterre et Indes, Famille, Traditions, Amour
Lecture Commune avec Hilde, Jojo en Herbe, Lilylivre
Fin XIXe siècle, en Cornouailles, Helena, 16 ans, née en Grèce, se retrouve sans ressources à la mort de son père, veuf éploré depuis plusieurs années.
Pour ne pas vivre misérablement et imposer cette condition à son petit frère Jason, elle accepte à contre-cœur d'épouser Ian Neville dont elle ne sait rien.
Il est beau avec une indicible tristesse au fond des yeux, mais aussi froid qu’arrogant ou impulsif. Homme terriblement secret, son immense fortune d’origine inconnue lui ouvre autant de portes qu'elle questionne. Propriétaire et producteur de thé dans la province nouvellement anglaise du Darjeeling, Ian y emmène Helena après l’avoir présentée à la bonne société londonienne, où elle rencontre Richard Carter, un Américain.
Le voyage est éprouvant, parfois effrayant comme lorsque le train est attaqué mais aussi enchanteur dans ses coutumes et paysages.
Helena s'adapte plutôt bien, mais les humeurs changeantes de Ian la minent
Leur amour, car oui, ils s’aiment, malgré la candeur de l’une et la violence de l’autre, saura-t-il triompher ?
Quand on a compris comment toutes les choses de ce monde sont en relation les unes avec les autres, on ne pleure plus. Il n’y a pas de chagrin pour qui contemple le monde avec compréhension, c’est écrit.
Découpé en trois parties de longueurs inégales, le roman nous entraîne de Grèce en Angleterre (dans une atmosphère sombre « à la Brontë »), le voyage vers l’Inde est plein de péripéties quand l’arrivée dans le Rajputana puis le Darjeeling est riche de découvertes, de saveurs, couleurs, légendes et odeurs. Et d’une certaine sérénité, mais vite troublée par l’imprévisibilité de Ian, tandis Helena se révèle être d’une fadeur exaspérante.
On pourrait arguer qu’elle est jeune, et qu’à cette époque-là, l’homme avait toute puissance, il n’empêche que j’ai soupiré plus d’une fois.
À qui sait attendre, toutes choses se révéleront , pourvu qu’il ait le courage de ne pas renier dans les ténèbres ce qu’il a vu dans la lumière
Alors qu’Helena s’apprête à quitter Ian, Mohan, l’ami fidèle de ce dernier, décide de lui raconter son histoire et leur passé.
Cette partie se trouve être passionnante, car les personnages s’extraient de leurs condition et carcan sociaux, qu’ils bravent interdits et traditions, pour suivre leurs propres voies dans un contexte tumultueux.
En effet, la présence britannique s’est peu à peu transformée, devenant dominatrice et accaparant les différentes richesses du pays, tout en interdisant des pratiques jugées immorales, rétrogrades, inférieures. Et forcément, cela entraîne tensions et révoltes un peu partout.
Les recherches de historiques de l’autrice se ressentent tout en étant restituées d’une manière très fluide avec beaucoup de rebondissements.
On dit que l'histoire du thé remonte à quatre mille cinq cents ans, quand le dernier dieu-empereur, Shennong, à qui l'humanité doit l'agriculture et la médecine, ordonna à ses sujets de boire l'eau bouillie. Un jour de canicule, à l'ombre d'un arbuste, il faisait bouillir de l'eau pour se désaltérer. Une légère brise fit tomber trois feuilles de l'arbuste dans l'eau qu'elles colorèrent légèrement. L'empereur attendit quelques instants avant de goûter le breuvage qu'il trouva délicieux, rafraîchissant et revigorant. Ainsi, selon la légende, serait né le thé.
Le ciel de Darjeeling est un roman qui entremêle les petites histoires à la Grande Histoire, les vies individuelles aux destinées collectives, pour nous raconter la douloureuse mutation d’un pays et surtout le poids des héritages et transmissions et qui conditionnent, à chaque fois, les nouvelles générations, entretenant rancœurs et vengeances.
Que ce soit en Angleterre ou en Inde, la condition de la femme n’est guère enviable. Aucune liberté, aucune possibilité de choix. Seuls les moyens diffèrent. Une seule échappatoire, la « trahison ».
Djanahara, en tant qu’aînée et maîtresse de maison, la nourrissait de mangues, de bananes, de noix de coco, lui portait aux lèvres un verre de thé parfumé à la cannelle et à la coriandre en attendant que la pâte, séchant sur sa peau, eût formé une mince croûte. Le soleil nimba d’or, puis d’étain et de cuivre les têtes des femmes et leurs saris chatoyants.
L'histoire est parfois belle, souvent convenue, à la fois banale et unique, et n’est malheureusement pas mémorable. Mises à part ces descriptions historiques et sociétales donc.
Qu'en ont pensé Hilde, Jojo et Lilylivre? Allons lire leurs avis!
Au-dessous d’elle ondulaient, telle une mer verte, les collines des plantées de théiers qui se prolongeaient par des prairies mouchetées de jaune t de blanc, premières fleurs du printemps, et bordées de forêts épaisses. Elle resta fascinée devant la chaîne de l’Himalaya, d’une splendeur à couper le souffle, couverte d’une glace bleuâtre, fière, puissante et inspirant le respect, pareille à un fleuve venant de se figer, légèrement teintée de rose par le soleil levant.
Ce roman participe à nos Etapes Indiennes avec Hilde ; au "Tour du Monde en 80 Livres" de Bidib; à l'Objectif PAL d'Antigone; eà "Des livres et des écrans en cuisine" de Bidib et FondantGrignote; ainsi qu'au "Petit Bac 2022" d'Enna pour ma 3e ligne, catégorie Couleur.
Belles lectures et découvertes,
Blandine