Mademoiselle Papillon. Alia CARDYN - 2020

Publié le 5 Juin 2022

Mademoiselle Papillon

Alia CARDYN

Éditions France Loisirs, 2021 (Robert Laffont, 2020)
272 pages

Thèmes : Biographie, Première Guerre Mondiale, Histoire, Exemple

Gabrielle, 30 ans, est infirmière en néonatologie. Un métier fort de sens, très technique et que l’on n’exerce pas par hasard.
Doutes et impuissance l’assaillent face à la fragilité des prématurés qu’un geste trop tardif ou malheureusement choisi peut emporter.
Gabrielle se questionne sur ce choix qui est pourtant/aussi une évidence.
Sa mère, romancière à succès, l’épaule comme elle le peut, toujours inquiète mais aussi toujours confiante.
Le manuscrit qu’elle lui remet (comme pour chacun de ses romans) tient une place particulière dans son cœur. Et comme elle n’en dit pas plus, Gabrielle en est davantage intriguée.

Janvier 1919, la guerre est finie et une partie du pays est en ruines.
Il faut reconstruire.
Mais il fait froid et tout manque.
Thérèse Papillon, jeune infirmière décorée pendant le conflit pour son engagement, est attristée et encolérée par la situation et la précarité des enfants que rien ne protège. De la faim, du froid, de la pauvreté, de la maladie.
Comment reconstruire le pays, assurer son avenir, si on ne prend pas soin de ses enfants ?
Thérèse Papillon aimerait tous les prendre sous son aile, en ouvrant un preventorium, d’autant que la tuberculose fait des ravages.

Le temps qui n’est pas consacré aux autres est du temps perdu.

Sa colère devient idée, devient ambition, devient réalité à force d’abnégation et de persuasion.
Et c’est à Valloires, en les murs d’une Abbaye qu’elle accueille, soigne, élève, secourt des enfants toujours plus nombreux.
Surtout quand revient la guerre et sa haine.
Celle qui deviendra Juste parmi les Nations sauve les enfants quels qu’ils soient.

Je suis comme cela. Convaincue. Convaincue dans ma foi, convaincue de mon devoir, de ma responsabilité, convaincue parce que je ne sais rien être d’autre.

Par-delà les mots, par-delà les décennies, l’audace et la force de Mademoiselle Papillon parviennent à Gabrielle qui retrouve confiance. Grâce à une maman, elle découvre le Nidcap et décide de l’implanter dans son service pour mieux s’occuper des Bébés, en étant davantage « à leur écoute », délaissant la technique au profit de l’humain.

L’amour suscite l’amour.

Une fois leur dernière page tournée, je me sens toujours heureuse de les « connaître », toujours ragaillardie par leur force.
Alia Cardyn use de ce sentiment d’inspiration et d’exemplarité pour redonner conviction et assurance à Gabrielle. Et nous faire découvrir Thérèse Papillon comme les exigences d’un service de néonatologie. Et de donner un nouveau souffle, une belle définition du don de soi. Et de voir ce que l'humain/l'humanité a de beau.

Faire avec, comme à la guerre. Faire avec parce qu’on n’a pas assez d’énergie pour faire contre.

J’ai aimé l’alliance de la fiction à la réalité comme de l’utilisation de la narration croisée et de la mise en abyme avec un manuscrit et un journal intime.
L’écriture d’Alia Cardyn est aussi empathique à l’égard de Gabrielle, que franche et vive avec Mlle Papillon, qui ne s'en laissait certainement pas compter ! Tous les enjeux, difficultés et réussites, que chacune rencontre en leur temps nous sont pleinement restitués.
Et c’est fort, prégnant, émouvant.

Je ne peux que vous inviter à découvrir ces deux femmes, pour croire en leurs et nos rêves!
L’Abbaye de Valloires existe toujours et peut être visitée – CLIC
Le Rêve de Mademoiselle Papillon a fait l’objet d’une adaptation en album jeunesse, superbement illustré par Julien Arnal.