Couleurs de l'incendie. Pierre LEMAITRE – 2018
Publié le 11 Novembre 2023
Ce roman fait suite à Au revoir là-haut dont l’histoire courait du dernier mois de la (Première) guerre à la Fête Nationale de 1920, pour nous rapporter les destins liés de trois hommes. Un lien commencé, bien malgré eux, sur le champ de bataille le 11 novembre 1918.
Albert Maillard, brave homme, comptable au civil, sauvé in extremis et redevable
Edouard Péricourt, fils de… artiste et incompris de son père et très aimé de sa sœur, Madeleine, Gueule cassée du conflit
Lieutenant d’Aulnay-Pradelle, homme ambitieux pour qui la guerre est un moyen comme un autre de servir ses aspirations sociales
Tous trois se servent du devoir de mémoire et du deuil national pour prendre, reprendre, ce qui leur serait dû. La guerre ne peut être un malheur pour tous.
Couleurs de l'incendie
Pierre LEMAITRE
Albin Michel, 2018
544 pages
Thèmes : Entre-deux-guerres, France, Politique, Economie, Condition féminine
Février 1927
Madeleine Péricourt enterre son père.
Alors que le cortège funèbre se met en marche, son fils, Paul, 7 ans, saute du premier étage et s’écrase sur le cercueil. Commence alors pour Madeleine une longue période d’anxiété dont d’autres sauront profiter alors qu’elle doit prendre la tête de l’empire financier bâti par son père.
Elle avait reçu une éducation de femme. Son père, même s’il l’avait beaucoup aimée, l’avait élevée dans l’idée que pour les grandes choses, elle ne serait jamais à la hauteur. Perdre la fortune qu’il lui avait léguée confirmait ce jugement.
Divorcée, elle n’a pas souhaité de se remarier, malgré son âge, bien que le prétendant choisi par son père aurait pu être un mari tranquille. Gustave Joubert… non Madeleine n’a pas pu s’y résoudre.
Toute dédiée à son fils et à son rétablissement, chaotique et qui le laisse en fauteuil, Madeleine signe des papiers qu’elle lit à peine, comprend encore moins. Le brave Gustave s’occupe si bien de tout cela.
Sauf qu’un jour, c’est la faillite, la ruine. Incompréhensible, sauf si…
Et les amis d’hier ne le sont plus aujourd’hui, pire, certains sont devenus traîtres.
Contre toute attente, Madeleine, élevée dans un confort qui l’a toujours éloignée du moindre souci matériel, se voit contrainte à compter ses sous, à déménager, à réduire drastiquement son train de vie. Et à se recentrer.
Pour son fils, elle est prête à tout. Et la merveilleuse, même si incompréhensible, nurse polonaise, Vladi, va l’aider. Et la musique aussi, l’opéra en particulier, et la cantatrice Solange Gallinato dont la voix et la prodigalité vont permettre au jeune Paul de s’affirmer.
Ne comptant plus que sur elle-même et un nombre restreint de relations, Madeleine apprend la dure vie des gens de peu, et surtout, prépare sa vengeance alors que l'heure est à la déperdition, à la fraude et à la corruption.
terminait toujours par les femmes. Le facteur commun à tous ces sujets était l'argent. La politique disait s'il serait possible d'en gagner, l'économie, combien on pourrait en gagner, l'industrie, de quelle manière on pourrait le faire, et les femmes, de quelle façon on pourrait le dépenser.
Il était temps que je lise ce deuxième tome, et comme le premier, j'ai été immédiatement happée dans ses pages, me représentant les personnages (attachants ou détestables), les lieux, les émotions et les actions de chacun grâce à une narration immersive, qui fait preuve d’un humour caustique qui décrit à merveille cette époque de l’entre-deux-guerres, des familles, du krach boursier, des débuts de l’aéronautique, des espoirs fous placés dans le progrès technologiques, les scandales boursiers, politiques, sanitaires, judiciaires… en prélude à l’incendie qui s’apprête à embraser l’Europe.
Le premier tome était éminemment masculin, celui-ci est résolument féminin.
Et Madeleine se révèle être une femme forte, obstinée, déterminée.
Elle a été bernée mais ne le sera plus. Sa reconquête, et d’elle-même en particulier, est savoureuse. Tout comme le ton employé par l’auteur, et que j’adore ! C’est jubilatoire.
Vivement la lecture du troisième et dernier tome, Miroir de nos peines.
Ce roman participe à mon challenge dédié à la Première Guerre Mondiale ; ainsi qu'à l’Objectif PAL.
Belles lectures et découvertes,
Blandine
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