Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna. Mitali PERKINS – 2021 (Dès 14 ans)
Publié le 2 Avril 2022
Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna
Cinq femmes, trois générations, une grande histoire d’amour
Mitali PERKINS
Traduit de l’anglais (USA) par Pascale JUSFORGUES
Bayard Jeunesse, juin 2021
352 pages
Dès 14 ans
Thèmes : Famille, Bengale, USA, Traditions, transmissions, Amour, Liberté
Lecture Commune avec Hilde, Katell, Ninijolivre, Isabelle
Ranee est Bengalie. Mariée jeune à Rajeev, elle l’a suivi en Angleterre puis aux Etats-Unis.
Fidèle aux traditions, elle reste « à sa place », ne fait pas montre de ses sentiments, ne regarde pas son mari dans les yeux, incline la tête, mais sait donner son opinion, obtenir ce qu’elle désire et entend donner à ses filles le meilleur.
Très douée de ses mains, elle est une exceptionnelle couturière qui confectionne elle-même ses saris avec les belles étoffes que lui ramène son époux et réalise les tenues de ses filles, toujours à la pointe de la mode.
Devenue veuve, très et trop tôt, elle est la garante des traditions bengalis qu’elle suit scrupuleusement, en ne s’habillant désormais plus que de blancs, sans plus aucun artifice ni bijoux.
Tara est la fille aînée de Ranee et Rajeev, surnommée Starry par sa sœur cadette, Sonia. Elle rêve d’incarner des rôles, et c’est d’ailleurs toujours en « investissant » un personnage télévisuel connu qu’elle arrive à avoir confiance en elle. Cette exubérance cache au fond d’elle un fort désir d’appartenance, de quête identitaire et de racines.
Devenue adulte, elle retourne vivre sur la terre de ses ancêtres, se marie avec Amit et s’accomplit dans son métier d’actrice bollywoodienne.
Sonia, appelée Mishti, est une excellente élève qui va se révéler aussi rebelle qu’engagée. Suite à un voyage scolaire à Paris, elle tombe amoureuse du garçon qui l’accompagne, Lou Johnson. Sa mère Ranee n’approuve pas cette relation avec un Noir. Le dialogue est rompu et les deux femmes ne se verront pas pendant de nombreuses années.
Chantal, appelée Shanti dans sa famille bengali, est la fille de Sonia et de Lou. Elle porte fièrement son métissage, même s’il lui pèse aussi souvent. Et particulièrement lorsque ses deux grands-mères maternelles, (Didou (Ranee) et Rose, revendiquent chacun le leur pour son héritage culturel et traditionnel.
Sportive et combative, Chantal est aussi une excellente élève, une amie solide et fidèle.
Anna, dite Anou, est la fille de Tara et Amit. Elle a vécu toute son enfance en Inde, et rejoint sa tante Sonia pour poursuivre ses études dans le même lycée (prestigieux) que sa cousine Shanti. Mais les manières d’être américaines la heurtent, surtout lorsqu’elles ont trait au corps.
Petite de taille, très douce de caractère, sans être effacée pour autant, elle démontre qu’il n’est pas besoin d’être une leader pour s’accomplir personnellement, et être appréciée.
Où sont mes racines ? Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans les récits et les mots.
Ceux des autres et les miens.
La couverture de ce roman happe l’œil avec ses couleurs franches, sa tranche jaune fluo, les cinq prénoms féminins écrits en gros et ses illustrations pleines de sens.
Au gré de trois parties « temporelles » et de chapitres choraux, Mitali Perkins nous dresse le portrait de cinq femmes de caractère, laissant en retrait les personnages masculins.
J’aime l’idée d’avoir trois grands-parents indiens, quatre en comptant mon défunt grand-père. Que ce soit ici à New York ou bien quand je suis en Inde, ils m’assurent des bases solides.
Je me sens comme un arbre avec de longues racines.
Au fil des ans qui passent, des années 1960 à celles de 2000, nous suivons ces cinq femmes dans leurs choix, leurs aspirations, leurs épreuves, leurs espoirs, leurs secrets, leurs liens, leurs transmissions et leurs rêves.
Toutes de la même famille (Das), à la fois si différentes et si ressemblantes, ces cinq femmes revendiquent toutes leur liberté.
Chacune avec sa propre définition, sa génération, riche des passés et socles familiaux et sociétaux, desquels elles s’émancipent ou s’approprient.
Liberté de choisir, liberté d’être, liberté de suivre ou de s’affranchir des traditions, liberté d’aimer, liberté du corps (caché, dévoilé – les scènes dans les vestiaires collectifs des filles sont éloquentes !), liberté de changer et d’évoluer, de s’approprier différentes cultures pour se forger son identité propre.
Chacune trouve son équilibre, grâce et malgré les autres.
Toutes se cherchent et se trouvent en rapport avec les autres.
La Liberté, un mot positif mais qui peut aussi enfermer, restreindre, ignorer ou humilier.
-On est en 1999 et on est en Amérique, pas en Inde ou en Somalie. Les corps féminins sont beaux, vous n’avez pas à en avoir honte.
Si certains aspects sont abordés ou résolus « facilement », ce roman est une réussite qui aborde de nombreux thèmes intrinsèquement liés.
Il décrit la famille et ses transmissions, la quête identitaire, la place de la femme (en particulier en Inde (et ici bengalie) et aux Etats-Unis, et par extension, partout dans le monde), dans toutes ses nuances au fil des générations qui passent ; des événements historiques qui impactent (le 11 septembre), de l’évolution des mœurs (le rapport au corps) et des débats qui secouent ou émergent dans la société (le racisme – ici des Indiens envers les Noirs) ; l’éducation, les Arts (musique, danse, théâtre) et le sport, et l’émancipation.
Pourquoi la vie serait-elle meilleure dans un pays occidental ? L’Inde est un pays formidable ! Je ne comprends toujours pas pourquoi vos parents à vous en sont partis. L’Inde est une démocratie ouverte, dans laquelle on parle une douzaine de langues, dont les habitants pratiquent différentes religions, vivent et travaillent en bonne intelligence. Nous avons une économie en pleine expansion, et nous produisons des films qui sont appréciés dans le monde entier... sauf en Occident.
Un roman que je ne peux que vous conseiller de lire !
Qu’en ont pensé Hilde, Katell, Ninijolivre, Isabelle ? Allons lire leurs avis !
Merci à Hilde de m'avoir offert ce roman qui participe à nos Etapes Indiennes ; au "Tour du Monde en 80 Livres" de Bidib; au "Petit Bac 2022" d'Enna pour ma 2e ligne, catégorie Chiffre
Pour notre défi, ce roman coche les cases : Mariage / Jeunesse / Roman / Etape au Bangladesh (nouveauté) / Sari - vêtements
Belles lectures et découvertes,
Blandine