Alice au pays des merveilles. Lewis CARROLL et Valeria DOCAMPO – 2020 (Dès 8 ans)

Publié le 13 Juin 2021

ALICE au pays des merveilles

D’après Lewis CARROLL (1865)

Illustrations de Valeria DOCAMPO

Traduction d’Emmanuèle SANDRON

Editions Alice Jeunesse, 2020
126 pages

Dès 8 ans

Thèmes : Aventures, Fantastique, Enfance, humour, absurde, récit d’apprentissage

Lecture Commune « graphique » avec Jojo en Herbe

Au bord de la rivière, Alice s’ennuie tandis que sa sœur lit un livre sans image ni dialogue.

Et là, un lapin blanc aux yeux roses passa juste sous son nez en courant.
Il n’y avait rien de très extraordinaire à cela. Rien de très exceptionnel non plus à entende ce lapin marmonner :
-Sapristi !
Je vais être en retard !

(Quand elle y resongea par la suite, Alice se rendit compte de ce que cela avait d’insolite. Sur le moment même, elle avait trouvé cela plutôt normal.)

C’est ainsi que commencent les fabuleuses Aventures d’Alice, naïve fillette fluette, qui se lance à la poursuite de ce lapin blanc, habillé d’un gilet à poche et pourvu d’une montre à gousset.

Ayant suivi le Lapin dans son terrier, elle dégringole dans un monde où tout n’est que bizarreries, aussi déconcertantes que curieuses. 
Entre objets insolites et nourritures aux effets inattendus, questions existentielles et d’identité, jeux de mots et polysémies, rencontres improbables et réflexions anecdotiques, Alice comprend vite que dans ce monde, « sa » logique n’a pas de mise, aussi, se laisse-t-elle porter.
Et advienne que pourra !

Alice s’attendait désormais tellement à ce qu’il lui arrive des choses hors du commun qu’une vie normale lui paraissait trop monotone et trop stupide.

Alice se parle à elle-même, une façon de se rassurer mais aussi de se connaître elle-même.
En grandissant comme rapetissant, en parlant avec des personnages aussi variés que Monsieur Souris, le Ver à Soi, Madame Pigeon, le Chat Rivari, le Chapelier Fou, la Reine de Cœur, etc., Alice s’interroge sur son identité et qui elle est.

Une question simple à la réponse non évidente qui symbolise, à mon sens, le passage de l’enfance à l’adolescence, avec ses pertes de repères et peurs, entre nostalgie et envies d’ailleurs et d’inconnu, et la difficulté (et nécessité) de nommer ses émotions multiples.

Elle imagina comme sa si petite sœur deviendrait un jour une femme adulte. Malgré les années qui auraient passé, elle garderait le cœur simple et aimant de son enfance. Elle parlerait aux enfants qu’elle aurait alors autour d’elle, elle ferait briller leurs yeux avec de bien curieuses histoires, et peut-être même leur raconterait-elle le rêve du Pays des Merveilles qu’elle avait fait jadis. Elle aurait de l’empathie pour leurs petits chagrins, comme elle aurait plaisir, à voir leurs joies simples, à se remémorer sa propre enfance et le bonheur de ces jours d’été.

Ces tiraillements et émerveillements se retrouvent dès la magnifique couverture, veloutée et au dos toilé, où la végétation luxuriante regorge de détails curieux, où le regard de la fillette nous accroche, et où son prénom est délicatement entouré d’une découpe tel un nuage.

Le texte use de parenthèses, de différentes grosseurs et graphies, comme de couleurs. Je n'ai pas lu la version originale en anglais (j'en serai bien incapable!) qui comporte, nombre de jeux de mots, de sonorités et de "nonsense". La traduction d'Emmanuèle Sandron nous offre un récit qui n'en est pas exempt, pleine de dynamisme et facéties.
Rose, bleu, vert, sont les dominantes chromatiques des foisonnantes illustrations de Valeria Docampo, qui entremêle différents genres picturaux à de nombreuses références.

Mouvements et fluidité, onirisme et mélancolie, imagination et réalité...
Nous sommes happés, nous perdons pied, et comme Alice, nous nous laissons porter...

Quand je lisais des contes de fées, je pensais que ce genre de chose était impossible. Et voilà que moi aussi je suis tombée à l’intérieur d’une histoire ! Il faudrait que quelqu’un écrive un livre sur moi, ça en vaudrait franchement la peine ! Quand je serai grande, j’en écrirai un !

Alice au pays des merveilles. Lewis CARROLL et Valeria DOCAMPO – 2020 (Dès 8 ans)
Alice au pays des merveilles. Lewis CARROLL et Valeria DOCAMPO – 2020 (Dès 8 ans)
Alice au pays des merveilles. Lewis CARROLL et Valeria DOCAMPO – 2020 (Dès 8 ans)

Je ne me lasse pas d’admirer et de me plonger dans cet album au très grand format !
Un petit poème onirique ouvre le livre pour nous murmurer la genèse de ce récit. Il me plaît d’avoir encore de nombreuses versions et traductions à découvrir. 


Jojo s’est laissée emporter par l’ouvrage de Benjamin Lacombe. Qu’en a-t-elle pensé ? Allons lire son avis !
 

Isabelle nous accompagne en cuisine avec le gâteau "Eat Me", d'après une recette de Christine Ferber, dans le livre "La cuisine des Fées".

Cet album participe à notre Challenge dédié aux Classiques avec Nathalie ; à celui de Bidib autour des Contes & Légendes; à "A year in England 2021" de Lou, Titine et Cryssilda; au Challenge Cottagecore de MissyCornish; ainsi qu'à l'Objectif PAL d'Antigone.

 

 

 

 

L'univers d'Alice est sur le blog (et y arrive):

 

Valeria Docampo est sur le blog avec l'album écrit par Agnès de Lestrade, La grande fabrique de mots.

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

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B
celui-ci en revanche à tout pour me plaire. Je note :)
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A
J'aime beaucoup ce que tu en montres.
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M
Zut je me suis trompée de chronique. Je n'aime pas particulièrement non plus celles de De campo. Mais ce sont celle de Lacombe qui me dérangent. Je trouve que les personnages ont l'air difforme. Je ne les trouve pas rassurant, ils semblent tout droit sortis d'un cauchemar. Bonne soirée.
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B
Ton ressenti est intéressant! Personnellement, les dessins de B. Lacombe m'intriguent! Mais l'univers d'Alice n'a rien de rassurant ;-) Celles-ci sont plus enfantines comme le disait Jojo, plus colorées et empreintes de végétal, et pas lisses non plus ;-) Bonne soirée à toi!
M
Coucou Blandine! Je ne suis pas très fan de ce graphisme. Les illustrations de Lacombe me mettent mal à l'aise même si l'histoire est toujours aussi fascinante.
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F
Je n'accroche pas tellement aux graphismes mais la mise en page semble intéressante! bonne semaine, Blandine, bisous ensoleillés!
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B
Ce grand format et le soin apporté au livre subliment les illustrations et notre immersion. Peut-être te faudrait-il le voir de plus près ;-) Bisous
J
Que les illustrations sont jolies avec une ambiance plus enfantine que celle de Benjamin Lacombe :) Je te rejoins dans ton analyse et comme toi, je serai bien incapable de le lire en anglais. Bonne fin d'après-midi!
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B
Tu as raison pour le style graphique, sans que l'un empêche d'aimer l'autre ;-) Bon début de semaine!