Normal People. Sally ROONEY - 2022

Publié le 6 Juin 2023

Normal People

 

Sally ROONEY
Traduit de l’anglais (Irlande) par Stéphane ROQUES

Éditions Points, juin 2022
288 pages

Thèmes : Irlande, Jeunes adultes, Amour, Amitié

Entre janvier 2011 et février 2015

Connell et Marianne se sont connus au lycée.
Il est beau et populaire, à l'aise dans son cercle social, doué en sport et dans les études. Bref, tout lui réussit. Elle est son exact contraire. Elle n'est pas belle, toujours en marge, entre volonté solitaire et rejet collectif. 
Ils ont trois choses en commun : leurs excellentes notes, orphelins de père et Lorraine. La mère de Connell travaille pour celle de Marianne. Une femme, hautaine, méprisante, désagréable, que l'on ne voit pas de tout le roman, si ce n'est par les yeux et dires de Marianne et de son frère Alan, qui n'apprécie pas sa soeur.

Connell et Marianne sont amenés à se fréquenter, de loin, dans l'immense propriété de la jeune fille lorsqu'il vient chercher sa mère au travail. C'est ainsi qu'ils échangent des mots puis des moments. De plus en plus souvent, de plus en plus proches, jusqu'à coucher ensemble... mais sans avoir une relation. Connell y veille et demande à Marianne de ne pas ébruiter ce qu'ils vivent, par peur du regard, du rejet des autres. Elle ne s'en offusque pas, prend les choses comme elles viennent, même si parfois une envie de plus l'étreint. Comme au bal de fin d'année qui scelle leur rupture. L'année scolaire s'achève et une autre commence au Trinity College de Dublin où ils sont tous les deux acceptés.

Ça te manquerait de ne plus coucher avec moi ?
Il lui a posé la main sur la hanche, l’a attirée contre lui et a murmuré : oui, beaucoup.
On peut rentrer chez toi ?
Il a acquiescé. Pendant quelques secondes, ils sont restés immobiles. Il l’a entourée de ses bras, lui a respiré à l’oreille. La plupart des gens passent leur vie entière sans jamais se sentir aussi proches de quelqu’un, a pensé Marianne.

Et là, les choses s'inversent.
Connell qui était auparavant si à l'aise en société, se sent noyé. Alors que Marianne y évolue avec facilité, mondanité. Elle est appréciée, écoutée, courtisée. Elle est en couple. Serait-il jaloux?

Leur histoire perdure, faite de discussions en face, par téléphone ou mails. Ils se fréquentent à nouveau, se séparent.
Elle est avec Jaimie, il est avec Helen.
Le temps passe, les sépare, les rapproche, physiquement, géographiquement.
Jamais loin l'un de l'autre. Toujours en soutien. Même dans les silences.
Elle part en Suède, il revient dans leur ville natale.
Elle est soumise, dominée, en recherche de limites, et ne se trouve plus. Il est dépressif, il se perd devant tant de possibles qui se présentent.

Quand elle se souviendra de ce moment, plus tard, elle le trouvera d’une intensité insoutenable, elle en est consciente à ce moment précis. Elle n’a jamais cru pouvoir être aimée par quelqu’un. Mais désormais elle mène une nouvelle vie, inaugurée par l’instant présent, et même des années plus tard, elle se dira : Oui, c’était ça, le commencement de ma vie.

Ce jeu du chat et de la souris perdure tout le roman, entre attraction, possession et rejet. Il est fait d'interrogations existentielles, il remet en question et perspective les notions ancrées et transmises d’amitiés, de couples et de familles (celle de Marianne n'a rien de chaleureux), comme d'identité.

Si je suis entrée très facilement dans le roman, il m'a été plus difficile de m'y replonger au fur et à mesure. Je suis restée finalement en marge, spectatrice pas spécialement attachée, trouvant ça et là des résonnances sans plus. Cela est beaucoup dû à la forme. Notamment au fait que La narration ne marque pas les dialogues.

Nous sommes en Irlande, mais il y a un côté très américain dans la narration et les descriptions scolaires/universitaires et sociales de ces jeunes. Il y a des questionnements intemporels et un côté très actuel, factuel. Est-ce là la description de ce que seront désormais les amours?
Libération l’a qualifié «de « Jane Austen 2.0 », je ne trouve pas que le lien soit évident. C’est une description d’une société, estudiantine, qui veut profiter, qui se projette tout en étant un brin désabusée, mais pas une critique sociale mordante. Je m'interroge aussi sur le titre "Normal People": Sont-ils normaux dans leurs interrogations, dans leurs comportements, que l'on soit d'ici, d'ailleurs? Leur relation serait-elle la nouvelle norme? Ou revendiquent-ils une/la normalité?

Je m'interroge et crains d’être passée à côté.

Elle sombre dans une déprime si profonde qu’elle en devient apaisante

Ce roman participe au Tour du Monde en 80 Livres de Bidib ainsi qu'à l’Objectif PAL

 

 

 

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

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N
Du coup... J'avoue que tu ne me tentes pas !! Mais bon. Vu la hauteur de ma pal, ce n'est pas très grave... ;)
Répondre
C'est le risque, et comme je l'ai écrit, je crains d'être passée à côté, ce roman a eu tant de succès...