La légende du cerf-volant. Chen Jiang Hong (Dès 6 ans)
Publié le 1 Mars 2014
CHALLENGE « JE LIS AUSSI DES ALBUMS » 2014 De Sophie Hérisson
« Délivrer des livres »
Au sein de ce challenge, Sophie nous a fixé des rendez-vous mensuels, autour d’un thème, dont le deuxième, pour ce 1er mars, est le printemps !
Voici donc mon choix :
La légende du cerf-volant.
Chen JIANG HONG.
Archimède pour l’Ecole des Loisirs, mars 1997.
Oui, j’aurais pu prendre un album qui comporte « Printemps »dans son titre, ou qui parle de saisons, de renouveau de la nature, de bourgeons et de fleurs… Ici, c’est un peu le cas, mais dans le texte ou dans le symbolisme de la date !
Souvenez-vous, je vous ai brièvement parlé de cet album dans mon article sur le nouvel an du calendrier chinois. Je vous présentais Dragon de feu, un album qui fait suite à celui-ci, bien qu’ils puissent être lus indépendamment.
En Chine, le printemps est la saison du cerf-volant, et tous les 5 avril, les cieux se remplissent de milles couleurs, magnifiques et vibrantes. Cette tradition fait suite à la Fête de Qingming, que l’on pourrait comparer à notre Toussaint occidentale.
Le 4 avril, tous les Chinois se rendent sur les tombes de leurs ancêtres qu’ils nettoient, entretiennent, fleurissent et embellissent. C’est pourquoi il est communément appelé « Jour du Grand Nettoyage ».
Qingming veut dire « clarté pure », et correspond à l’une des vingt-quatre périodes du calendrier lunaire. Ces périodes délimitent l’année en saison et en fonction des températures. Il est donc à la fois le symbole du passage de l’ancien au renouveau, que symbolise le printemps : renouvellement de la nature, jours qui rallongent significativement et températures de plus en plus agréables, et le soleil devient plus présent.
Sous la dynastie Tang, de superbes poésies furent écrites pour célébrer ce jour et les peintures traditionnelles chinoises rivalisèrent de beauté.
Le Printemps est la saison du cerf-volant, particulièrement dans le nord de la Chine où le vent souffle bien plus qu’au sud. A l’est du pays, dans la province de Shandong, le Festival de cerfs-volants Weifang attire une foule aussi hétéroclite qu’internationale !
Voici le jeune Dong-Dong, accompagné de son grand-père. Ils se rendent à Pékin, sur la place Tiananmen, afin de lâcher au vent Grand Dragon, son cerf-volant qu’il a lui-même fabriqué ! Il y en a énormément : papillon, hibou, poisson, … Mais il est le seul à avoir un dragon !
C’est un menuisier devenu légendaire, Lu Ban, qui a inventé le cerf-volant, il y a plus de 2000 ans ! Il était constitué de bois et avait pour nom « Mu Yuan » (Mu, bois et Yuan, épervier). Le bois fut remplacé par du papier et son nom devint, « Zhi (papier) Yuan ». Depuis les Tang, une fine plaque de bambou mise sous le cerf-volant permet de reproduire le son du zheng, qui est un instrument de musique. Depuis, ceux qui en sont munis sont appelés « feng zheng » (zheng signifiant dorénavant, vent).
Le plus grand de tous les cerfs-volants est le dragon, doté de milles pattes, divisé en cent parties et qui fait cent mètres de long. Il arrive que des bougies soient placées aux extrémités de ses pattes, créant ainsi des étoiles mouvantes.
Le vent souffle très fort et la ficelle casse. Le Grand Dragon de Dong-Dong s’échoue sur le toit du Temple de la Cité Interdite où nul ne peut pénétrer. Sous la dynastie des Qing, le fil du cerf-volant était volontairement lâché afin que partent avec lui malchance et maladies. Qui échouaient à celui qui le ramassait.
Le petit garçon est effondré. Son grand-père décide de lui raconter une histoire pour le consoler. Celle de deux jeunes gens amoureux, Ming-Ming et Ying-Ying. Tous deux se connaissent et s’aiment depuis l’enfance. Le père de la jeune fille est médecin et celui du jeune homme, peintre. Il enseigne à son fils la délicatesse de la calligraphie et de la peinture. Adulte, Ying-Ying excelle dans son art et de nombreuses commandes affluent de tout le pays.
Mais un jour, l’Empereur se rend dans leur village et désire faire entrer Ying-Ying dans son harem. Cette dernière est effondrée et ne veut pas quitter Ming-Ming, qui lui promet de trouver une solution.
Arrive le jour où les émissaires impériaux viennent chercher la future concubine. Mais quelle n’est pas leur surprise en la voyant s’élever toujours plus haut dans les airs, magnifique, gracieuse et si légère ! Pendant des semaines, Ming-Ming a travaillé d’arrache-pied afin de confectionner un cerf-volant à l’effigie de sa bien-aimée, qui puisse tromper les gardes royaux.
Bredouilles, ils s’en retournent au palais et les deux amoureux s’enfuient pour vivre leur vie et leur amour.
Depuis ce jour, le cerf-volant symbolise l’Amour triomphant, éternel et invaincu, mais également la beauté visuelle et de l’esprit ainsi que l’adresse nécessaire pour le maîtriser. Car ce n’est pas chose toujours aisée et cela demande un réel savoir-faire. A tel point que les militaires utilisèrent aussi les cerfs-volants à des fins d’espionnage.
Depuis, il se trouve toujours un cerf-volant à l’effigie de la belle Ying-Ying. Et vous, l’avez-vous vu ?
Ce très bel album aux illustrations fines et typiques nous fait instantanément voyager en Chine. Elles sont douces et délicatement colorées. L’auteur-illustrateur utilise pour cela une ancienne méthode traditionnelle combinant encre de chine et papier de riz.
Cette histoire d’amour me fait penser à deux livres, car comme cet album, la condition de la femme chinoise est évoquée en arrière-plan. Ying-Ying a pu s’enfuir et vivre son amour grâce à l’ingénieuse ruse de Ming-Ming. Mais ce n’est pas le cas pour toutes.
Dès qu’une jeune fille était repérée par l’Empereur, elle entrait dans son harem au sein de la Cité Interdite pour ne plus jamais en sortir. Et le nombre de concubines grossissait constamment au fur et à mesure des caprices de ce dernier. Le monde où elles vivaient désormais était très dur et constamment empreint de rivalités, voire de haines. Cette vie est évoquée dans Le Pont aux Cerisiers, de Blanca Alvarez, et plus encore dans le roman historique, Impératrice de Shan SA.
Couverture du livre de Shan SA trouvée sur Google Images à partir du blog Bazar de la littérature (chez cowblog) qui n’existe plus.
Une très belle histoire sur les traditions chinoises.
Belles découvertes !
Blandine.
LE PONT AUX CERISIERS. Blanca Alvarez. (dès 11 ans)
LE PONT AUX CERISIERS Blanca ALVAREZ Castor Poche Flammarion, Collection Histoires d'ailleurs, 2008 (Espagne, 2003) Dès 11 ans De par le titre, et la couverture, j'ai d'abord cru que l histoire se...
http://vivrelivre19.over-blog.com/2013/10/le-pont-aux-cerisiers.html
Un univers d'auteur : Chen Jiang Hong
Chen Jiang Hong est né en 1963 dans une grande ville du nord de la Chine. Peintre et illustrateur, il a été formé aux beaux-arts de Pékin et de Paris où il vit et travaille depuis 1987. Il a ...
http://www.youtube.com/watch?v=wt4dPtzmPZg&list=UUfwbGG2kanun4AnhIWpWnYA
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