Turcos. Tarek, Batist PAYEN et Kamel MOUELLEF – 2011 (BD)
Publié le 15 Novembre 2023
Turcos
Le Jasmin et la Boue
Scénario de Tarek et Kamel MOUELLEF
Dessin de Batist PAYEN
Editions Tartamudo, label "Lisez-moi", Collection "Déni de mémoire", octobre 2011
64 pages
Thèmes : Première Guerre Mondiale, Forces Coloniales, Tirailleurs algériens, Histoire, Mémoire
Les « Turcos », ce sont les Tirailleurs Algériens, puis Tunisiens, surnommés ainsi lors de la Guerre de Crimée (1854-1856) par les Russes qui les confondaient/assimilaient avec les Turcs.
Lors de la Première Guerre Mondiale, ils furent engagés dès le début du conflit pour défendre la France, et furent de toutes les batailles. Leurs régiments sont parmi les plus décorés.
L'album, basé sur des faits réels, nous relate le parcours de l'un d'entre eux, Mourad Ben Slimane, qui combattit toute la guerre, grimpa les échelons militaires, avant de pouvoir rentrer chez lui la guerre enfin finie.
Chez nous c’est aussi la France, mais nous on n’est pas comme vous…
Par le biais de ce personnage, toute l’horreur de la guerre nous est montrée, les tranchées, les conditions de survie, les armements, les décisions du haut commandement, la camaraderie (même entre les différents régiments)… Malheureusement, rien de bien nouveau, nous laissant avec un défilé de batailles et missions sans profondeur ni reliefs, des dialogues plats et des récitatifs juste descriptifs. Or, j’aurais aimé un autre point de vue puisque ces hommes venaient d’ailleurs, ne parlaient pas la même langue, et s’il est fait mention de l’absence du soleil, les différences et particularités s’arrêtent là.
Les dessins y pallient à peine. Bien sûr, les « Turcos » se distinguent par leurs uniformes (qui évoluent aussi en changeant de couleur) et quelques pratiques religieuses et alimentaires.
Ils se composent de peintures, crayonnés et aquarelles qui jouent sur les effets de lumières, clairs-obscurs, couleurs sépia. Les scènes de combats son rougeoyantes, les tracés des belles visibles comme des faisceaux, et si l’effusion de sang qui suit la pénétration du corps n'est pas représentée, on peut voir des corps en putréfaction, disparaissant ou se faisant grignoter par les corbeaux. Visions atroces et absurdes mais rien de bien spécifique à leurs origines, et un trait qui paraît mal assuré. Il est aussi dommage que les visages se confondent souvent.
Ma chronique n’est certes pas élogieuse, et le sujet avait vraiment de quoi être étayé. Pour autant, cet album a tout de même le mérite de rappeler l’engagement (forcé) des troupes coloniales dans la défense de la « Mère Patrie ».
Il est introduit par une superbe préface, signée Yasmina Khadra, sur le double-tranchant du devoir de mémoire qui mérite qu’on s’y attarde.
Que dire des traumatismes d’hier sinon les traumatismes d’aujourd’hui ?
Que dire des lâchetés d’aujourd’hui sinon qu’elles ont de qui tenir ?
Alors, cette mémoire ?... Urne funèbre ou boîte de Pandore ?
Un dossier, nourri de nombreux documents et photographies, clôt cet album et nous restitue l’histoire d’Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj, que l’on retrouve dans les planches.
Cet album participe au RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Noukette (CLIC) pour des Bulles de Guerre; à mon Challenge dédié à la Grande Guerre; ainsi qu'à l'Objectif PAL
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Belles lectures et découvertes,
Blandine