C'est lundi, que lisez-vous? #448

Publié le 13 Novembre 2023

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

ALBUM

Befana la sorcière. Barbara CUOGHI et Elenia PERETTA. Cambourakis, octobre 2023

Les albums sur la Befana, Sorcière italienne "de Noël" qui endosse à la fois le rôle de Père Noël et de Père Fouettard, et qui passe dans la nuit du 5 au 6 janvier, sont rares en France. Aussi n'ai-je pas hésité à prendre celui-ci. 

La Befana se présente donc à nous par des mots  tout en poésie et métaphores et nous raconte d'où elle vient et quand elle vient. Dans sa lettre aux enfants, et en particulier au benjamin de la famille, elle dévoile ce qu'il se passe durant cette nuit particulière et ce qu'elle apporte, d'abord aux enfants, ensuite à la Nature. L'album se clôt sur une présentation des sorcières, entre origines, particularités et liens avec la Nature. Cette présentation de la Befana est tout à fait dans l'air du temps qui vise à réhabiliter la place de la sorcière (et femme) dans la société. Cette présentation est donc très contemporaine tout en s'inscrivant dans une lignée, une histoire séculaires. 

Les dessins sont tout à fait en adéquation avec le propos, et combinent plusieurs styles et techniques qui met en avant le végétal.

ROMAN

L'Esprit des cafés suspendus. Jeremy ANGELO. Twinkle Editions, 2023

Ella Wilde, agente immobilière, doit vendre un Manoir qui lui rappelle fortement celui que lui décrivait sa grand-mère. En ses murs, vit un fantôme qui, en la voyant, croit revoir son amour de toujours, Virginia. Alors qu'un étrange acheteur souhaite acquérir le domaine, cette dernière se voit contrainte d'emménager, illégalement, au Manoir où a pris vie Sir Simon, suite à un marché avec le Père-Temps...

Dans ce roman à l'ambiance victorienne mais qui se passe de nos jours, il est aussi question d'un café où travaille un Napolitain, d'un corbeau borgne à l'attitude curieuse, de concurrence entre collègues qui se détestent cordialement, de rencontres qui changent une vie.

J'ai tout de suite été immergée dans le récit, me représentant parfaitement personnages et lieux, et j'a aimé les différentes atmosphères, le ton de la narration entre jeux de mots, brins d'humour et métaphores. Mais j'ai trouvé aussi que le récit faisait des longueurs, des facilités, j'ai relevé (bien malgré moi) des incohérences temporelles et scénaristiques et un manque de profondeur dans l'histoire en général malgré ce très bon départ et la référence fabuleuse à Oscar Wilde. 

 

 

La récole des enfants. Nicolas VERDAN. L'Atalante, 2023

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de roman policier, aussi je me suis laissée tenter par celui-ci lors de la dernière Masse Critique de Babelio.

Evangelos Montzouris, ancien agent des renseignements grecs se rend à Zurich où réside sa fille unique Andromède, qui a décidé de rentrer au pays avec son maris Dimitris et sa fille de 16 ans, Zoi. Elle a demandé à son père de ramener à Athènes sa Tesla. D'abord sceptique devant tant de technologie luxueuse, Evangelos se laisse griser par cette conduite souple et décide de faire un détour en passant par l'Albanie, après s'être arrêté dans une station essence où il voit une jeune femme voilée jeter un téléphone dans une poubelle.

Sur un ferry, où son téléphone ne capte pas, il fait la connaissance d'un vieil homme qui lui confie un manuscrit qu'il a écrit sur l'histoire de sa mère, une femme engagée militairement.

 Quand il rejoint la terre, Evangelos reçoit des messages affolés de sa fille lui apprenant la disparition de Zoi. N'ayant pas avoué son détour et ne pouvant que se rendre d'abord en Grèce pour reprendre un vol vers Zurich, Evangelos se pose des questions ,examine les pièces  et les faits relatifs à l'enquête sur sa petite-fille, indique à sa fille où la police doit chercher... et c'est ainsi que la piste d'une disparition volontaire en lien avec une influenceuse d'Instagram est suivie.

En parallèle, les infos diffusent sa disparition et celle d'une autre personne, une femme que reconnait Evangelos. Alors qu'il vient de passer la frontière grecque, une embardée dans la neige aux abords d'un pont, l'oblige à sortir de la voiture pour rencontrer un homme qui vient de se faire voler sa jeep alors que gisent en contrebas une voiture accidentée et une femme. Evangelos se voit contrainte de participer à la poursuite par la police locale.

Tout le long du livre, les deux enquêtes sont liées, entremêlant deux aspects des apparences trompeuses: les réseaux sociaux et ce qu'ils font croire de la réalité et celles de la religion, et notamment des sirènes islamiques. C'est donc à la fois un monde 2.0 qui nous est décrit avec ses dangers bien réels et l'influence qu'il exerce sur les jeunes gens.

Le début m'a semblé un peu long, les déductions d'Evangelos trop immédiates. Bien sûr, son passé professionnel y contribue mais je n'y ai pas vraiment cru. Plus que l'enquête, ce qui m'a davantage embarquée, c'est le contexte historique, politique et sociétal. Avec notamment l'explication de ce qu'est "la récolte des enfants", un tribut du sang qui perdure sous d'autres aspects, à d'autres fins dans d'autres horizons mais qui n'en reste pas moins glaçant.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

13 à table! 2024. Collectif. Editions Pocket, novembre 2023

Comme chaque année, acheter ce recueil est une évidence et comme chaque année, je commence par la nouvelle de Maxime Chattam! Cela fait déjà dix ans que ce "petit livre" existe pour le bénéfice des Restos du Cœur, le thème était donc tout trouvé pour ces 15 nouvelles.

Voici celles que j'ai lues:

  • 22. Maxime Chattam

Notre narrateur est un vieux monsieur qui se souvient de ses dix ans lorsqu'il est allé voir le passage du Président [Kennedy] avec ses parents... et des coups de feu qui ont constellé de rouge le visage de sa mère... il ne se souvient pas de la première détonation, trop improbable, se remémore parfaitement les suivantes lorsque le doute n'est plus permis... Et cette sensation auditive en plusieurs temps refait surface aujourd'hui alors qu'il est au centre commercial. Serein, il avance vers l'endroit d'où provient le son. Alors que l'escalator descend, le physique du titreur apparaît peu à peu... un gamin... et son incompréhension du monde actuel, son inadéquation à ce monde, se font sidérantes.

"Si le monde entier filait dans la même direction, c'était bien la preuve que les gens savaient ce qu'ils faisaient, non? Et que c'était moi qui ne suivais plus. Ces jeunes si vigoureux, si sûrs d'eux, ne pouvaient se tromper. J'ai souvent lu qu'on accusait les cheveux blancs de mal voter, je peux dire que je réfute cet argument, me concernant. Jamais avec la peur. Rien qu'avec l'espoir. Mas, moi, au moins, je vote."

Ce n'est pas la première fois que Maxime Chattam écrit sur la violence des armes à feux aux Etats-Unis et des massacres par balles contre des foules anonymes. Son roman Carnages, inspiré des tueries lycéennes, et notamment de Columbine, m'avait beaucoup marquée.

"Les hommes ont construit les armes à feu pour se rapprocher de Dieu. Et ils en ont inondé le monde pour se rapprocher de l’enfer."

 

  • La fin de l'enfance. Philippe Besson

A quel moment, l'enfance prend elle fin? Et pourquoi, et comment? Le narrateur (qui semble être l'auteur lui-même), nous raconte sa fin d'enfance quand, après avoir découvert le mot "homosexuel" qui le définissait malgré ses connotations d'insultes, faisant tomber et/ou révéler un part de son identité, il est confronté à la mort. Non pas à un concept abstrait mais à la réalité brute du décès de son cousin Y., mort à 18 ans d'un accident de moto, et à l'impossibilité d'assister aux funérailles pour ne pas rendre trop concrète la réalité de la mort.

"En réalité, ils craignent que la cérémonie ne fasse de la mort une chose concrète, tangible. Il fallait qu'elle reste une idée. C'était illusoire."

J'ai aimé l'écriture de Philippe Besson, faite de métaphores filées. C'est aussi doux que fort.

 

Je suis la bête. Andrea DONNAERA. Cambourakis, septembre 2020

Présentation de l'éditeur

Domenico Trevi, dit Mimì, est à la tête de la Sacra Corona Unità, la principale organisation mafieuse des Pouilles. Lorsque son fils se donne la mort, il lui faut trouver un bouc émissaire. La jeune Nicole, qui aurait éconduit son fils au point de lui briser le cœur, apparaît comme la coupable idéale. Dès lors, entre fureur et secrets de famille, s’enclenche une spirale de folie et de violence à laquelle il sera difficile d’échapper…

Multipliant les points de vue, Andrea Donaera construit un roman polyphonique d’une rare puissance, maîtrisant de main de maître une narration tout en tension qui explore au plus près les sentiments cachés, la perte de l’innocence et la part d’ombre en chacun de nous.

3/ Que vais-je lire ensuite?

La Louisiane. Julia MALYE. Éditions Stock, à paraître en janvier 2024

Présentation de l'éditeur

"Pour la première fois depuis trois mois, elles discernent enfin le sable que leur cachait l’eau lors de la traversée de l’Atlantique, ce fond de l’océan qu’elles ont brièvement aperçu ce matin en débarquant de  La Baleine. Personne ne leur a expliqué où elles seraient logées ce soir, dans combien de temps elles seraient fiancées. On ne dit pas tout aux femmes."
 
Paris, 1720. Marguerite Pancatelin, la Supérieure de la Salpêtrière, est mandatée pour sélectionner une centaine de femmes « volontaires » qui seront envoyées en Louisiane afin d’y épouser les colons français.
Parmi elles, trois amies improbables : une orpheline de douze ans à la langue bien pendue, une jeune aristocrate désargentée et rejetée par sa famille ainsi qu’une femme condamnée pour avortement. Comme leurs compagnes à bord de  La Baleine, Charlotte, Pétronille et Geneviève ignorent tout de ce qui les attend au-delà des mers. Et n’ont pas leur mot à dire sur leur avenir. 
Ces étrangères réunies par le destin devront braver l’adversité – maladie, guerre, patriarcat –, traverser une vie faite de chagrins d'amour, de naissances et de deuils, de cruauté et de plaisirs inattendus. Et d’une amitié forgée dans le feu.
 
Un roman d’une profondeur et d’une émotion saisissantes, qui nous transporte au cœur d’une terre impitoyable, aux côtés d’héroïnes animées d’une extraordinaire soif d’amour et de vie.

Pour finir, je vous mets les liens des articles parus la semaine passée et vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!

Blandine

 

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Rédigé par Blandine

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F
"L'esprit des cafés suspendus" me tente bien !! noté pour une envie halloweenesque future ;-) BISOUS, Blandine !
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Il est sympa, l'idée de départ est très bonne... même s'il m'a ensuite manqué de la consistance... Bisous Fondant!