Tirailleurs – 2023 (Film)

Publié le 22 Janvier 2023

Tirailleurs
Titre anglais : Father and Soldier

Avec Omar Sy (Bakary Diallo) ; Alassane Diong (Thierno) ; Jonas Bloquet (le lieutenant Chambreau) ; Alassane Sy (Birama) ; Bamar Kane (Salif) ; Aminata Wone (Salimata) ; Oumar Sey (Abdoulaye) ; François Chattot (le général Chambreau)

Réalisé par Mathieu Vadepied
Scénario : Olivier Demangel et Mathieu Vadepied

Genre : Drame, Guerre
Nationalité : Franco-Sénégalais

Durée : 100 mn
Sorties :

  • Film présenté en ouverture de la section « Un certain regard » au festival de Cannes 2022 (18 mai)
  • Sortie nationale : 4 janvier 2023

 

Thèmes : Première Guerre Mondiale, Relation Père/Fils, Colonie, Mémoire, Reconnaissance
 
Bande annonce 

Résumé :
1920, des soldats français creusent la terre et trouvent un squelette.
Une voix off, qui ne parle pas français, s’exprime…

Nous voici en 1917, dans un petit village du Sénégal où la rumeur des rafles de l’Armée française enfle.
Pour protéger son fils de 17 ans (Thierno – Alassane Diong), un éleveur (Bakary Diallo – Omar Sy), décide (comme d’autres avant et avec lui), d’aller le cacher dans la brousse. Mais alors qu’ils sont en chemin, des Cavaliers français les prennent en chasse, les propulsent à terre avant de les emmener de force.

Une seule option s’offre alors au père de Thierno : l’engagement pour espérer s’échapper avant le départ pour la Métropole. Cela a failli réussir mais tous deux sont rattrapés et sont envoyés dans l’est de la France.

Bakary n’a désormais plus qu’un objectif : trouver un poste planqué pour son fils.
Dans le cantonnement, on le voit d’abord chercher quelqu’un qui parle sa langue, le peul. Et ce n’est pas évident ! C’est un moment de vertige, pour lui, pour nous. Il y a beaucoup de monde, de bruit, de langages. Il faut connaître, savoir marchander, et surtout, avoir de quoi payer.

Mais pendant ce temps, Thierno se fait racketter par deux soldats noirs, alors que le Lieutenant Chambreau, un jeune homme fils du Général, rameute les hommes en vue d’une offensive.
Par laquelle Thierno gagne ses premiers galons, devenant Caporal… et devenant par là, le supérieur hiérarchique de son père. Ce qui va complexifier leur relation.

Tout le long du film, Bakary n’aura de cesse de chercher à sauver son fils, en cherchant le moyen de le faire évader, au minimum en le protégeant de son corps.

Mais Thierno, bien qu’ahuri par la guerre et cette nouvelle vie, acquiert une indépendance insoupçonnée. Il est apprécié de ses hommes avec qui les discussions sont franches (et notamment sur le fait de rester en France ou de retourner au village à la fin de la guerre) et développe une amitié avec le Lieutenant, à peine plus âgé que lui.
Tous deux ont un point commun : une aura paternelle qui les emprisonne.
L’un est surprotégé car l’héritier, la continuité, quand l’autre n’a de cesse de devoir prouver sa valeur, en s’exposant toujours plus.

Le secteur est en passe d’être (à nouveau) perdu, et obnubilé par son désir de reconnaissance, Le Lieutenant souhaite embarquer Thierno, et une poignée d’hommes, dans une mission décisive pense-t-il.

On a pas la même mémoire, mais on a la même histoire.

Omar Sy avant la projection du film à Cannes

Tirailleurs – 2023 (Film)

Je ne vais que très peu au cinéma, mais quand un film sur la Grande Guerre sort, j’ai envie de le voir !
Et ça a été d’autant plus facile que mes garçons m’ont dit vouloir y aller aussi.
A 11 et 13 ans, ce n’est pas un problème.
Déjà parce qu’avec une Maman férue de la Grande Guerre, nous avons déjà vu et lu beaucoup autour de ce conflit (de manière adaptée).
Evidemment, il y a des scènes physiquement violentes – c’est un film de guerre- mais elles sont à la fois attendues et convenues : ce sont des images qu’ils ont déjà vues ou qu’ils ont déjà pu voir dans d’autres contextes (documentaires, films, actualités). D’ailleurs, paradoxalement, il y en a peu, ne nous faisant pas ressentir la peur, la terreur de Bakary pour Thierno, ou la sienne propre.
Et il y a la violence psychologique. Ici, elle est subtilement dosée.

À quel moment ces hommes étaient-ils arrivés en France ? Comment les avait-on recrutés ? Qu’avaient-ils vraiment accompli pour la nation ? Quels étaient leurs combats ? Ils ont le même mérite que les poilus, qui les ont pourtant occultés trop longtemps.

Omar Sy

Concernant le film en lui-même, nous l’avons beaucoup apprécié.
Il raconte donc l’enrôlement forcé des hommes des colonies françaises en vue de regarnir les rangs décimés de l’Armée, et notamment ici, les Tirailleurs sénégalais (appellation qui a en réalité regroupés plusieurs nationalités africaines). 
Lors du conflit, plus de 200 000 Africains ont combattu pour la France, et 30 000 sont morts sur les champs de bataille.
Sans être reconnus à leur juste valeur et engagement.

Ce film milite donc pour une réhabilitation qui a, en partie, abouti.
Pour toucher leur minimum vieillesse, les tirailleurs devaient résider en France au moins six mois par an. Cette obligation a été levée le jour de la sortie du film.

Le film aborde un autre grand thème (que le titre anglais met en avant - car moins politique pour eux?): le drame familial, et ses corollaires que sont la paternité, le devoir filial (et ici patriotique), l’émancipation.
Et à mon sens, il est même double et en miroir.
Bakary/Thierno – Lieutenant Chambreau/Général Chambreau

Malheureusement, certains passages vont trop vite, trop "faciles", ou sont trop appuyés.
Quand le Lieutenant assure à Thierno qu’il est très apprécié de ses hommes, mais jusque-là, nous ne l’avons pas vu avec eux. Ce n’est qu’après que leur relation se déploie.
Leur amitié à eux deux.
L’entêtement du Lieutenant pour sa mission.
Quelques légers passages oniriques. Il aurait fallu les appuyer davantage… ou ne pas les mettre.
Quant à la fin, si l’idée est intéressante, je n’ai pas été sensible à la façon dont elle est amenée.

Mais le film ne dure que 1h40 et ceci explique cela.

Quant au jeu d’acteurs, il est très bon.
D’eux, nous ne connaissions qu’Omar Sy.
Il incarne parfaitement son rôle. 
Il est le père, il est massif, il déploie beaucoup d’énergie pour son projet sans voir/comprendre que son fils prend (presque par obligation et besoin) un autre chemin.
Il a une vraie prestance à l’écran, jusque dans ses silences. 
Nous l’avions vu dans des rôles où il fanfaronnait volontiers, le changement est radical et réussi !

Visuellement, le film est très beau aussi. 
Même si l’on ne ressent pas la peur du combat s’infiltrer en nous, il y a des passages qui sont très forts.

Un film à voir donc !

Tirailleurs – 2023 (Film)

Ce film participe à mon Challenge autour de la Première Guerre Mondiale, « De 14-18 à nous ».

 

Le site parenthèse Cinéma Education a publié un dossier pédagogique très complet sur le Film, incluant interviews, photographies et documents d'archives.

Sur l'enrôlement africain, retrouvez sur le blog:

 

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

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H
Ce que tu en dis me donne encore plus envie de le voir. J'aurais pu aller le voir au cinéma mais en ce moment, je ne suis pas très ciné, j'espère que ça va revenir.
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C
La photographie a l'air extraordinaire ! Mais pfiouh, le sujet... c'est pesant ^^ Important, mais pesant ^^
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B
Pesant, peut-être parce que la guerre (dans sa généralité) est omniprésente... mais la mémoire de celle de 14 tend à s'effacer et n'est que trop parcellaire encore. J'avoue ne pas le ressentir ainsi, en tout cas pas pour celle-ci (car la mémoire de la 2e, c'est encore autre chose...)
N
Je ne vais plus trop au cinéma, mais je le regarderai quand il passera à la tv !
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va falloir attendre un peu alors ^^ Cela faisait 9 mois que je n'avais pas été au cinéma (pour Les Animaux Fantastiques 3) - mais on devrait attendre un peu moins longtemps car est sortie aussi La Guerre des Lulus :-)