Une histoire corse. Dodo et Glen CHAPRON – 2018 (BD)
Publié le 8 Juillet 2020
Une histoire corse
Scénario de Dodo
Dessin de Glen CHAPRON
Mise en couleurs de Sarah MURAT et Glen CHAPRON
Editions Glénat, mars 2018
136 pages
Thèmes : Famille, quête d’identité, secret, Corse,
Alors qu’elle se trouve en Corse dans sa famille maternelle, Catherine rencontre un homme qui se trouve être son demi-frère.
Au fil des jours et des confidences échangées, c’est tout un pan de l’histoire de sa mère qu’Antoine lui révèle. Ainsi s’expliquent des attitudes et des silences.
Une complicité s’installe et se ressent le besoin de partager, de rattraper toutes ces années perdues.
Peu à peu, l’histoire se décentre et s’agrègent celles sur la famille, ses grands-parents, sur la Corse, teintées de politique, de manipulations, de trafics et de coutumes.
Mieux vaut ne pas trop parler, mieux vaut ne pas trop demander.
Mais les évènements se précipitent, absences et doutes se multiplient, les côtés sombres se dévoilent, les informations confirment, les langues se délient et peu à peu.
Sentiments de trahison et d’esseulement.
Et pourtant, vingt ans plus tard, Catherine reproduira ce schéma de l’omerta.
Attirée par le titre et cette silhouette au doigt levé intimant le silence, mais qui dit tant, j’ai beaucoup aimé cet album.
Une histoire corse nous relate une histoire de famille, de secrets et d’identité.
Une histoire comme tant d’autres, à la fois banale, tragique et pourtant si intime.
L’album passe très vite, trop peut-être.
Les beaux sentiments des retrouvailles se trouvent vite balayés par ceux du questionnement et de l’inquiétude. Qui vont croissants.
L’Île et ses habitants n’échappent pas aux préjugés, certes un peu caricaturaux, que l’on peut se faire d’eux : sauvages et en lutte permanente.
Les personnages de Catherine et de sa cousine Francesca permettent de les contrebalancer heureusement.
Graphiquement, c’est beau, très beau.
Ainsi s’alternent des planches lumineuses aux couleurs marines, végétales et ensoleillées avec d’autres aux crayonnés plus prononcés, plus sombres, en bichromie, pour figurer le passé.
Dans beaucoup, le silence est de mise.
Toujours lui.
Tour à tour dévastateur, apaisant ou protecteur.
Le tout dans des cases sans bords, à la grandeur et aux cadrages variés.
L'ensemble est doux servi dans un bel objet-livre à la couverture épaisse et veloutée. Pour compenser.