14-18 Tome 1 - Le petit soldat (août 1914). Corbeyran et Le Roux – 2014 (BD)

Publié le 1 Novembre 2017

14-18

Tome 1

Le petit soldat (août 1914)

Scénario de Corbeyran

Dessin d'Etienne LE ROUX

Décors de Loïc CHEVALLIER

Couleur de Jérôme BRIZARD

Editions Delcourt, août 2014.

56 pages

Thèmes : Première Guerre mondiale, Histoire, après-guerre, gueules cassées, amitié

Ce tome, premier d’une série de dix, dont le huitième vient juste de paraître (La caverne du Dragon – octobre 2017) m’avait happée dès sa parution.

D’abord pour son sujet, qui m’attire irrémédiablement.

Aussi pour son dessin.

Une couverture magnifique, mais qui porte en elle la fin d’un monde, celui de ces huit hommes, amis, et bientôt frères d’armes.

Et, on se doute que tous ne reviendront pas…

Mis à part Armand, qui avait hérité son rang et son train de vie de ses parents, nous ne possédions pas grand-chose, hormis cet attachement solide et cette affection profonde, les uns envers les autres, que l’on nomme l’amitié.

Eux, ce sont Pierre, Arsène, Jules, Armand, Louis, Maurice, Denis et Jacques.

Le petit soldat du titre n’est aucun d’eux.

C’est un petit soldat de plomb, maladroitement lâché par un enfant durant l’exode de sa famille, alors qu’eux huit, fraîchement soldats, se dirigent, en sens inverse, vers les combats.

Un petit soldat de plomb abimé, au fusil tordu et à la jambe droite coupée, donné, confié à Louis par ce garçon. Il devrait savoir le protéger, puisqu’il est soldat.

Naïveté de l’enfance…

Il y a encore une semaine, en ce beau et chaud 1^er août, ces huit hommes faisaient la fête au village.

Les journaux annonçaient bien de funestes présages mais cela semblait si loin.

Célébration d’une noce, amourettes, verres partagés et cancans étaient de mise.

Puis tout s’est accéléré.

Mobilisation, départ et promesses, paquetage, marche et rencontres.

Les huit se font remarquer par la faute, ou grâce à Louis.

Le sergent les a en rogne.

Injustices, ordres absurdes, inconséquence et embuscade allemande.

Comment se fait-il que les éclaireurs ne nous aient rien signalé ?

Je leur poserai la question lorsqu’ils reviendront, mon Lieutenant ?

Vous voulez dire que nous nous sommes engagés dans ce village sans savoir qu’il était occupé ?

Nous suivions vos ordres à la lettre mon Lieutenant.

Baptême du feu et mauvais augure.

Prise de poste (les galons se gagnent au rythme des morts) et punition.

Solidarité et tensions entre les huit.

Pendant qu’ils marchent, les femmes parlent, se confient et espèrent.

Certes, le scénario n’est pas d’une grande originalité, le sujet est connu et a maintes fois été exploité, mais je ne me lasse pas de ce genre de récit, qui réussit toujours à m’émouvoir.

Découpé en trois parties (après la guerre – juste avant – pendant), le tome s’arrête le 9 août 1914, avec les premiers morts, les premières révélations.

Le prologue est accrocheur puisqu’il nous dévoile l’un des huit, après-guerre, en 1919, blessé et hanté par une phrase…

S’il n’y avait que cela…

Cela nous rend forcément très proches de ces hommes, avec qui l’on chemine, l’on combat, l’on ressent les émotions, les injustices.

Ce premier tome pose les personnages, nous révèle leurs amitiés ou dissensions, nous immerge dans l’époque et le contexte. Et nous montre que l'armée française sait être aussi menaçante que celle de l'ennemi.

Les dessins et les couleurs sont superbes, bien que certaines expressions faciales et le sang pourraient gagner en précisions, mais c’est du détail.

Une série, à hauteur d'hommes, qui semble donc prendre le temps de disséquer les événements et les sentiments, et dont j’ai hâte de poursuivre la lecture !

Découvrez l’avis de Natiora sur cet album, qui le présente aussi ce jour ; le billet vidéo de Nota-Bonus sur YouTube (de Nota Bene)

Il participe au RDV BD de la semaine qui se passe aujourd’hui chez Moka (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ainsi qu’à mon Challenge consacré à la Première Guerre mondiale.