Alma n’est pas encore là… Stéphane AUDEGUY et Laurent MOREAU
Publié le 23 Avril 2016
Alma n’est pas encore là…
Texte de Stéphane AUDEGUY et illustrations de Laurent MOREAU
Éditions Gallimard Jeunesse, septembre 2012
Dès 6 ans
Notions abordées : grossesse, développement du bébé in utero, naissance, famille.
J’ai toujours pensé, avant mes trois grossesses et davantage ensuite, que l’enfant dans le ventre de sa mère est conscient de son âme et de sa présence dans sa (future) famille bien avant sa naissance, bien qu’il n’ait pas fait le choix d’arriver précisément dans celle-ci.
C’est ainsi que j’ai « rencontré » cet album, tout à fait atypique, qui se propose d’expliquer « de l’intérieur » la grossesse et le développement physique et cognitif du bébé in utero.
Au commencement, Alma n’était pas du tout là : juste un tout petit point dans le ventre de sa mère Jamie. Un grain de poussière qui danse dans la lumière : voilà à quoi ressemblait Alma.
Elle ne savait même pas qu’elle existait déjà.
Comment elle est arrivée là, l’album ne le dit pas.
Mais il nous propose de vivre les neuf mois qui vont jalonner la croissance et l’éveil d’Alma avec beaucoup de poésie, de tendresse et d’humour.
Nous savons juste que sa maman est Jamie, son papa Olivier et qu’ils vivent à New-York.
Dans son bocal confortable et chaud à la paroi rouge, Alma, d’abord petit amas de cellules, s’en va grossissant, prendre plusieurs formes (comme un poisson ; haute comme une gomme, mais ça c’est tout à fait normal, tous les enfants à un moment sont grands comme des gommes ; longue comme un pain au chocolat), peser autant qu’un hamster, s’agiter en tout sens…
A cinq mois, Alma atteignit le poids d’une plaquette de beurre, mais elle faisait deux fois plus en longueur. Il n’y avait désormais, dans tout l’univers, pas d’objet plus compliqué que le cerveau d’Alma, à part un autre cerveau, celui de Jamie, d’Olivier, le vôtre ou le mien. Assez compliqué pour quoi ? Eh bien pour penser, et Alma pensa, mais on ne sut jamais quoi.
Peu à peu, elle commence à rêver, ressentir, à distinguer, à goûter, à entendre et surtout la voix, le cœur ou les gargouillis du ventre de Jamie.
Puis les sons plus forts et extérieurs, la voix de son père qui lui lit des poèmes de Charles Baudelaire ou de Guillaume Apollinaire, les rugissements du lion ou les sirènes des ambulances…
Alma comprend ainsi qu’elle n’est pas seule, elle ressent l’amour, elle réfléchit puis devient curieuse…
Tout au bout du neuvième mois, Alma décida qu’il était temps pour elle de quitter son bocal. Pour mieux y réfléchir, elle se plaça la tête en bas. Il y avait par là de la lumière : Alma passa la tête.
C’est ainsi qu’Alma naît, accueillie par son prénom, que son père et sa mère répètent et qu'elle découvre à sa naissance. (Personnellement, je crois que l'enfant sait son prénom bien avant, d'où l'importance de le choisir, si possible, tôt). Une vie qui s’achève pour une autre, intimement et inconsciemment liées dans un avenir à peine prononcé.
Beaucoup de tendresse se dégage de cet album aux réflexions à la fois détaillées et rigolotes : elle gigota longtemps de joie en découvrant les framboises, et puis le chocolat au lait et qui imagent la vie utérine pour que l’enfant lecteur la perçoive comme une aventure, se la représente et se l’approprie.
Les illustrations très colorées et oniriques de Laurent Moreau suggèrent un environnement aquatique, presque marin.
Elles se déploient sur une couverture en relief et de grands rabats, imageant le monde extérieur et futur d’Alma.
Cet album fait écho à un livre que ma mère m’a offert lors de ma première grossesse et lu ensuite aux suivantes : Les neuf marches. Histoire de naître et de renaître de Daniel Meurois et Anne Givaudan, édité chez Sois en 2003.
Ce livre suit le processus d’incarnation d’un enfant à naître pendant les neuf mois que dure la grossesse, par une âme, consciente de son passé mais qu’il lui faut « oublier ». Le développement physique et sensoriel du bébé est aussi abordé. Ce livre est également empreint d’une spiritualité, mais c’est un aspect sur lequel je ne me suis pas attardée.
Pour la petite histoire, Stéphane Audeguy était mon professeur de lettres au lycée, me rendant davantage curieuse quant à cet album. Il est l’auteur de plusieurs romans et essais, dont certains se trouvent dans ma PAL.
Ce titre participe au Challenge « Je Lis Aussi des Albums 2016 » de Sophie Hérisson et au “Petit Bac 2016” d’Enna pour ma quatrième ligne, catégorie Ponctuation.
42/100
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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