La maison aux 36 clés. Nadine DEBERTOLIS et Antonin FAURE – 2020 (Dès 10 ans)
Publié le 11 Décembre 2020
La maison aux 36 clés
Texte de Nadine DEBERTOLIS
Illustrations d'Antonin FAURE
Editions Magnard Jeunesse, octobre 2020
224 pages
Dès 10 ans
Thèmes : Famille, secrets, Histoire, Mémoire, Transmission
Le père de Dimitri et Tessa étant encore en déplacement professionnel pour les vacances, les voilà contraints de partir avec leur mère, à Chanteloube, dans la maison de leur grand-oncle Eustache décédé un an plus tôt.
Au bout d’une longue allée, la maison se dresse, immense.
A l’intérieur, de nombreuses pièces dont les portes sont quasi toutes fermées à clé.
Le trousseau est énorme, mais surprise, toutes les clés qui s'y trouvent n'ouvrent pas forcément les portes. D’autres clés sont donc cachées en différents endroits de la maison, et il leur faut les trouver et les associer à la bonne porte, pour espérer découvrir la pièce qu’elles ferment et leur contenu.
Il leur faut agir avec méthode ! C’est pourquoi Dimitri, qui est notre narrateur, note tout scrupuleusement dans son journal, et dessine même les plans des différents étages pour pouvoir se repérer et se souvenir de tout.
Dans leur chasse aux clés, ils sont aidés par Daphné, une ado de leur âge qui vit là. Secrète et renfermée, elle leur apporte quelques réponses quant à la réputation de la maison et de son ancien propriétaire, mais aussi son lot de questions.
Pourquoi semble-t-elle souvent triste ?
Que cache-t-elle ?
A-t-elle un intérêt à lever le mystère qui entoure cette demeure ?
Pendant qu’ils trouvent des clés, ouvrent des portes, résolvent des énigmes, dénichent des photos, établissent des hypothèses, découvrent un mystérieux liquide et des machines… étonnantes, pénètrent dans des chambres, beaucoup de chambres même, dans un musée ou dans une salle dédiée aux jeux, Madeleine, leur mère, s'attelle au ménage, au débarrassage de la bâtisse et à l’entretien du jardin.
Elle semble savoir des choses, refuse de répondre à leurs questions prétextant de douloureux souvenirs, que le moment n'est pas le bon, etc. Elle suit pourtant leur enquête de loin, visiblement affectée.
Ce qui aiguise davantage leur curiosité, bien sûr !
-Je ne sais pas trop comment vous raconter ça, a répondu ma mère, visiblement gênée. Je n’aime pas l’image que ça donne d’oncle Eustache. C’est sans importance…
J’ai adoré ce roman !
Présenté par l’éditeur comme un escape-game littéraire, nous allons de mystères en rebondissements, d’énigmes en révélations. Chaque porte qui s’ouvre apporte son lot de questionnements et l’on se prend vite au jeu. C’est grisant.
Les beaux dessins en noir et blanc d’Antonin Faure contribuent à cette immersion. Chaque chapitre s’orne d’une en-tête attractive qui cache des clés, parfois des serrures, des éléments de l’intrigue… J’adore. Tout comme cette superbe couverture !
On dit qu’on a besoin de manger, de travailler, de dormir pour vivre, mais on oublie le principal. Pour que la vie ait un sens, on a besoin d’être heureux !
Dans son roman, Nadine Debertolis aborde des thèmes riches et variés, et qui me sont chers : la famille avec ses secrets (d’hier et d’aujourd’hui) et ses transmissions, l’impact de l’Histoire sur elle(s), la Mémoire, la fratrie et l’amitié, la culpabilité et l’entraide.
Ils sont particulièrement bien mis en valeur par ses personnages principaux : Dimitri et Tessa.
Dimitri est du genre lunaire et très observateur. Il a besoin de temps et de réflexion avant d’agir, ce qui permet à Tessa de l’affubler de différents surnoms jeux de mots tels « Dimitrouille », « Dimitrain-de-retard »… Tessa est son inverse. Elle est impulsive, bavarde et directe. Elle dit les choses comme elle les pense et ressent, qu’importe leur impact.
Ils se complètent donc à merveille. Leur tandem nous offre plusieurs moments rigolos, de petites remarques aux réflexions intérieures de Dimitri. C’est la combinaison de leurs deux caractères qui leur permet d’assembler les pièces du puzzle. Puzzle dont on devine peu à peu, mais avec beaucoup de pudeur, la teneur.
Il ne faut pas enlever un bout de leur mémoire meurtrie, mais au contraire leur rendre celle que ce bout cachait : la mémoire de la joie.
La maison aux 36 clés est un roman jeunesse aussi trépidant qu’émouvant, une aventure familiale humaine qui regorge de mots polysémiques et d’émotions variées.
Un grand coup de cœur !
Merci aux Editions Magnard Jeunesse
Ce roman participe au « Petit Bac 2020 » d’Enna, pour ma 14e ligne, catégorie Lieu.
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Belles lectures et découvertes !
Blandine.
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