Le goût de la papaye. Elisa Macellari – 2019 (BD)
Publié le 1 Mai 2019
Le goût de la papaye
Odyssée d’un Thaïlandais dans une Europe en guerre
Elisa MACELLARI
Traduit de l’italien par Marie GIUDICELLI
Editions Steinkis, avril 2019
230 pages
Thèmes : Thaïlande, Voyage, Deuxième Guerre Mondiale, Guerre du Pacifique, Transmission, quête identitaire
Dans son premier roman graphique, Elisa Macellari, illustratrice italo-thaïlandaise, nous livre l’histoire de son grand-oncle Sompong, surnommé Sompy.
Le goût de la papaye, c’est une histoire de transmission.
Tout au long des pages qui voient la recette se créer, nous découvrons ce qu’a vécu le vieil homme, alors jeune, entre 1923 et 1945.
Elisa le rencontre elle-même enfant au début du livre lorsqu’au cours du repas ils goûtent cette salade et évoquent les souvenirs.
Puis, elle va, à la fin, avec lui, déposer une nouvelle salade sur l’autel des ancêtres.
Ainsi Sompong raconte son enfance en Thaïlande, sa mère, une femme au foyer au caractère ferme et indépendant, ses frères plus jeunes, son père shérif, et les espoirs que ce dernier place en lui.
Il veut qu’il soit docteur.
Mais Sompong rêve d’autres choses et d’ailleurs.
Il aime les langues, il veut voyager, et l’armée semble être à même de réaliser ses souhaits.
Aussi s’engage-t-il et, en 1939, gagne une bourse lui permettant de poursuivre ses études militaires à Berlin.
Mais l’Europe s’embrase, la guerre éclate et Sompong est affecté en Italie.
Il semblait bien qu’un certain Adolf Hitler était en train de bouleverser mes projets.
Singapour, Erythrée, Venise, Rome, discours de Mussolini en juin 1940, entrée en guerre de l’Italie, puis nouvelle affectation à Berlin, à présent sous les bombes, pour aider ses compatriotes à quitter le pays.
Puis Vienne et en mai 1945, dans une petite ville autrichienne, il se retrouve enfermé avec d’autres diplomates étrangers.
Mais ses collègues et lui sont pris pour des Japonais par les Américains, alors toujours en guerre contre l’archipel nippon, mai aussi contre la Thaïlande entrée en guerre, contrainte par les Japonais, et ils sont enfermés avec ces derniers dans un hôtel de luxe où ils jouent au bridge, avant d’être embarqués au Havre à bord d’un paquebot, direction les Etats-Unis.
Six ans et six mois après être parti, Sompong est de retour de Bangkok.
Accompagné de Nonglak, dite Lek, fille de l’Ambassadeur en Italie, celle qui deviendrait son épouse.
Ce n’était pas que la nostalgie, qu’un passé auquel je me raccrochais au milieu des remous de l’existence.
Ces souvenirs apaisaient mes blessures.
En fait, ils faisaient partie de moi, ils étaient même les fondations sur lesquels, je m’étais construit.
Le goût de la papaye est particulier.
L’histoire de Sompong est ballotée par celles que se font les Hommes.
Guerres, conflits passés et présent, contes, espoirs, famille et amour.
Elles mettent à l’épreuve ses choix, affirment son caractère, doux et résolument confiant.
Nombreuses sont les planches sans paroles ou presque.
Cela adoucit le propos mais instaure une distance et lisse ses épreuves.
J’ai aimé découvrir le destin d’un homme, comment un pays peut être impacté par une guerre qui se déroule à l’autre bout du monde, comment cet homme a été accueilli ou a subi ce conflit, mais je trouve que cela va « trop » vite.
Merci aux Editions Steinkis
Ce manga participe au RDV BD de la semaine, aujourd’hui chez Stéphie (CLIC); au « Mois italien » de Martine ; et au « Petit Bac 2019 » d’Enna, pour ma 5e ligne, catégorie Végétal.
Belles lectures et découvertes,
Blandine