Conte : Le Joueur de Flûte d’Hamelin. Deux albums dès 4 ans
Publié le 15 Décembre 2018
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu ce conte alors qu’il était le préféré de ma fille petite.
Moi-même, je l’aimais beaucoup enfant.
Le Joueur de Flûte de Hamelin
Texte et illustrations de Samivel
Editions Flammarion Jeunesse - Père Castor, réédition en 2008
Le Joueur de flûte de Hamelin
Les Frères Grimm
Adaptation par Anne ROYER
Illustrations par Claire LE GRAND
Editions Lito, août 2013
Thèmes: Légendes, conte, Avarice, Histoire
An 1283, veille de Noël, ville d’Hamelin en Saxe (Allemagne aujourd’hui).
Une chose incroyable et impensable arriva.
Des rats envahirent la ville et les maisons, mangeant, dévorant les victuailles et plats préparés avec soin, semant la panique, effrayant, mordant les habitants, petits comme grands.
Deux jours durant, la population tenta de faire face mais cela était impossible et le bourgmestre fit passer une annonce pour récompenser quiconque pourrait les débarrasser des rongeurs envahisseurs.
Un homme maigre aux cheveux d'un noir de jais, tout de vert vêtu (ou seulement le bonnet), se présenta, discuta les termes du contrat, puis joua un air affreux sur une flûte banale et aussitôt les rats convergèrent vers lui avant de se jeter dans le fleuve glacé et de s’y noyer.
Mais au moment de recevoir son dû (cinquante florins d’or / mille pièces d’or), le bourgmestre ne lui donna pas la somme attendue, prétextant la facilité de son ouvrage.
Sans un mot, l'homme s'en alla.
La population fut à la fête. Mais pas longtemps...
L’homme revint, tout de rouge vêtu (ou seulement le bonnet), et de sa flûte sortit un air mélodieux qui envoûta les enfants qui le suivirent docilement.
Ils quittèrent le village et se dirigèrent vers la montagne voisine dans laquelle ils disparurent.
Aujourd’hui encore, lorsque le vent souffle fort, on dit que l’on peut entendre résonner des chants et des rires d’enfants.
*****
Les deux histoires relatées dans ces albums sont similaires et ont la même fin : les enfants disparaissent dans la montagne.
Toutes deux se passent la veille de Noël.
Toutes deux notent la couleur des vêtements, ou seulement du couvre-chef, de l’homme.
(Album de Samivel)
Dans la version qui m’était contée, enfant, le Joueur de Flûte guidait les enfants jusqu’au fleuve et ils subissaient le même sort que les rats.
Dans ces deux albums, il y a aussi quelques différences, anecdotiques ou qui peuvent expliquer bien des conséquences…
Dans le Père Castor, le fleuve traverse la ville, alors que dans le Lito, il est en-dehors.
Dans le Père Castor, le texte est dense, le vocabulaire complexe, peu ou plus utilisé. Et bien distinct des illustrations d’inspiration moyenâgeuse et aux couleurs « grainées ».
(Album de Samivel)
Dans le Lito, le texte est plus aéré, plus contemporain (mais aussi au passé simple), tout comme ses illustrations, aux couleurs vives, au trait plus doux et rond, et qui occupent une bonne partie de la page.
Dans l’album Lito, la différence entre la ville d’Hamelin et la campagne environnante est bien plus marquée. Il y a d’un côté les pauvres paysans et de l’autre, les riches et opulents citadins, dont le fumet de leurs tables flotte loin autour d’eux. De là à voir une punition de leurs agissements, il n’y a qu’un pas.
Ces deux albums se complètent bien et donnent envie d’en savoir plus.
Ce conte, inspiré d’une légende, puise ses racines dans une histoire réelle qui s’est déroulée le 26 juin 1284 et qui vit disparaître cent trente enfants d’un coup. Donc pas du tout à la Noël et sous la neige.
Il n’en existe plus de traces écrites un vitrail réalisé vers 1300 en aurait attesté la véracité, détruit puis recréé bien après.
Cependant, si les rats et la disparition des enfants sont aujourd’hui liés, ce n’était pas le cas dans les premières versions. Les rats ne sont apparus dans le récit qu’à la fin du XVIe siècle et auraient servi de base aux Frères Grimm pour leur conte titré L’Attrapeur de rats de Hamelin.
Mais comment expliquer cette disparition subite et soudaine de tant d’enfants ?
Plusieurs hypothèses demeurent (CLIC), avec entre autres :
- Les enfants furent victimes d’un accident : noyés ou ensevelis.
- Les enfants, malades (forme de Peste), auraient été emmenés hors de la ville pour éviter une épidémie. Le Joueur de Flûte serait une personnification de la Mort.
- Les enfants auraient suivi un recruteur (le Joueur de flûte) en pèlerinage, pour prendre part à une campagne militaire ou pour constituer une (nouvelle) Croisade des enfants (CLIC). Ce fait, avéré, est raconté par Chloé Cruchaudet dans sa BD "La croisade des Innocents" (pas lue encore mais qui me tente bien ! Elle a été chroniquée par Stéphie, Noukette, Jérôme et Moka notamment)
- Le Joueur de Flûte serait un chef qui aurait emmené les enfants pour créer une nouvelle ville au moment de la colonisation de l’Europe orientale. De nombreux Allemands partirent en effet à cette époque pour y fonder de nouvelles villes. La ville de Hamelin aurait été surpeuplée. Cette hypothèse semblerait être la plus vraisemblable.
Un conte, un mystère historique, qui me donnent envie de le lire et relire, quelque soit la forme. Et de me souvenir pourquoi je l'aimais tant!
J’ai lu le roman graphique de Jay Asher et Jessica Freeburg – Le Joueur de flûte de Hamelin - qui offre (encore) une autre version (romanesque mais aussi critique de la société d'alorsn et surtout de ses édiles) et dont j’aimerais bien vite vous parler.
Ces deux albums participent au Challenge de Sophie Hérisson « Je lis aussi des albums 2018 » (78 et 79), au « Christmas Time 2018 » de Mya ; à celui de Bidib autour des Contes et des Légendes ; à mon « Challenge des RE 2018 » (9/9) ; et au « Petit Bac 2018 » d’Enna, pour ma 14e ligne, catégorie Lieu.