MA Guerre. De La Rochelle à Dachau. G.P. GAUTIER et T. OGER – 2017 (BD)

Publié le 8 Mai 2024

MA Guerre
De La Rochelle à Dachau

Scénario de Guy-Pierre GAUTIER et Tiburce OGER
Dessin de Tiburce Oger

Rue de Sèvres, février 2017
82 pages

Thèmes : Deuxième Guerre Mondiale, Résistance, Mémoire, Histoire, Transmission

En ce 8 mai 2015, sous une pluie battante, il y a foule à La Roche-sur-Yon pour la cérémonie d’hommages et de reconnaissance sur la Place du Monument aux Morts.
« Lui, il n’a pas voulu garder son chapeau. Une Légion d’Honneur, ça se reçoit tête nue. » Alors, du haut de ses 91 ans, il attend… et se souvient.

Guy-Pierre Gautier revoit l’arrivée des Allemands à La Rochelle en juin 1940 et son enrôlement dans la Résistance en 1941 par l’intermédiaire de son Club d’athlétisme puis de son travail à l’usine d’aviation de la Sama.
Franc-tireur, détachement Liberté, pseudo Henri Martial, matricule FTPF 501
Leur action : distribution de tracts, renseignements, actes de sabotage
Entre Paris et La Rochelle
Jusqu’à l’arrestation le 22 octobre 1943.

Tout le monde parle.
Qui ne parlerait pas quand la douleur est insupportable ?

Et la douleur, la Gestapo savait l’infliger.

En juin 1944, au départ de Compiègne, et dans un train à bestiaux, il fut envoyé avec des centaines d’autres à Dachau.
Chaque jour est une survie, entre les kapos, les appels, la faim, les poux, le froid, le travail, les exécutions, les expériences médicales, les humiliations…

On avait nos misères.
Mais parfois un rien nous raccrochait à la vie.

Les descriptions de ce qu’ils subissent continuellement sont éprouvantes.
Heureusement, l’entraide est constante et leur permet de tenir.

Puis la nervosité des SS à l’approche des Russes qui finirent par libérer le Camp, le typhus qui les décime, l’envie de retourner en France, à Paris.

Ça, c’est ce qui m’a le plus bouleversé à mon retour à la vie !
Nous avions la culpabilité d’être revenus…

MA Guerre. De La Rochelle à Dachau. G.P. GAUTIER et T. OGER – 2017 (BD)

J’aime énormément la ville de La Rochelle, et c’est sa mention sur la couverture qui m’a attirée vers cet album, dont la couverture est saisissante.
Bien que l’on ne voie que très peu cette ville, j’ai surtout appris sur le Camp de Dachau, où les détenus étaient essentiellement des opposants politiques.

Guy-Pierre Gautier est le grand-père maternel de Tiburce Oger, qui restitue et immortalise son témoignage.
J’aime le titre « MA Guerre », car au milieu de toutes ces tragiques trajectoires de vies impactées par la Guerre et la déportation qui finissent par anonymiser, ce « MA » personnalise et ajoute en émotions. Il permet une double reconnaissance et la libération de la parole jusque-là fermée.

Le début de l’album m’a semblé confus, alternant les différentes temporalités, entre 2015, son enfance, ses premiers pas dans la Résistance et Dachau, avant que la chronologie se stabilise.
Le dessin nous transporte totalement auprès de Guy-Pierre et de ses camarades d’infortune, mais j’ai eu du mal à l’identifier sur plusieurs cases tout du long. Évidemment, les « pyjamas rayés » comme la tonte « hitlerstrasse » ne facilitent pas l’identification.

Cet album est éminemment sensible et sensoriel, intime et essentiel, terrible sur la dualité de la nature humaine.