C'est lundi, que lisez-vous? #442

Publié le 25 Septembre 2023

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

ROMAN ADO

Pallas - Tome 1 - Dans le ventre de Troie. Marine CARTERON. Rouergue Jeunesse, avril 2023

Avec ce premier tome, l'autrice nous invite à découvrir les causes qui ont mené à la Guerre de Troie, du point de vue des femmes et Déesses. Du complot d'Athéna, Héra et Poséidon contre Zeus, leur punition à eux trois, et dans la ville de Troie, nous faisons connaissance avec Hésione, fille du roi et dont la mère (Strymo), recluse dans le Temple d'Athéna, espère sincèrement que sa fille lui succèdera pour protéger le Palladion, la statue de Pallas, l'amie et "sœur" d'Athéna, prisonnière dans un corps de bois pour ne pas mourir.

Je ne suis pas une grande férue de mythologie, aussi je découvre beaucoup avec ce texte. Marine Carteron liste ses sources dans une annexe, et c'est vraiment intéressant, et même si elle indique avoir écrit à l'aune de sa génération, il n'en reste pas moins que tout - ou presque - a une origine dans les Textes Antiques. Après c'est une question de perspective, ou de flou, et très peu d'arrangement narratif. Bien que ce soit vraiment très bien écrit et très descriptif, il m'a fallu un petit temps pour entrer dans le récit, avant d'être happée puis d'avoir hâte d'en finir. Complots, trahisons, serments, alliances rythment ce roman dense qui a fait l'objet d'une Lecture Commune à l'Ombre du Grand Arbre et qui est à découvrir ICI

ROMAN

Un monde plus sale que moi. Capucine DELATTRE. La Ville Brûle, 25 août 2023

Elsa a 17 ans quand on la rencontre, une jeune fille avec des envies, des idéaux, un peu de maladresse et de candeur aussi. Elle a dix-sept ans, envie d'aimer et d'être aimée. Et quand elle rencontre Victor, 20 ans, par le biais de leurs parents, le pourquoi pas devient oui. Dès lors, nous suivons leur relation, du premier baiser à la première fois, aux premières fois, à la douleur des rapports à la douleur des mots, ce qui compose et défait leur relation, son amour ou ce qu'elle prend comme tel pour lui et ses mots et attitudes à lui envers elle. Jusqu'à la rupture. Jusqu'aux interrogations sur leur couple, leur fonctionnement, le dénigrement, la relation ave la mère, les autres garçons, les amitiés... Le tout mis à l'aune de la société dans laquelle Elsa a grandi, s'est construite, évolue avec, contre ou malgré. Cette société du #metoo qui apprend à repérer, dénoncer, échapper aux comportements déviants, aux emprises héritées, entretenues, générationnelles, inconscientes et acquises, mais qui ne dit pas comment accepter, comment être puisque tout est à l'analyse. Elsa revient sur sa relation, sur ses douleurs, physiques, psychologiques, sur la difficulté de parler, de verbaliser, d'être écoutée pour ce qu'elle dit ou ne dit pas, pour ce qu'elle dit sur le moment et des mois/années après. Il y a eu #metoo et la société a semblé s'en contenter. Pourtant, si #metoo a permis une libération de la parole, la dénonciation et le changement, il a aussi enfermé les jeunes filles et femmes dans un nouveau comportement à avoir, féministe engagé et militant, comme si la revendication, la libération de la parole était une fin en soi, tout en étant réduite qu'à ça.

"Être violée, c'est avoir échoué à ne pas l'être."

A partir de l'histoire, à la fois intime, unique, banale d'Elsa, née en 2000, Capucine Delattre retrace l'histoire des comportements de couple, pas forcément amoureux, de la rencontre à la séparation, à l'après. Elle dénonce, dégomme des stéréotypes, apporte de nouvelles définitions, retrace des combats qui semblent acquis alors même que les comportements changent, et donc l'emprise avec. Je n'ai pas toujours été d'accord avec ce qu'elle avançait, prônait, me demandant si elle n'était pas dans une forme d'exagération, jusqu'à une question de la narratrice : "Tu penses à quoi, quand tu penses à viol?" Parce que là aussi notre représentation est préformée, générationnelle, transmise. Capucine Delattre démontre bien les différences entre le silence, le consentement et l'acceptation, change les perspectives pour ne pas faire de la fille l'éternelle coupable, bien que les garçons et hommes soient souvent objets de vindictes et charges. Il est intéressant de noter le comportement et la décision de Victor quelques années après, parce que parler n'aide pas que les filles.

Au fil de ma lecture, j'ai pensé à moi, de quand j'étais ado à aujourd'hui, à ma fille, à ma relation avec elle, à ce que l'on cache, tait, dit. C'est un roman sans pathos, presque froid malgré le sujet, qui décortique et remet en perspective, qui ne se destine pas qu'aux jeunes filles et femmes, mais aussi aux mères, et qui demande à être lu et relu.

Cette lecture fait écho aux propos de Neige Sinno dans la Grande Librairie du 20 septembre pour son roman "Triste Tigre" (Dans ma PAL) dans laquelle l'autrice revendique que l'on peut avancer avec une blessure ouverte, que c'est aussi une option parce qu'on a pas forcément envie d'être sauvée, que l'idée de la libération par la parole est un cliché à laquelle "on" s'accroche alors que ça emprisonne celle qui parle. Ces idées, nouvelles, qui bousculent, sont communes aux deux romans.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

Les larmes de l'assassin. Anne-Laure BONDOUX. Bayard Jeunesse, 2033

Présentation de l'éditeur:

Au sud du Chili Angel Allegria, un assassin en cavale, a pitié de Paolo Poloverdo, garçon dont il vient de tuer les parents. Il l'élève comme son fils et peu à peu expérimente des sentiments nouveaux pour lui : l'amour, la souffrance morale, le remords. Prix Sorcières 2004 catégorie romans adolescents.

Mon fils de 14 ans doit lire ce roman pour le collège, je lui ai donc proposé de l'accompagner pour sa lecture, et cela me permet de sortir enfin ce roman de ma PAL himalayenne! Je le commence ce jour.

3/ Que vais-je lire ensuite?

Trois âmes sœurs. Martina CLAVADETSCHER. Éditions Zoe, août 2023

Présentation de l'éditeur

Iris dans la prison dorée de son penthouse new-yorkais; Ling en Chine, ouvrière d'une usine de poupées à taille humaine; Ada Lovelace, fille de Lord Byron et mathématicienne de génie bien à l'étroit dans l'Angleterre victorienne: elles vivent à des époques et dans des lieux différents, mais toutes trois sont unies par un lien mystérieux, une quête commune qui les font braver l'ordre établi.

Roman gigogne, Trois âmes sœurs brouille les frontières entre l'humain et la machine, bouleverse nos a priori sur l'intelligence artificielle. Pour acclamer le pouvoir de l'imagination et activer la mécanique de la désobéissance.

Pour finir, je vous mets les liens des articles parus la semaine passée et vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!

Blandine

 

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Rédigé par Blandine

Publié dans #C'est lundi que lisez-vous?

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C
J'ai lu "la sorcière et le commissaire" ! et débuté le miroir du lac
Répondre
Merci pour ton passage ici, très bonne lecture à toi!