PABLO - Tome 4 - Picasso. Julie BIRMANT et Clément OUBRERIE – 2014 (BD)

Publié le 2 Août 2017

PABLO

Tome 4

Picasso

 

Scénario de Julie BIRMANT

Dessins de Clément OUBRERIE

Couleur de Sandra DESMAZIERES

Éditions Dargaud, mars 2014

86 pages.

 

Thèmes abordés : Jeunesse de Pablo Picasso, Paris, Espagne, années 1900, amitiés, art.

 

Ce tome est le dernier de la série qui nous a dévoilé la jeunesse et les débuts de Pablo Picasso à Paris. Contés par les yeux et la voix de Fernande Olivier, qui fut sa muse et sa compagne durant 5 ans, de 1904 à 1909, chaque tome met en valeur l’une des rencontres essentielles de l’artiste dans son parcours.

 

Dans le tome 1, nous suivons les chemins de Fernande, née Amélie Lang, et de Pablo jusqu’à ce qu’ils se croisent à Montmartre, au Bateau Lavoir, et qu’il lui offre un chaton un soir de pluie pour la séduire. En parallèle, ils font la rencontre de Max Jacob, poète et ami de la première heure.

 

 

Dans le tome 2, Picasso fait la rencontre de Guillaume Apollinaire avec lequel il se lie d’amitié.

Les deux amoureux se séparent tant Pablo est jaloux, que ce soit en amour ou pour l’Art car Fernande se montre douée, puis ils se retrouvent.

La peinture de Pablo se cherche, trouve parfois preneur, fascine Gertrude Stein.

Il réalise de nombreux portraits de sa belle.

 

 

Le tome 3 se veut plus intime. Il nous dévoile des pans du passé de Pablo (qui cherche à fuir la Mort sous toutes ses formes) et la volonté d’amour et de famille de Fernande. Elle fait une fausse couche, et si la scène est décrite avec légèreté « comme si de rien n’était », elle a affecté en profondeur Fernande, que Pablo représente de moins en moins. Ce dernier veut se différencier de la peinture académique, découvre l’art africain et trouve en Matisse, ce « Cher Maître », un rival à sa mesure, mais qui le dépasse.

 

Ce quatrième tome débute en mai 1907 et voit le lent délitement de leur amour.

Fernande voit en une orpheline, Raymonde, la possibilité de fonder sa famille, mais quand elle découvre que Pablo représente l’enfant (alors qu’elle plus du tout), elle la ramène à l’orphelinat. Mettant ainsi un terme, provisoire, à leur relation.

Pour ne plus avoir peur de l’ennemi : sculptons notre pire cauchemar.

Voilà la solution : l’exorcisme !

Fabriquer une arme contre Fernande et alors je ne marcherai plus à son charme. Désenvoûté !

Et c’est ainsi qu’il transforme une gigantesque toile d’un « Bordel » (de Barcelone) en une représentation de Fernande démultipliée, acérée, aux formes géométriques, rebaptisé « Les Demoiselles d’Avignon ».

Un tableau qui effrayera et fascinera.

Picasso est trop en avance sur son temps.
Mais est-ce qu’il est fou ?

Pire que ça : il a raison !

Puisqu’il cherche la vérité.

Alors que je me bride, lui se jette au galop vers l’aventure.
J’ai mis du temps à le comprendre.

Je suis trop poli !

Ingres… Raphaël… La trâââdition.
Picasso la renverse sans hésiter.

Plus de sujet, plus de ressemblance, mais des rapports de force… J’envie son courage.

Sauf qu’il est seul, SEUL comme un rat, n’est-ce pas ?

Alors Fernande veut le retrouver, le reconquérir, son idéal d’amour chevillé au corps.

Elle cherche à lui faire quitter la ville mais Paris les rattrape.

 

Aux côtés des anciens amis, de nouveaux apparaissent, Braque notamment, avec qui il se lance dans le cubisme.

Guillaume Apollinaire s’est entiché de Marie Laurencin, elle-même peintre.

 

Au Salon des Indépendants de mars 1908 où Picasso refuse (toujours) d’exposer, tous ne parlent que de lui.

Et lui veut quitter le Bateau-lavoir…

Sa notoriété ira croissante, son embourgeoisement, ses conquêtes aussi pour devenir l'Artiste que nous connaissons tous aujourd'hui...

 

La fin de ce tome ne les sépare pas clairement mais on sent que leur relation ne tient plus qu’à un fil.

Elle dira des années plus tard après l’avoir quitté :

Un seul être m’a aimée, que j’ai fini par aimer au plus profond de moi-même, ce qui ne l’a pas empêchée plus tard, car je fus souvent cruelle avec lui, de le quitter brutalement, en me déchirant moi-même, le jour où je constatais qu’il m’aimait moins.

Source – CLIC

 

Max Jacob guide une Fernande Olivier dans les méandres d’une mémoire oubliée, prophétisant la vie et la renommée de Picasso allant grandissant, pendant que dans le même temps, en inversé, celle de Fernande s’en va vers l’anonymat…

 

 

A mon sens, cette série, en donnant sa voix à Fernande, est un plaidoyer pour lui redonner toute la place qu’elle mérite dans le succès de Picasso, dans la confiance qu’elle a su lui insuffler et la découverte de son Art.

L’album ne dit qu’en substance l’abandon et la non reconnaissance de Picasso envers son ancienne muse.

Elle a été la première, elle ne sera pas la dernière. Une femme chassant l’autre, il reproduira ses agissements avec Dora Maar (liaison entre 1935 et 1944). (CLIC pour découvrir un roman-fiction présenté sur le blog).

Bien que cet aspect privé n’enlève rien à son Art, cela entache sa gloire. En tout cas, pour moi.

 

Bien que le dessin m’ait tout d’abord déplu, je savais que le sujet de cette série me ferait passer outre. Il retranscrit à merveille cette époque de dénuement, de pauvreté, de jalousie, de substances et de foisonnement intellectuel et artistique, dans ce quartier devenu emblématique.

Cette série a su me happer, me plonger dans cette époque, me donner envie d'aller sur les pas de ces artistes, de ces personnes oubliées...

 

Le Lapin Agile - Cabaret où le couple se rendait souvent avec ses amis. Photo personnelle - Juillet 2017

 

Cet album participe à mon Objectif de lecture du mois de juillet 2017, surtout dédié à l’Espagne, ainsi qu’au “Petit Bac 2017” d’Enna, pour ma quatrième ligne, catégorie Personne Célèbre.

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

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N
Quelle superbe chronique, Blandine, j'ai beaucoup aimé vous lire.<br /> Picasso trouble, inspire et fascine.<br /> Je suis comme vous, le dessin ne me plaît pas forcément (mais il ne me dérange pas non plus) mais le contenu de ces BD est fascinant !!
Répondre
B
Merci beaucoup Nancy <3<br /> Oui tout à fait! In fine, ce fut une très belle découverte, marquante!