Le consentement. Vanessa SPRINGORA - 2020

Publié le 10 Mai 2020

Le consentement

 

Vanessa SPRINGORA

 

Editions Grasset, janvier 2020

216 pages

 

Thèmes : Témoignage, Adolescence, Abus d’autorité, Harcèlement, Peur

 

 

Bien avant qu’il ne paraisse, ce livre a énormément fait parler de lui.

Normal vu son sujet.

Une relation, amoureuse et sexuelle, entre une adolescente et un homme de trente-six ans son aîné, écrivain aux mœurs discutables et décrites ouvertement dans ses livres.

Une relation pensée consentie, acceptée, banalisée.

Impensable serait-on tenté de dire, entre colère et dégout.

Et pourtant.

 

Dans ce témoignage qui a l’allure d’un roman, la fiction en moins hélas, Vanessa revient sur deux années qui ont conditionné une grande partie de sa vie et de son être.

 

V. a treize ans. Elle vit seule avec sa mère, deux fois libérée, qui travaille dans une maison d’éditions.

Et dans l’absence et attente de son père, qui toujours la relègue.

Elle se trouve trop ceci ou pas assez cela, est curieuse, impulsive, fait montre d’un intérêt précoce pour la sexualité, et se voit éclore le jour où un écrivain reconnu la happe par son regard.

G. lui écrit, de longues lettres. C’est délicieusement grisant.

 

Elle lui répond, ils se voient, il vient la chercher au collège, ils s’affichent, une relation s’installe, l’emprise aussi.

Elle n’a que treize, quatorze, quinze, seize ans…

Elle est fougue. Elle pense Amour. Elle se pense essentielle, unique.

Mais lui ?

Il sait comment l’amadouer, la tenir, la retenir, se rendre à son souvenir.

Même après, même après qu’elle soit partie, qu’elle se soit enfuie, alors même que de nombreuses années soient passées.

Même après qu’elle ait déconstruit puis reconstruit.

 

Ainsi Vanessa se livre-t-elle, avec pudeur mais sans rien cacher, sans voyeurisme, avec les faits et analyse. Avec une écriture douce et sensible, qui remet en place, en face.

Elle raconte les hauts et les bas, les désirs du corps et la manipulation psychologique, la vulnérabilité et l’inversion des rôles, la responsabilité manquée, l’impunité permise par le statut d’artiste et les revendications de l’époque.

Elle pose ses mots, justes, clairs, dans un récit chronologique et identitaire, au titre polysémique et qui fait, hélas, toujours tant l’actualité.

Qu’est-ce que le consentement ? Vanessa nous en livre une définition.

Et cette question qui a encore fait débat il y a peu : faut-il séparer l’homme de l’artiste ?

Personnellement, je crois que les deux sont intrinsèquement liés et qu’on ne peut totalement les séparer. Mais le passage du temps le fait pour nous et nous oublions.

 

Ce livre est un témoignage, nécessaire, libérateur.

Pour l’autrice surtout.

Il n’est pas vengeance, il est thérapie.

Il n’est malheureusement pas le premier mais il peut être force d’exemple et de courage, pour oser, pour dénoncer lorsqu’il en est encore temps.

Ce qui a changé aujourd’hui, et dont se plaignent, en fustigeant le puritanisme ambiant, des types comme lui et ses défenseurs, c’est qu’après la libération des mœurs, la parole des victimes, elle aussi, soit en train de se libérer.

Voilà pourquoi, il faut lire ce livre et encourager cette prise de parole.

 

 

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

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N
La loi est heureusement passée par là depuis... Il est si facile pour les prédateurs de profiter de l'innocence des jeunes gens !!
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B
Certes... malheureusement quelques faits très récents prouvent qu'il y a encore beaucoup de flou ou d'espace laissé à l'interprétation...
N
J'espère pouvoir le lire un jour, (il y a un temps pour chaque chose ^^), mais il m'attire énormément.<br /> Belle journée Blandine, belles lectures.
Répondre
B
Ce livre témoignage a beaucoup fait parler de lui (mais il a été occulté par le covid, forcément!). Ce qui est à double-tranchant. Je vous souhaite de pouvoir le découvrir... plus tard.<br /> Belle journée à vous Nancy!