La Bibliothécaire d'Auschwitz. Rubio et Aroca - 2022 (BD) + Bulleurs du mercredi
Publié le 28 Mai 2025
/image%2F0776537%2F20250527%2Fob_eccaea_la-biblio-d-auschwitz.jpg)
La Bibliothécaire d'Auschwitz
D'après le roman éponyme de Antonio G. ITURBE
Scénario de Salva RUBIO
Dessin et Couleurs de Loreto AROCA
Editions Rue de Sèvres, août 2022
140 pages
Thèmes: Shoah, Auschwitz, Entraide, Adaptation
Vous pourriez vous dire : "Encore" ! Oui encore un titre sur "... d'Auschwitz", comme si un filon était trouvé et de faire défiler ainsi toutes sortes d'histoires plus ou moins inspirées de vraies. Et pourtant ! Ces histoires sont, à mon sens, essentielles et primordiales. Parce que ce n'est pas parce que ces personnes ont été au même endroit, ou peu ou prou vécu la même chose, que leur histoire est identique. Et plus le temps passe, et plus leur souvenir s'efface et, paradoxalement, plus de détails, de reliefs, de connaissances, émergent.
Raconter ces destins, ces vies (avec certes un titre un peu redondant), permet de les sortir de l'anonymisation dans laquelle cette expérience malheureusement collective les a mis.
La vérité ne peut se résumer aux apparences.
Avez-vous déjà entendu parler d'Edita Adlerova ? D'Alfred Hirsch ? Du Camp BIIb ?
Je ne connaissais que vaguement le troisième, une évocation lue, vue ou entendue quelque part, sans que je m'en rappelle davantage. Mais tous méritent d'être connus, racontés, transmis. De plus, Edita vient de Tchécoslovaquie, un pays à l'histoire aussi riche et tumultueuse que la littérature commence enfin à retranscrire et partager.
Les romans servent à apporter à la vie ce dont elle manque cruellement.
Je n'ai pas lu le roman éponyme dont est issue cette adaptation, mais à la lecture du dossier de fin, il semblerait qu'il y ait eu quelques arrangements, pour fluidifier le récit, faire coïncider scénario et dessins. Si la bande dessinée sur centre surtout sur Edita Adlerova, le roman étoffe davantage les autres personnages, le Camp, l'Après.
Ma première lecture de cet album m'avait laissé un peu dubitative, pas quant à la véracité des faits retranscrits, mais sur leur apparente facilité. Un passage en particulier m'avait heurtée, lorsque Mengele fait embarquer deux jumeaux suite à son inspection, et que tout le block se félicite du danger passé et de leur vie sauvée car Edita a pu cacher les livres (interdits évidemment). Je n'ai pu que penser aux deux garçons et à leur mère éplorée. Ce passage dit aussi implicitement un intérêt particulier de Mengele, que ceux qui le connaissent ne manqueront pas de relever. Il y en a d'autres. Et j'aime cette lecture à plusieurs niveaux. Ma deuxième lecture m'a permis d'en relever plusieurs autres, d'aller plus loin dans le récit et l'histoire qui nous est d'abord restituée. Il faut dire aussi que je suis très sensible au travail de Salva Rubio, un écrivain et scénariste espagnol.
Quant au graphisme, derrière son apparente rondeur, se cache moults détails entretenus par une colorisation soignée qui restitue parfaitement les atmosphères et émotions. C'est un trait que j'apprécie aussi beaucoup.
Les livres étaient pour elle autant de miroirs. Reflets du monde. Reflets d'elle-même ... Les livres, c'était sa vie.
Si vous voulez en davantage sur ce pan méconnu de l’histoire concentrationnaire, et en particulier à Auschwitz-Birkenau, Ariane Singer, sur Akadem (Campus numérique juif) recommande de voir le film-documentaire de l’écrivaine et réalisatrice Chochana Boukhobza : "Kinderblock à Birkenau."