La Petite Fille qui voulait voir la Guerre. LE NAOUR et GALLAND – 2018 (BD)
Publié le 13 Novembre 2024
La Petite Fille qui voulait voir la Guerre
Scénario de Jean-Yves LE NAOUR
Dessins de Christelle GALLAND
Couleurs de Sandrine CORDURIÉ
Editions Grand Angle, septembre 2018
56 pages
Thèmes : Première Guerre Mondiale, Famille, Ecole, Mémoire
De nos jours
Pour l’école, Clémence a un exposé à faire, et elle pense parler de la vigne, ce qui, dans la région de Mâcon, n’a rien d’original. Alors qu’elle rentre chez elle avec ses amies, l’une d’elle remarque sur le Monuments aux Morts le nom de famille de Clémence.
C’est dans le grenier de ses grands-parents paternels qu’elle trouve un vieux carton rempli de souvenirs de l’époque de la Première Guerre Mondiale.
Dont des lettres.
Celles qu’une autre Clémence a écrites à son père, François, parti « faire la guerre aux Boches pour revenir en héros ».
Cherchant des informations sur son aïeul, dans le carton, à la bibliothèque et sur internet, les recherches de Clémence l’emportent dans le Charnay d’alors.
En 1914
Clémence écrit à son père.
Pour lui raconter l’école, la vie en ville, les premiers réfugiés dont le nombre ne cesse de grossir, les soldats venus d’ailleurs pour se battre pour la France, son combat imaginaire contre les Boches et celui, bien réel, avec Etienne, les prix qui augmentent, sa mère qui s’épuise, son abonnement au magazine « La Semaine de Suzette ».
Face au silence de son père, aux sous-entendus d’Etienne, et aux larmes de sa mère, Clémence prend une décision.
Je ne vois plus la guerre comme un événement formidable, ni comme une aventure glorieuse. La guerre, ce n'est pas la gloire. ce n'est que dans les journaux que les soldats meurent le sourire aux lèvres, en criant "Vive la France !". Non, le seul vainqueur de la guerre, c'est la mort.
Les deux époques passent de l’une à l’autre, se superposent, pour nous parler de ce terrible conflit, mais surtout de la vie à l’Arrière.
Et notamment au sein des familles.
Les situations d’alors et les situations d’aujourd’hui.
Sans échelle de valeur.
Les transmissions étouffées, retrouvées, réparées.
Lorsque je vais quelque part, je vais toujours voir le Monument aux Morts.
J’en fais le tour, je me recueille, je lis tous les noms.
Pour leur rendre hommage.
Et avec l’espoir d’y trouver un jour le mien. Ce qui m’apporterait des réponses, en tout cas une piste. Je cherche toujours.
J’ai donc beaucoup aimé le point de départ de cet album et l’engouement que Clémence déploie dans cette recherche généalogique et mémorielle.
Ce faisant, elle découvre ce qu’ont vécu les membres de sa famille jusqu’à elle, la condition des enfants, des femmes pendant et après la guerre, et donc ce que son arrière-grand-mère a vécu et comment.
En 48 pages, cet album fait des facilités et se fait didactique. Mais ce bémol est compensé par l’alternance des deux époques qui apporte du dynamisme, et surtout par le nom de Jean-Yves Le Naour, historien spécialiste de la Grande Guerre et par son excellent dossier à la fin.
Côté dessin, je l’ai trouvé un peu trop « carré » et géométrique. Les deux fillettes, qui portent le même prénom et ont le même physique, peuvent amener un moment de confusion. Hormis cela, le graphisme est neutre, simple, efficace et sert bien le propos. A noter qu’il y a des petits détails sympas qui nous transportent en 1914.
Cet album a toute sa place dans une bibliothèque ou un CDI, et peut être un bon point de départ à qui veut s’intéresser à la Première Guerre Mondiale et ses résonnances jusqu’à nous.
Toi qui me lis, je n'ai pas eu ta chance de naître ici et maintenant. Je t'envie mais n'oublie pas que la liberté et la paix sont toujours fragiles, et bats-toi pour ne jamais plier l'échine, comme je me suis battue toute ma vie.