Le son des morts. Daruma Matsuura – 2023 (Manga)
Publié le 1 Novembre 2023
Le son des morts
Daruma Matsuura
Editions Delcourt / Tonkam, 7 juin 2023
192 pages
Thèmes : Mort, deuil, Art, Fantastique, Résilience
A l’école des Arts de Kinugawa, trois personnes endeuillées vont se rencontrer, se retrouver, s’entraider.
Tous trois ont une capacité spéciale liée à la mort, aux êtres et lieux disparus.
Yato Tsurumi, professeur en charge des élèves préparant le concours d’entrée aux Beaux-Arts, a perdu sa compagne, Kako, deux mois auparavant, lorsque le fleuve en crue a emporté leur maison. Elle y était revenue pour y prendre sa dernière toile, et son corps n’a toujours pas été retrouvé, entraînant autant de culpabilité que d’espoir.
Yato porte des lunettes, non pas pour voir, mais justement pour occulter ce qui s’impose à lui, des « vestiges fantômes », des lieux du passé empreints de douleurs, de drames et de nostalgie, qu’il reporte sur toile, seule manière pour lui de pallier à « son impuissance ».
Inconsolable et jugé « trop fragile », il se voit attribuer le cours général dans lequel arrive Ima Hayabuchi, une jeune collégienne déscolarisée. Elle a perdu son père dans un tremblement de terre quatre ans auparavant et se sent contrainte de vivre « pour sa mère ». Ses écouteurs constamment aux oreilles l’empêchent d’entendre « le son des morts », des bruits et des cris inextricables des défunts et des circonstances de leur mort, qui la submergent et vont jusqu’à la pétrifier.
Ils ont tous… envie que quelqu’un… entende enfin ce qu’ils essaient de dire…
Moi non plus… personne ne m’écoute… jamais…
Un lien va se créer entre eux grâce à un étudiant de Yato, Kari Onoji, dont le meilleur ami, Shota Okuma, s’est suicidé l’année passée.
Chacun des chapitres de ce one-shot va se centrer sur un des personnages, creuser son histoire et son don/malédiction, et voir se lier leurs relations dans une entraide commune.
Ce procédé permet de resserrer toujours plus l’émotion, de nuancer les rapports à la Mort, au Deuil, aux différentes formes qu’ils peuvent prendre et se manifester.
Au-delà de cet aspect premier qui lie ses personnages, la mangaka en développe un autre qui les concerne tous : l’Art. Et la manière dont on le vit, le pratique et le restitue.
Tu ne croies pas que si on te disait… que tes tableaux n’ont aucune valeur… Ta vie perdrait instantanément tout son sens ?
C’est le titre de ce manga qui m’a immédiatement attirée vers lui. Et je savais qu’il me plairait et me toucherait avant même de l’avoir lu, de par les thématiques abordées.
Graphiquement, c’est superbe.
Un trait fin et très expressif qui se fait parfois charbonneux ou évanescent, rond ou à la limite du caricatural. J’aime ce mélange des genres et la déstructuration des cases qui prennent toutes sortes de formes et cadrages, en fonction des personnages et leurs émotions. Ainsi, la lecture n’est pas linéaire et nous sommes au plus près de leur ressentis.
Ce manga me donne bien envie de découvrir les précédents de la mangaka.
Il participe à la BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Fanny (CLIC); ainsi qu'au Tour du Monde en 80 Livres de Bidib
Belles lectures et découvertes,
Blandine