MOBY DICK. Olivier JOUVRAY et pierre ALARY – 2014 (BD)

Publié le 30 Août 2023

MOBY DICK

Librement adapté du roman d’Herman MELVILLE (1851)

Adaptation et scénario par Olivier JOUVRAY
Illustrations et couleurs de Pierre ALARY

Editions Soleil, collection "Noctambule", avril 2014
124 pages

Thèmes : Classique, Aventure, Chasse, Folie, Philosophie, Quête

Moby Dick, Baleine Blanche, le Pequod et le Capitaine Achab, bien sûr tous ces noms vous évoquent quelque chose, même si vous n'avez pas lu le roman-monde d Herman Melville

Les grandes écluses du monde des merveilles s’ouvraient devant moi, et dans les folles imaginations qui me faisaient pencher vers mon désir, deux par deux entraient en flottant dans le secret de mon âme des processions sans fin de baleines, avec, au milieu, le grand fantôme blanc de l’une d’elles, pareil à une colline de neige dans le ciel.

Librement inspiré de cette œuvre magistrale qui explore la lutte de l'Homme contre la Nature, contre Lui-même, empreint de références religieuses et du contexte social d'alors, cet album centre son propos sur l'aventure et la chasse par le prisme unique de ses personnages. Et en particulier le Capitaine Achab, son second Starbuck, Queequeg, le tatoué que notre narrateur, Ishmael, a rencontré avant d'embarquer.

Ainsi assistons-nous à l'enthousiasme qui va décroissant d'Ishmael et de Queequeg qui se trouvent confrontés à la folie d Achab envers la Baleine Blanche qui lui a pris sa jambe et le désappointement de Starbuck qui tente de raisonner Achab, d'en appeler à ses émotions, à son cœur même pour renoncer à sa traque. Involontairement, paradoxalement, son attitude plombe davantage l'atmosphère, rend la poursuite funeste et l'issue inéluctable.

On comprend avant lui que toute l'entreprise est fondée sur la folie de la vengeance, non sur la nécessité du commerce d'huile de baleine. Avant même l'importante fuite dans les cales qui condamne leurs revenus.
Qu'importe les navires croisés et les coutumes qui régissent leurs rencontres, qu'importe que le fruit de leur travail se perde ou qu'un homme tombe à la mer, qu'importe les pertes tant que la piste est tenue et remontée.

Dès lors, tout est perdu.

Survivre n'est point vivre, Starbuck.

Les teintes chromatiques des planches suivent ces états psychologiques, allant du rouge sang à l'écru blème, les teintes sombres ne sont pas seulement celles de la nuit, la houle ne bouscule pas seulement les flots. Les traits des personnages bien que fins et au cordeau nous restitue leur part d'humanité.
Achab n'a pas un physique de "méchant" ou "de fou furieux", il n'en impose ni par sa taille ni par un élément atypique. Seuls son faciès fermé et ses paroles nous indiquent sa détermination de tout, son acharnement jusqu'au sacrifice.

MOBY DICK. Olivier JOUVRAY et pierre ALARY – 2014 (BD)

Moby Dick me fascine et cette réappropriation aussi réussie graphiquement que scénaristiquement va rejoindre ma petite collection qui lui est dédiée.

Album: Moby Dick. Fouca DABLI et Jame's PRUNIER
Album: Le chasseur et la baleine. Paloma SANCHEZ IBARZABAL et Iban BARRENETXEA
BD: Le Jour des Baleines. Cornélius et Tommaso CAROZZI
BD: MOBY DICK. Bill SIENKIEWICZ

Ce roman graphique participe au RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Fanny (CLIC); à notre Challenge dédié aux Classiques avec Nathalie ; ainsi qu'à L'Objectif PAL