Saveurs assassines. Kalpana SWAMINATHAN - 2008
Publié le 29 Juin 2023
Saveurs assassines
Une enquête de Miss Lalli
Kalpana SWAMINATHAN
Traduit de l’anglais (Inde) par Edith OCHS
Editions Points, avril 2008
384 pages
Thèmes : Policier, inde, Cuisine, Condition féminine
Lecture Commune avec Hilde, Nathalie et Véronique
Miss Lalli est une sexagénaire retraitée de la police de Bombay, au flair redoutable (on dirait Sherlock Holmes), dont les ex-collègues du service des homicides viennent encore régulièrement demander conseil. Avec sa nièce, une autrice sans grand succès et qui est la narratrice, elles sont invitées à passer un week-end gastronomique dans la demeure héritée et fraîchement rénovée du Dr Hilla Driver, une amie de longue date de Lalli.
Avec elles se trouvent un auteur à grand succès (Alif Bey), un journaliste gastronomique (Felix Rego), un danseur (Rafiq Khan), un top model (Chili), une ancienne connaissance de la narratrice qui a changé son nom (Lola Lavina), la nièce d'Hilla, une débutante de 18 ans (Ramona), une femme de Docteur capricieuse (Ujwala Sane), son terne époux (Devdutt Bajaj) et un grand cuisinier qui refuse qu'on l'appelle "Chef" (Tarok Ghosh).
Personne, apparemment, n’était tout à fait comme nous l’avions imaginé.
-En fin de compte, c’est plus marrant quand les gens sont différents, dis-je à Ramona.
Les 223 premières pages nous racontent qui sont Lalli et Hilla, l'héritage de la maison de cet oncle qu’elle abhorrait, la rénovation et surtout l'arrivée dans les lieux par ces invités de la bonne société de Bombay, qui se connaissent sans s’être jamais vus.
Aux caractères de chacun qui se dessinent, s’entremêlent leurs passés respectifs (Tarok Gosh est un survivant de la guerre contre le Bangladesh qui a connu la vie dans la rue, quand Lola Larina a survécu à des sévices sexuels), avec les envies ou ordres, conséquences de leurs contrariétés à se retrouver tous ici.
Et il y a bien sûr la cuisine. De nombreux plats et mets sont mentionnés et week-end gastronomique oblige, un véritable festin est prévu par ce cuisinier très atypique, qui peut mitonner des merveilles comme des plats très/trop ordinaires, mais toujours succulents. Mais qui m'ont fait frôler l'indigestion.
Trois mille ans de cuisine indienne, ça ne se raconte pas. Mais ça peut se déguster. Bon appétit !
Dans ces pages, l'autrice se perd dans des circonvolutions qui m'ont ennuyée plus d'une fois, sous prétexte de descriptions ou traits d'humour. J'en oubliais qui était qui et qui faisait quoi, ne sachant s’il s’agissait du passé ou du présent, confondant les actions et leurs résultats.
Et surtout, où était l'aspect policier promis par le titre ?
A Paris, j’ai appris ça : le but de l’art est de déranger.
Il arrive enfin alors que la tempête se déchaîne dehors, isolant ainsi tous ces personnages dans un huis-clos qui leur est oppressant. Car pour ma part, je ne l’ai pas ressenti ainsi.
Personne (ou presque) n'a de portable et les réseaux sont coupés.
Le roman s'accélère enfin et Lalli mène l’enquête avec l’aide de sa nièce (et narratrice donc). Si ses raisonnements et déductions se révèlent aussi observateurs que judicieux, ils sont d’une telle évidence que nous (avec sa nièce) sommes bien niais de ne pas les avoir remarqués. C’est l’impression que cela m’a donné.
Heureusement que cette partie se révèle plus rapide (et tout de même plus plaisante à lire), même si le passage en revue des différents personnages pour établir leur rôle dans l’enquête relève assez vite du « catalogue ».
Bref, on ne mène pas l’enquête avec Lalli, nous assistons à son formidable pouvoir de résolution. Ça n’a rien de très excitant !
Tu peux t’imaginer les huées, tout le discours paternaliste : Voyez ce qui arrive aux femmes qui désobéissent ! On vous bat pour vous protéger, on vous brûle pour vous sauver du déshonneur.
Pourtant, de nombreux thèmes très intéressants sont abordés, tels la condition de la femme, la voix des laissés-pour-compte, une chronique sociale, la corruption, la revanche sur la vie, la confiance en soi… Mais je n’ai pas été sensible à la manière dont ils sont inclus, et noyés, dans le récit.
Qu’en ont pensé Hilde, Nathalie et Véronique, Allons lire leurs avis !
C’était un raag qui vous tirait doucement par le cœur, le comprimait d’angoisse, le pressait en un poing mélodique serré jusqu’à ce que disparaisse toute résistance douloureuse. Alors la musique se ruait en vous et vous envahissait, avec de multiples douleurs. Toute la désolation de la disparition était contenue dans son harmonie, l’amertume de la mélancolie et la douleur insupportable du souvenir. Ce raag ne chantait pas l’ivresse de l’amour. Nulle attente dans le poème, nulle espérance. Il n’y avait pas de deuil. La douleur n’est pas l’histoire. A travers le raag, la douleur devient votre géographie, familière, chérie, elle n’est plus le double réprimé, mais un égal, un contemporain où la joie a sa place au soleil.
Ce roman policier participe à nos Etapes Indiennes avec Hilde ; au "Tour du Monde en 80 Livres" de Bidib et à "Des livres et des écrans en cuisine" qu'elle organise avec FondantGrignote; ainsi qu'à l'Objectif PAL
Belles lectures et découvertes,
Blandine
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