Nous irons mieux demain. Tatiana de ROSNAY - 2022

Publié le 20 Août 2023

Nous irons mieux demain

Tatiana de ROSNAY

Robert Laffont, septembre 2022
360 pages

Thèmes : Entraide, Amitié, Emprise, Famille, Secrets, Zola

Un soir de pluie et de grève, Candice Louradour assiste à un accident de voiture qui blesse grièvement une dame d’un certain âge. N’écoutant que son cœur, Candice s’inquiète pour l’inconnue, prend des nouvelles, lui rend visite puis service.
Dominique Marquisan, cette femme de 63 ans, amputée d’une jambe, exerce sur elle une attraction que Candice cherche et redoute tout à la fois. Surtout après être allée chez elle, dans ce chaleureux appartement du 66 rue Saint-Lazare qui a abrité les amours adultérines d’Emile Zola et de Jeanne Rozerot, comme va le lui apprendre Dominique de sa voix particulière.

Lorsque Dominique se retrouve sans travail ni toit, c’est tout naturellement que Candice, mère célibataire de 28 ans et ingénieure du son, va lui proposer d’emménager dans son petit appartement qu’elle partage avec son fils de 3 ans, Timothée. Séduite par sa voix dont elle décèle le potentiel, Candice lui permet aussi de travailler pour le studio Violette en enregistrant l’œuvre d’Emile Zola, cet écrivain si cher au cœur de Dominique.

Les deux femmes ne cessent pas le vouvoiement même si elles sont désormais très liées. Tout en discrétion, Dominique s’impose peu à peu, sait se rendre utile voire indispensable en faisant les courses, le ménage, la cuisine, en s’occupant de Timothée jusqu’à son coucher.
Candice apprécie mais se sent parfois enfermée.

Elle qui est si complexée par son corps qu’elle juge trop rond, trop empoté, trop tout, ne peut plus s’adonner à ses pulsions destructrices par peur d’être entendue, jugée. Et dans le même temps, elle se rend compte que son petit-ami Arthur ne lui manque pas. Dominique prend peu à peu toute la place au grand dam de sa sœur Clémence et de sa mère Faustine, qui un soir viennent dîner… Leur jugement est sans appel.

En parallèle, Clémence a trouvé dans une veste de leur père, Daniel, agent immobilier décédé un an plus tôt de la Covid, un téléphone inconnu. S’y trouvent des échanges de mails qui ne semblent pas le concerner. Pourtant, Candice doute et à elles deux, trouvent l’explication.

Ces mots me bouleversaient, me parlaient de façon intime. Je n’arrêtais pas d’y penser. Je me suis demandé pourquoi, justement, ces phrases résonnaient en moi avec tant de force. J’étais persuadée d’avoir trouvé quelque chose d’infiniment précieux et important. Mais je ne me doutais pas encore à quel point.

J'aime énormément l'écriture douce et empathique de Tatiana de Rosnay.
Dans ce roman titré d’après une phrase que Zola a écrite à Jeanne, « Nous irons mieux demain », elle explore la relation à l’Autre, les rencontres qui nous donnent, nous prennent et nous forgent ; celui que nous croyons connaître et qui se révèle inconnu, et à l’inverse cet inconnu qui nous offre tant de résonnances.
Tout son récit joue sur les dualités.
Amitié / Emprise : venir en aide à quelqu’un, lui apporter présence et réconfort, l’accueillir, est-ce permettre l’emprise ? Qu’est-ce que cela dit de nous, de nos doutes, de nos fêlures ?
La famille, ses secrets. La place qu’on occupe, parce qu’on nous y a rangé, parce qu’on s’y est enfermé.
Le père et Emile Zola.
Le rejet de soi, l’émancipation.
Lecture et audition.
L’Amour et ses multiples nuances, manifestations, acceptations, renoncements.
Les lieux, ici appartements et Paris, occupent une place importante, comme toujours chez Tatiana de Rosnay. Ils possèdent leur propre aura (Dominique l’éprouvera d’une manière particulièrement saisissante) et mémoire.

Et en toile de fond, Emile Zola, sa vie personnelle et son œuvre. Ce qui me donne très envie de le relire !

-Parce qu’il y a la vie entière dans ses romans. La lumière, mais la noirceur aussi. Il ne craint pas d’aller au fond des choses. Il n’édulcore rien. Il ne prend jamais de gants. Il préfère choquer que de laisser indifférent.
- Mais qui lit Zola, de nos jours ? gloussa Faustine.

Et même si j’ai trouvé la fin trop attendue, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman.
Nous irons mieux demain, promesse tenue !
 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

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Commenter cet article
A
Je n'ai encore jamais lu Tatiana de Rosnay. "Ele s'appelait Sarah" végète dans ma PAL.
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B
Comme je te souhaite de pouvoir découvrir son écriture <3<br /> Sarah est beau et tragique, mon préféré d'elle est Rose.