Plus heureux que jamais. Adam SILVERA – 2022 (YA)

Publié le 9 Mai 2023

Plus heureux que jamais

Adam SILVERA

Traduit de l’anglais (USA) par Constance de MASCUREAU

Robert Laffont, février 2022
444 pages

Thèmes : Construction et Quête identitaire, Homosexualité, Bonheur, Fantastique

Aaron Soto, 17 ans, vit dans le Bronx, entre les murs de sa cité, dans son tout petit appartement qui pue l'humidité et d'où ils ne peuvent partir avec sa mère et son grand frère Eric. Chaque jour, la salle de bains lui renvoie le suicide, réussi, de son père, et le sien, raté.
Aaron aime les BD, sa copine Geneviève, mais ne sait pas trop quoi faire de sa vie.
Il fait la connaissance de Thomas, un garçon de la cité voisine...
Et là, tout bascule.

Je suis nostalgique de l’époque où on profitait à fond des soirées d’été, sans se préoccuper de l’heure à laquelle on devait rentrer. On s’allongeait sur le tapis noir de l’aire de jeux et on parlait de filles et d’un avenir trop brillant pour nous, où tout irait toujours bien tant qu’on resterait ensemble ici. Maintenant, on se retrouve dehors par habitude, pas par amitié.
Encore un truc que je dois faire semblant d’accepter.

Il se surprend à moins penser à Geneviève et davantage à Thomas, il aime moins passer du temps avec ses amis de "toujours" et préfère être avec Thomas qu'il trouve plus mature, plus tourné vers l'avenir. Mais surtout, au fond de lui, il ressent des émotions lointaines, comme si elles refaisaient surface après un long silence, un long oubli...

Dans le Bronx (mais aussi ailleurs), il y a un institut dont la pub se voit partout: Cet institut s'appelle Leteo et il permet d'effacer la mémoire. D'un accident, d'un frère décédé, d'un traumatisme... Si certains se sont laissés tentés, d'autres décrient la méthode.

Parfois, la souffrance est tellement ingérable que l’idée de passer un autre jour à la supporter semble impossible. D’autres fois, la souffrance agit comme une boussole pour nous aider à grandir.

J'ai été attirée par ce roman par son titre, sa quatrième de couverture et cet institut Leteo et par cette thématique de la mémoire. Aussi parce que le roman est préfacé par Angie Thomas, celle qui a écrit The hate U Give (référence à 2Pac).
Scindé en plusieurs parties, j'ai fortement aimé la première qui nous présente Aaron, sa cité, sa copine (j'adore Geneviève) et sa famille. Je me suis attachée à lui, dans ce qu'il a vécu et vivait, avec ses doutes, ses questionnements sur sa vie et son orientation sexuelle.
Puis avec la deuxième partie, tout est remis en question. Et cela peut paraître étrange, mais je me suis sentie "trahie" par Aaron, comme par le roman.

De l'Institut Leteo, qui semble avoir une place très importante, il n'en est finalement pas tant question durant le premier tiers du roman. Et surtout, je m'étais attachée à Aaron comme il se décrivait, mais à la 2e partie, il nous apparait autrement. Certes, il y a des circonstances, car avec les souvenirs qui affluent bien malgré lui, nous découvrons son passé et ce qu’il a voulu oublier, sa nature profonde, ce que finalement il savait depuis toujours : son homosexualité. Et qui a entraîné tant de souffrances en lui et autour de lui.

Mais dès lors, je me suis distanciée.
La suite m'a perdue, au niveau des temporalités (pourtant j'adore ce procédé narratif) et surtout du trop plein de thèmes abordés.

Certes, c'est un bon roman sur la construction et le questionnement identitaire et notamment sexuel, son acceptation personnelle, familiale et sociale, l’amitié, les apparences et les regards des autres, le fonctionnement de la mémoire, et ce que nous faisons, ou pas, pour être heureux les propres limites que nous nous dressons, tous ces thèmes je les aime, mais je n'ai pas été sensible à la forme.
Et quand j'ai tourné la dernière page, je me suis dit "enfin!".