Jeannot. Loïc CLEMENT et Carole MAUREL – 2020 (BD)
Publié le 19 Avril 2023
Jeannot
Scénario de Loïc CLEMENT
Dessin de Carole MAUREL
Delcourt Jeunesse, "Les contes des cœurs perdus", mars 2020
42 pages
Thèmes : Deuil, résilience, Nature
Dans la vie de Jeannot, il y a un avant et un après
Pour avant, les jours heureux, aimants, amoureux, confiants, les sourires, les espoirs, l'amour.
Et puis la perte, la cassure, la perte, l'innommable, l’inconcevable.
L’isolement.
Plus rien ne le fait sourire, plus rien ne le fait vivre.
Et surtout pas la Nature dont il s'occupe, puis s'occupait depuis qu'il est à la retraite de son métier de jardinier municipal. Il a bien essayé d'aller prodiguer ses conseils aux jeunes, mais ces derniers, lassés, l'ont gentiment éloigné.
C'est que Jeannot est devenu constamment de mauvaise humeur, constamment aigri, toujours en butte.
Et un obsessionnel de l'ordre, du rangement, de la taille bien nette.
Chaque feuille a sa place et les écorces seront bien gardées !
Ce que les autres ignorent, c'est qu'un don, ou plutôt malédiction, s'est emparé de lui.
Il entend la Nature, les plantes, les fleurs, les arbres, et jusqu’aux légumes parler et lui parler.
Certains s'aiment tendrement et s'enlacent, d'autres chantent et d'autres le titillent.
Les références aux chansons ou à la pop culture, qui allègent par leur humour, sont un régal pour nous, un supplice pour lui.
Tous paient cher ce "pouvoir".
Jeannot manie le sécateur avec autant de dextérité que de tristesse et d’impuissance.
Il ronchonne, rouspète, tempête.
Il taille, hache, coupe, sépare.
Leur exubérance végétale, perpétuelle défiance.
Et voilà qu'un jour, alors qu'il hurle après un acacia, une petite vieille dame l'observe, amusée.
Gêné et encoléré, il l'invective.
Ainsi se passe sa première rencontre avec Josette...
Magnifique album dans la superbe collection des « contes des cœurs perdus ».
Dès notre rencontre avec Jeannot, nous sommes attachés à lui, malgré sa rudesse, en dépit de sa colère, par sa souffrance et ce vide immense qu’il tente d’effacer si maladroitement.
Les dessins de Carole Maurel sont parfaits pour restituer toute sa détresse et ses sentiments mouvants. Le dessin si symbolique de la fleur qui se fane est d’une délicatesse infinie.
Qualifier cette douleur est vain.
La couverture, les couleurs, les mots choisis, les clins d’œil comme les silences en font un album baume au cœur pour dire le deuil, la résilience, la vie.
Cet album participe au RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Noukette (CLIC); ainsi qu'à l'Objectif PAL
D'autres avis à lire: Noukette; Mo’; Moka ; Sabine; Caro;
De Loïc Clément, retrouvez sur le blog: Chaque jour Dracula. BD avec Clément LEFEVRE
Belles lectures et découvertes !
Blandine.