Homère in the city. Cécile ALIX – 2022 (Dès 13 ans)

Publié le 23 Avril 2023

Homère in the city

Cécile ALIX

Éditions Casterman, octobre 2022
336 pages

Dès 13 ans

Thèmes : Rêve, Amitié, Empathie, Résilience, Bien-être animal

Solomon, grand ado de 17 ans, enragé, renfermé et abîmé par la vie, effectue son stage de CAP dans un EHPAD. De son avenir tout tracé il se fiche, c’est son rêve qu’il entretient.
Quatre soirs par semaine, après le travail, perché sur une branche, il espionne les cours d’équitation qu’il ne peut s’offrir. Et c’est en revenant de l’un d’eux qu’il devient « Poussin », surnom donné par une fille « à la voie lactée sur le visage », Mélissa, qu’il appelle « Soleille ».

Aurélien, son meilleur ami surnommé Tatepa depuis tout petit, l’a accompagné dans toutes ses épreuves et galères, et malgré l’accident dont il est victime, il lui permet de concrétiser son rêve : s’offrir un cheval.

Faut laisser de la place au bonheur, mon gars.

Après quelques recherches et l’assentiment de son père Melvin, avec qui il communique si peu, il trouve Homère. Un « magnifique cheval alezan de douze ans ».
La rencontre est une évidence qui transforme Sol et irradie sur son quotidien.

Il s'ouvre, rayonne, s'épanouit.
Cela se ressent dans sa relation avec les personnes âgées, qu’auparavant il ne voyait que comme une masse informe sans en distinguer l’humanité.
Il est plus respectueux, plus doux, plus attentif.
Plus apaisé aussi.
Il noue même de chaleureuses relations.
Et particulièrement avec Madame Brahim, avec qui il découvre la musique classique. « Le rap lui vide la tête, lui donne envie de partir au galop. Schubert lui caresse le cerveau.» Ou avec Monsieur Gourdon au franc-parler aussi direct que salvateur.

Sol s’affirme et s’entrevoit même un avenir.

Vaut mieux avancer dans la pagaille que piétiner dans l’ordre, Solomon !

Au fil des pages qui nous attachent à Solomon, on apprend ce qu'il a vécu et qui l’a tant meurtri.
On est attendri par la relation qu'il a avec son père, Melvin, avec Iris, la mère d'Aurélien (Tatepa) dont l’histoire et surtout l’accident m’ont fait frémir. Ils communiquent ensemble par lettres et sms – une graphie qui diffère dans le corps du texte, j’aime. Leur amitié est belle, solide, leur permet de se dépasser l’un l’autre.
Sa relation avec Mélissa est douce. Elle lui apporte beaucoup, par sa présence, son soutien, et même ses silences.

Et bien sûr, il y a Homère.
Homère qui permet à Solomon de se révéler, de s’ouvrir.
Avoir un cheval n’est pas facile mais Cécile Alix nous relate bien les responsabilités qui lui incombent désormais comme le bien-être de l’animal. Ce faisant, elle nous décrit comment celui-ci est particulièrement bien pris en compte avec le projet de l’écurie alternative. Et c’est beau !

Ainsi, différents thèmes s'entremêlent dans ce roman lumineux : amitié, deuils, maladie, les rencontres et les liens, la confiance en soi et la résilience, l'espoir...
Et surtout, il est issu d’une histoire vraie (j’adore ces points de départ !)

Pour écrire son roman, Cécile Alix s'est inspirée d'un fait divers de 2017 mais qui dit beaucoup des images sociales que nous avons tous, même inconsciemment : celle d'un jeune Noir de banlieue se promenant à cheval en jean/baskets et casque de moto dans les rues de sa cité de Montreuil (93).
A priori, rien de compatible, et pourtant !
L'histoire de Gamart Camara (CLIC) a ainsi donné naissance à celle de Solomon.
Et c’est beau !

Homère in the city (un très beau titre !) est un roman sensible qui rend la fragilité belle, qui nous invite à dépasser les apparences et réticences, pour laisser de la place au bonheur, car il est possible malgré (ou grâce) les difficultés !

Fais-le Sol, ne réfléchis pas, les rêves sont faits pour être réalisés.

Merci à Cécile Alix pour sa confiance et aux Editions Casterman

Ce roman participe à l'Objectif PAL (car j'ai mis beaucoup de temps à le chroniquer - c'est toujours ainsi quand j'ai beaucoup aimé un livre et j'espère avoir réussi à restituer toutes les émotions que j'ai ressenties à sa lecture!)

Ce roman m'a renvoyée au film Concrete Cowboy (avec Idris Elba) sur les cavaliers noirs de Flechter Street à Philadelphie, film aussi issu d'une histoire vraie - CLIC

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