African American History Month Challenge 2023: Films, séries et Documentaires
Publié le 27 Février 2023
Pour l'African American History Month Challenge d'Enna, j'ai envie de lire, mais aussi de voir autour de l'histoire des Noirs américains, de l'esclavage à la Lutte pour les Droits Civiques, jusqu'à aujourd'hui et leur place dans leur pays, mais aussi autour de leur héritage culturel, artistique et engagé.
De nombreux films, séries et documentaires existent, et pour beaucoup disponibles sur les plateformes de vidéos.
Autour des Noirs américains et de leur Histoire, vous pouvez trouver sur le blog ces films, séries et documentaires:
- Film: American History X (Avec Edward Norton - 1998)
- Mini-série Netflix + documentaire: Dans leur regard / When they see us (2019)
- Film: La Voie de la Justice / Just Mercy (Avec Michael B. Jordan - 2020)
- Film: Green Book. Sur les routes du Sud (Avec Viggo Mortensen et Mahershala Ali - 2019)
- Film: Les Figures de l'Ombre (Avec Taraji P. Henson; Octavia Spencer - 2017)
- Film: Ali (Avec Will Smith - 2002)
- Film: The Hate U Give. Film issu du roman éponyme d'Angie Thomas -2018
- Film: Amateur - Netflix - 2018
- Film: All eyez on me. (film autobiographique sur Tupac Shakur) Netflix - 2017
- Film: All day and a night - Netflix (2020)
- Film: Le Blues de Ma Rainey. (Avec Chadwick Boseman et Viola Davis) - Netflix (2020)
- Film: Concrete Cowboy. (Avec Driss Elba) - Netflix (2021)
- Série: Self Made : D'après la vie de Madam CJ Walker. (Avec Octavia Spencer) - Netflix (2020)
- Documentaire: Le 13e - d'Ava DuVernay - Netflix - 2016
- Documentaire: Le Droit d'être américain. Histoire d'un combat. Présenté par Will SMITH - Netflix - 2021
Vus mais non présentés:
- Mini-série: Unsolved. Sur les meurtres irrésolus de Biggie et Tupac (Netflix - 2017)
- Documentaire: What Happened, Miss Simone? (Netflix, 2015)
- Documentaire: The Black Panthers : Vanguards of the revolution (Netflix - 2015)
FILMS
Seul contre tous (Netflix - 2015) - Avec Will Smith
C'est en voulant regarder un film avec Will Smith (mon critère de recherche) que je suis tombée sur ce film qui s'inspire d'une histoire vraie et de recherches avérées.
Will Smith incarne Le Dr Bennet Omalu, un neuropathologiste de médecine légale venu du Nigeria (né en 1968) et installé aux Etats-Unis, Seattle, New-York puis Pittsburg. C'est là que commence le film lorsqu'il autopsie (avec une manière toute personnelle qui agace l'un de ses collègues) en 2002 un homme au physique abîmé par des années de problèmes cognitifs qui l'ont mené à la misère et à des comportements autodestructeurs. Il ne le sait pas encore, mais il s'agit de l'ancien joueur de football américain de l'équipe des Steelers de Pittsburgh, Mike Webster (1952-2002). Bien que le cerveau paraisse sain, Bennet Omalu approfondit ses recherches (en les autofinançant et avec le soutien de son supérieur) et découvre qu'il est atteint d'une affection neurologique associée à un traumatisme crânien chronique appelé encéphalopathie traumatique chronique. Et que cela a déjà été observé chez d'autres sportifs (boxeurs notamment). Omalu veut mettre en garde les (futurs) sportifs mais la NFL, toute puissante organisation de football qui va des établissements scolaires, aux universités, aux Ligues professionnelles, avec autres financements et et politiques, craint cette mauvaise publicité.
Omalu, médecin noir d'origine étrangère, reçoit des menaces de plus en plus virulentes et physiques, qui mettent en cause ses compétences, ses aptitudes, et ses résultats. L'obligeant, pour sa propre sécurité (et celle de ses proches) à des compromis.
Will Smith est un acteur que j'aime beaucoup et je l'ai (à nouveau) trouvé excellent dans ce film révoltant. Le racisme n'est pas montré ici d'une manière violente ni frontale mais il est constamment sous-entendu. Lorsqu'il remet en cause la légitimité d'Omalu en tant que médecin (tout de même détenteur de huit diplômes d'études supérieures, d'une maîtrise en santé publique en épidémiologie et d'un Master of Business Administration de l'École supérieure de santé publique de l'Université de Pittsburgh - ces deux derniers acquis en 2022 et 2004), lorsqu'il reçoit des menaces et son épouse avec, lorsque son collègue s'insurge de ses méthodes d'autopsie... Etc. Si le film n'est, dans sa forme, pas original, son propos permet de montrer une autre forme de racisme, plus latente, plus inconsciente et plus ancrée aussi, et qui se dirige (aussi) envers les Noirs qui ont de l'éducation, qui ont une carrière, qui ont des moyens financiers et des soutiens. Et pire, un Noir, un "Africain", un "pseudo-docteur" qui s'attaque à une institution sacrée, le football. Pour y répondre, Omalu rétorque qu'ils sont (avec sa femme) de "vrais Américains" et "qu'elle regarde tous les dimanches un match de football", etc.
Ainsi, dans un sens large, le film démontre ce que signifie être Noir aux Etats-Unis de nos jours.
Clair-Obscur (2021 - Netflix) - Avec Tessa Thompson
J'ai choisi de regarder ce film grâce à sa belle affiche, son titre polysémique et la présence de Tessa Thompson, que je n'avais vue jusqu'à présent que dans la saga Creed (qui fait suite à celle de Rocky, avec Michael B. Jordan) et j'ai beaucoup aimé! Ce n'est qu'avec le générique de fin que j'ai appris qu'il était l'adaptation du roman éponyme de Nella Larsen.
Nous sommes à New-York dans les années 1920 et le film nous immerge vraiment dans cette période en n'étant qu'en noir et blanc, ce qui le sublime.
Irene Redflield (Tessa Thompson) jeune femme métis, mariée à Brian, un médecin noir, et mère de famille, va se rafraichir dans un salon de thé après avoir fait du shopping, quand un rire attire son attention. La jeune femme qui l'a émis, visiblement sûre d'elle, l'appelle alors par son surnom d'adolescente, Rainie, et les souvenirs reviennent. Elle a devant elle Clare Bellew. Clare, partie il y a longtemps, et qui a construit sa vie sur la clarté de sa peau, allant jusqu'à épouser John, un "Blanc" qui la surnomme "Negg" car sa peau fonce avec les années, tout en déclarant haïr les Noirs, qu'il ne connaît pourtant pas. Il lit les journaux dit-il.
Souhaitant renouer avec sa communauté d'origine, Clare va se rapprocher de plus en plus d'Irene et de sa famille comme de ses amis.
J'ai trouvé l'attitude d'Irene en tant que Noire paradoxale. Elle habite Harlem dans une belle demeure cossue, a de beaux vêtements, emploie une domestique noire, mais préside (ou fait partie) une association (je n'ai pas tout saisi quant à cette organisation et son action) qui défend les Noirs, elle refuse que ses enfants soient confrontés au racisme (leur père leur lit les journaux) qu'ils subissent pourtant, elle courbe la tête en allant dans les magasins... Elle est dans une contradiction perpétuelle, semble ne pas s'assumer, quand Clare semble être tout l'inverse et est clairement toxique. Cette opposition de caractère des deux femmes se retrouve dans les jeux de lumière, la couleur de leurs vêtements, comme de leur style et forme.
"Qui est satisfait de ce qu'il est?"
Clare ne m'est pas parue ni sympathique ni désintéressée, mais bien dangereuse, toxique comme je l'ai écrit plus haut. Elle joue des sentiments qu'elle inspire. Elle envie Irene, la jalouse, et va jusqu'à lui séduire son mari devant elle (délaissé par Irene qui se referme de plus en plus sur elle-même). Elle investit de plus en plus sa maison et se fait apprécier de ses enfants et de la domestique, s'invite (ou fait tout pour se faire inviter) à des soirées organisées par Irene. Clare joue avec Irene, avec les sentiments qu'elle lui inspire. Peut-être pas un amour lesbien mais une attirance certaine. Quant à la fin, elle est magistrale. Il ne pouvait y en avoir d'autre! Et toujours cette ambivalence!
Je pense que personne ne vit entièrement dans le bonheur, la liberté ou la sécurité."
Une autre critique, bien plus complète et technique, à lire sur Ecran Large.
Glory (1989) - Netflix - Avec Morgan Freeman, Denzel Washington, Matthew Broderick
Glory nous raconte l'histoire des volontaires du 54e régiment du Massachusetts pendant la guerre de Sécession. Il fut le premier régiment constitué uniquement d'Africains-Américains dans un État du Nord (sans les officiers), dirigé par un Blanc, le Colonel Robert Gould Shaw, fils d'un abolitionniste, incarné par Matthew Broderick. Un rôle qu'il incarne à merveille avec son physique juvénile.
Si les volontaires affluent malgré les menaces terribles émises par la Confédération (Etats du Sud), ils sont loin de connaître la vie militaire et ses rigueurs. Il convient donc, avant toute chose, de la leur inculquer. La chose n'est pas aisée, certains se rebiffent tel le Soldat Trip (Denzel Washington est juste parfait! - il remportera l’Oscar du meilleur second rôle masculin), mais surtout ce bataillon semble être la dernière des préoccupations du commandement de L'Union, qui ne fournit pas d'uniformes adéquats (manquent les chaussures par exemple), la solde est amputée de trois dollars, et ils restent cantonnés à des missions de corvée en marge des combats. Le colonel se démène, obtient un premier ordre de mission à James Island (qui aboutit à une victoire) avant de se porter volontaire pour la prise du Fort Wagner en Caroline du Sud. Mais Robert Gould Shaw y perd la vie, comme bon nombre de ses soldats. Malgré cela, ce fut une reconnaissance pour ce Régiment qui possède depuis un monument à Boston qui honore leur bravoure et leur jeune Colonel: Le St-Gaudens Memorial.
J'ai tout aimé dans ce film qui se base donc sur des faits réels (en les arrangeant toutefois pour créer un beau mythe), le casting, la musique (composée par James Horner et à l'écoute chevrotante qui laisse à penser que le film est encore plus vieux que ce qu'il n'est), son époque avec la Guerre de Sécession, que j'ai finalement peu vue ou lue. Je me souviens de la belle série Nord Sud avec Patrick Swayze, et avec laquelle je ne peux m'empêcher de faire un beau parallèle. Le film joue sur nos émotions, d'abord avec ce jeune Colonel, désireux de faire ses preuves, auprès de son père, des amis politiques de ce dernier, et surtout devant ses hommes, avec qui il ne se permet aucune familiarité (même avec Thomas, un Noir à lunettes, frêle mais courageux avec qui il a grandi) avant de se radoucir pour mieux se faire respecter/accepter. La condition des Noirs est à peine meilleure que pour ceux du Sud, il est important de le rappeler car elle conditionne beaucoup de leur engagement basé sur l'espoir. Le film force certainement leur patriotisme car, mettre fin à l'esclavage et rendre libres (et égaux) les Noirs n'étaient pas la volonté première de Lincoln. Elle était économique!
Un beau film à regarder pour découvrir des histoires uniques au sein de la Grande Histoire!
Marshall. La vérité sur l'Affaire Spell (2017) - Netflix - Avec Chadwick Boseman, Josh Gad, Kate Hudson, James Cromwell
Chadwick Boseman incarne Turgood Marshall, un avocat noir du Maryland, membre de la NAACP, le premier à avoir plaidé à la Cour Suprême des États-Unis. En 1940, il se rend au Connecticut pour aller défendre Joseph Spell, un afro-américain, accusé du viol d'Eleanor Strubing, la femme de son patron dont il est le chauffeur.
Sur place, il est aidé par Maître Samuel Friedman, un avocat blanc et juif, qui n'a jamais défendu un client, que des sociétés car spécialisé dans les assurances. Le procès s'annonce difficile: le juge refuse toute participation orale et active de Marshall au motif qu'il est d'un autre Etat. Et surtout, car les peurs et préjugés imprègnent toute la société et les institutions en place. Ensemble, à force de démonstration et de persuasion, ils arrivent à obtenir la vérité et à la prouver.
Chadwick Boseman est parfait dans son rôle! J'adore le sourire, un peu narquois, qu'il affiche, montrant combien son personnage fait preuve de confiance en lui. Et il vaut mieux être sûr de soi! Car des menaces de tout ordre pointent. Il sait aussi comment encourager Sam à faire preuve d'assurance, pour lui-même et dans ses plaidoiries. Dans un contexte de seconde guerre mondiale, avec les nouvelles qui parviennent d'Europe où les Nazis sont au pouvoir en Allemagne et la Pologne envahie (la cousine de l'épouse de Sam est arrêtée), Sam subit aussi la xénophobie, la stigmatisation, le rappel constant qu'il "vient d'ailleurs". En cela, leurs deux conditions, à Marshall et lui, se rejoignent.
Le film dure 1h58 mais est un brin lisse. Les menaces, physiques, orales, institutionnelles que subissent Marshall, et dans une moindre mesure Sam, sont à peine esquissées. On ne ressent pas de réel danger (même s'ils se font tabasser une fois par des hommes dont on devine les intentions avant même qu'ils passent à l'action) ni de racisme violent (ordinaire, latent oui, avec les hommes et femmes présents devant le Tribunal avec pancartes et hurlant des imprécations).
Mais ce film est tiré d'une histoire vraie, donc rien que pour ça, il est à voir! D'autant que ce procès (avec d'autres) a ouvert la voie/voix au Mouvement des Droits Civiques à venir.
Straight Outta Compton (2015) - Netflix
Fin des années 1980, banlieue malfamée de Los Angeles à Compton, cinq adolescents se retrouvent et se complètent autour de la musique. Il y a Andre Young, aux platines; Eric Lynn Wright à la voix; O'Shea Jackson, Sr. aux paroles; Lorenzo Jerald Patterson qui rap et compose; Damon Trujillo qui rap; Antoine Carraby, DJ. Ensemble, ils forment un groupe de rap, pour s'amuser, pour provoquer, par vocation pleine et entière. N.W.A (Niggaz Wit Attitudes, qui signifie littéralement « des nègres qui ont du style ») naît en 1986 et leur style âpre, dur, "réaliste" et violent rencontre immédiatement le succès.
Le film montre leurs débuts plus ou moins laborieux, leur manager Jerry, leur rapide montée en puissance, l'argent et les filles, mais aussi leurs dissensions qui vont grandissantes jusqu'à les séparer... Ces rappeurs, nous les connaissons sous leurs pseudo: Dr Dre; Eazy-E; Ice Cube (son fils l'interprète dans le film); Mc Ren; Krazy Dee et DJ Yella. En parallèle, on voit la montée du Gangsta Rap, les labels indépendants qui fleurissent, notamment Death Row Records de Suge Knight (et apparaissent 2Pac et Snoop Dogg)...
J'ai beaucoup aimé ce film qui nous montre que pour réussir, ces garçons en voulaient, ou plutôt n'avaient pas d'autre choix que d'en vouloir, et méchamment. Malgré ou grâce aux exactions et violences policières (certaines scènes sont insoutenables). Ils affrontent la précarité et ce qu'elle entraîne (mort prématurée, maladie - dont le SIDA-, méconnaissance pénale, fiscale et administrative). Un défaut peut-être: à part Ice Cube, les personnages me semblent lissés (je pense surtout à Dr Dre, que je connais un peu plus que les autres). En tout cas, la bande-son est juste géniale!! Et ce qu'ils disaient/dénonçaient, est encore malheureusement trop d'actualité.
SERIES
The Underground Railroad (Prime - 2021)
Cette mini-série de 10 épisodes est l'adaptation du roman éponyme de Colson Whitehead, paru en 2017 en France et que j'avais tant aimé.
Il nous fait le récit de Cora Randall, 16 ans, esclave dans une plantation de Géorgie, et dont la mère, Mabel, a disparu. Elle est la seule esclave à avoir réussi à s'échapper , non rattrapée par le chasseur Arnold Ridgeway, ce qui confère à Cora une certaine aura. Ce qu'elle réfute. Pourtant, le nouvel esclave, Caesar se rapproche d'elle et veut qu'ils partent tous les deux. Venu d'une autre exploitation, il a reçu de l'instruction et a des contacts. Suite à un nouveau lynchage, Cora accepte.
C'est le début d'un très long et éprouvant périple qui la fera passer par différents Etats (Géorgie, Caroline du Sud, Caroline du Nord, Tennessee, Indiana, où chaque fois elle consigne son histoire dans un gros registre relié). Ce voyage lui fait miroiter le bonheur de la liberté (qui a toujours un prix - pas toujours celui qu'on imagine), découvrir les bassesses du comportement humain (difficile d'imaginer tout ce que l'Homme peut concevoir pour nuire à autrui, affirmer son pouvoir/sa suprématie), l'amour, la perte, la désillusion, l'amitié...
Dans son roman, Colson Whitehead a rendu réel ce qui était un vaste réseau de chemins empruntés en surface, et souvent à pied. Là, il y a vraiment des gares, des rails, des locomotives... Et nous les visualisons donc dans la série.
« Enfant, en entendant parler du chemin de fer clandestin, j’imaginais que c’était un vrai chemin de fer. Le fait de transformer cette métaphore en quelque chose de réel me permettait d’avoir plusieurs mondes alternatifs, qui étaient autant de visions et de réflexions transversales : les races, l’eugénisme, les expérimentations médicales… » Magazine Lire – 458 – septembre 2017
J'ai vraiment retrouvé les différentes atmosphères du roman au fil du visionnage. Les images que je m'étais forgées se sont retrouvées sur l'écran. Jusqu'à celles où Cora perdait pied, où l'on ne savait plus très bien si elle les vivait ou délirait. C'est très fort. Et pour nombre d'entre elles, c'est dur, limite insoutenable. Et tellement fataliste. Le jeu des acteurs est saisissant, quel que soit leur rôle.
Une mini-série à voir, après avoir lu le roman!
Colin en noir et blanc (Netflix - 2021)
C'est grâce à Enna que j'ai découvert cette mini-série hybride entre la fiction et le documentaire, dans laquelle Colin Kaepernick revient sur ses années d'adolescence durant lesquelles il a dû puiser en lui-même pour prouver, à tous, que son choix (de carrière sportive) était le bon . Colin Kaepernick (que l'on voit en arrière-plan sur l'affiche) est un joueur de football américain qui a mis un genou à terre lors de l'hymne américain en 2016, pour protester contre le racisme aux États-Unis et les violences policières envers les minorités, alors que se déroulait l'élection présidentielle.
Au fil des épisodes, nous le voyons dans une pièce austère avec un grand cadre noir au fond pour présenter le contexte historico-sociétal et social dans lequel il a grandi, la réalité des différences de classe, de couleur et de culture. Et sa prise de conscience personnelle progressive, latente, ponctuée par des remarques, des attitudes, de plus en plus nombreuses, de moins en moins anodines. La caméra se déplace vers le cadre noir et cette période charnière de son existence est jouée par des acteurs.
Adopté par une famille Blanche, Colin, enfant métis né en 1987, a grandi relativement préservé jusqu'à ce que son excellence dans le sport (et notamment le base-ball et le football américain) comme (et surtout) le choix de son orientation ne commencent à l'exposer et à lui ouvrir les yeux. Les scènes relatives à ses cheveux (coupe afro, tresses, coiffeur Noir/coiffeur Blanc) sont éloquentes. Mais il y en a bien d'autres!
Alors qu'il recevait plein de propositions pour le base-ball, il était ignoré par le football, dans lequel il voulait se concrétiser en tant que Quarterback, un poste que son physique fluet ne prédestinait pas. Il s'est accroché, sa famille avec, et sa détermination a fini par payer. Mais quels efforts fournis! Quelle abnégation et confiance en lui quant tout et tous se liguaient contre lui.
Au-delà, sont aussi retranscrits les doutes, questionnements et joies de l'adolescence: amitié, premières amours...
Le jeu des acteurs n'est pas toujours bon, je me suis écriée plusieurs fois sur l'attitude des parents de Colin (ne voient-ils pas?, ne savent-ils pas? Sont-ils ignorants ou ne veulent-ils pas faire de vagues ?), les sacro-saintes positions des coachs (quels pouvoirs détiennent-ils!) qui déterminent tant.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce visionnage aussi passionnant qu'édifiant, réalisé par Ava Duvernay (tout est dit!). D'elle, j'ai vu Dans leur regard / When they see us et Le 13e. Et je vous encourage vivement à tous les regarder!
DOCUMENTAIRES
Qui a tué Malcom X ? - 2020 (Netflix)
Historien, militant et journaliste d'investigation, Abdur-Rahman Muhammad est fortement marqué par Malcom X, sa vie, son héritage, et le mystère entourant sa mort. Il a consacré plus de trente ans à faire des recherches, compulsé et trié des archives et documents, à interviewer et interroger différentes personnes, pour répondre à cette question qui titre ce documentaire de 6 épisodes de 43mn chacun. C'est passionnant, c'est tragique, c'est émouvant! Car tout en nous parlant de Malcom X, Abdur-Rahman Muhammad nous parle aussi de lui, de la condition de l'Homme Noir au passé comme au présent, et du Musulman aux Etats-Unis.
Je ne connaissais pas grand-chose de Malcom X, et je reconnais l'avoir surtout considéré en miroir de Martin Luther King. Pour l'un la non-violence et la mesure, pour l'autre l'appel à la violence et à une forme de communautarisme. Ce documentaire m'a permis d'apprendre et de nuancer cet avis manichéen et surtout infondé et de découvrir un homme doté d'un engagement profond, intègre et sincère. Martin Luther King et Malcom X ne s'adressaient pas aux mêmes catégories sociales, voilà pourquoi leur discours ne pouvaient que différer, comme leurs buts, bien qu'il y ait des similitudes, notamment sur la patience: "Combien de temps peut-on souffrir après avoir souffert pendant 400 ans?". Lui aussi parle du "Rêve" "By anydreams necessary"; et des conséquences de la ségrégation: "Toute la violence infligée par ce gouvernement, à travers le monde, nous revient de plein fouet dit-il après l'assassinat de Kennedy, qui ne serait que le résultat du climat de haine.
Au fil des 6 épisodes, nous oscillons entre le présent et l'enquête de terrain, le passé et les documents d'archives, qui sont entremêlés. Nous sont présentés la Nation de l'Islam, ses personnalités, son fonctionnement opaque; Malcom X, son passé trouble, sa transformation, son art oratoire; Différents fidèles et les mosquées, notamment celle de Newark; les accusés du meurtre de Malcom X, ceux désignés, ceux non recherchés; et puis la scission, une certaine amertume, le panafricanisme; le rôle de la police de New-York, celui de FBI, différents enquêteurs, les agents doubles... C'est édifiant! J'ai particulièrement aimé lorsque les paroles de Malcom X sont transposées sur des images d'aujourd'hui.
A présent, je souhaite lire, voir et encore apprendre au sujet de Malcom X, dont je regrette qu'il n'y ait pas plus de publications, notamment en littérature jeunesse (en français). J'ai pris plein de notes pendant mon visionnage, je regarderai à nouveau cette série et je suis preneuse de références!
Ce billet participe à l'African American History Month d'Enna
Belles lectures et découvertes,
Blandine