Eloge de la faiblesse. Alexandre JOLLIEN - 2019

Publié le 29 Janvier 2023

Eloge de la faiblesse

Alexandre JOLLIEN

Editions Marabout, 2019
96 pages

Thèmes : Philosophie, Dialogue, Autobiographie, Estime de soi

Né en 1975 en Suisse, Alexandre Jollien est un philosophe, conférencier et auteur de nombreux ouvrages.
Atteint d’athétose dès la naissance, il a été placé dans une institution spécialisée de ses 3 à 20 ans.
Une institution qui accueille des enfants atteints de différents handicaps moteurs et cérébraux, en vue leur offrir un futur le plus « normal » possible.

Sauf qu’Alexandre Jollien, tout en se comparant à cette « normalité » (qu’il convient de définir – ce qu’il fait dès les premières pages) n’en veut pas. On lui répète qu’il ne sera jamais comme Maradona, cela tombe bien, puisqu’il ne veut pas être comme lui, faire ce qu’il fait. Lui a sa volonté : étudier la philosophie. Et il se donne les moyens d’y parvenir, en dépit du regard d’autrui, individuel comme sociétal, qui le réduit trop souvent à un accident, pire à un échec. Ce que Sartre appelle la réification (« réduire l’autre au rang de chose (…) le pétrifiant et bloquant toute évolution »).

Hegel a beaucoup insisté sur la problématique du regard d’autrui. Il voit dans la rencontre de l’autre un moyen de s’élever, de grandir, de devenir pleinement humain… Sartre décrit tout au long de son œuvre, notamment dans sa célèbre pièce Huis clos, notre besoin viscéral et profond de nous sentir reconnu, besoin jamais assouvi.

Ainsi, dans ce court ouvrage, son premier livre, Alexandre Jollien évoque ses 17 années au fil d’un dialogue imaginaire avec Socrate.

Emaillant son récit de références philosophiques, il nous y décrit sa vie, son quotidien, ses camarades, l’amitié, le rapport à soi, la confiance et l’estime de soi et son désir de vie. Celle qu’il a choisie pour lui.

Il évoque le rapport à l’handicap, les regards ou réactions qu’il suscite, souvent maladroits, parfois blessants, empreints de bons sentiments mais qui peuvent entraver plus qu’encourager. De fait, il parle de la pitié qui, « par sa fadeur, anesthésie » quand le mépris est selon lui, « tonique ».

Comprendre, c’est pardonner

Madame de Staël

J’aime beaucoup Alexandre Jollien, que je suis sur les réseaux sociaux et que j’aime écouter, notamment lorsqu’il est convié à La Grande Librairie. Je n’avais encore jamais lu aucun de ses livres. Et c’est grâce aux études de ma fille que je l’ai enfin lu, afin d’en pouvoir discuter avec elle.  
Et cette lecture m’a beaucoup apporté.

« Eloge de la faiblesse », un titre en oxymore qui forcément interpelle, surtout dans un monde qui exècre la faiblesse. Mais il convient de « l’assumer jusqu’au bout, dans une lutte de tous les instants. Rien n’est acquis à jamais » pour « chercher à vivre meilleur ».

A la fois touchée par ce regard humain unique et par la valeur universelle et humaniste de ce livre, je l’ai lu deux fois, y trouvant à chaque fois des résonnances et des axes de réflexion pour « vivre meilleur ».
Car tout en nous parlant de lui, Alexandre Jollien nous parle aussi de nous.

On m’a appris un jour que « comprendre », au sens hébreu du terme, signifiait « goûter », « faire l’expérience de ». La connaissance, dans la culture hébraïque, diverge d’un certain intellectualisme, héritage du monde grec que tu [Socrate] connais beaucoup mieux que moi. Pour les juifs, se connaitre, c’est s’imprégner de sa propre histoire pour lui donner un sens, une signification, faire des expériences.

Le bonheur, s’il existe, s’oppose ainsi diamétralement à un confort quiet, tranquille, tiède. Il réclame une activité intense, une lutte sempiternelle ; il s’apparente à une plénitude désintéressée acquise dans un combat permanent…

Je ne peux que vous encourager à lire ce court ouvrage (à petit prix), qui a été adapté au théâtre en 2005 par Charles Tordjman, et couronné du Prix Mottart de l'Académie française ainsi que du Prix Montyon de littérature et philosophie en 2000.

Cet album participe au Challenge Feel Good de Soukee

 

Belles lectures et découvertes ! 

Blandine.

 

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N
Il m'est arrivé de l'écouter (et c'est toujours intéressant !) mais je ne l'ai encore jamais lu. A lire donc !
Répondre
B
Oh que oui!