On les aura ! BARROUX – 2011 (BD)
Publié le 23 Novembre 2022
On les aura !
Carnet de Guerre d'un Poilu
(Août - septembre 1914)
BARROUX
Éditions Seuil, septembre 2011
98 pages
Thèmes : Première Guerre Mondiale, Témoignage, Histoire, Mémoire
Paris, sur un trottoir, parmi plusieurs cartons humides et éventrés, négligemment jetés et entassés, un carnet attire l’œil de Barroux.
Un dessin d’antan, une décoration d’alors, une fine écriture crayonnée, pour nous livrer un précieux témoignage d’une richesse historique et humaine incroyable.
C’est le jour du départ. La mobilisation est décrétée, il faut partir, quitter femme, enfants, famille.
J’ai du courage, il le faut. 9 heures. C’est fini : adieu à tous. Nous, au revoir. Car je les reverrai.
3 août 1914, un homme part pour la guerre.
Au jour le jour, il écrit et décrit : le départ, l’attente de tout, les petites joies éphémères et précieuses, les douleurs lancinantes, le courrier délivrance…
Lui aussi se déleste, raconte, détaille. Les phrases sont nourries, nombreuses… puis se raccourcissent au fur et à mesure de l’avancée, du combat prévu, de la mort qui bien réelle… jusqu’à la blessure, qui éloigne.
Mais ne sauve pas.
C’est toujours la même vie, je m’ennuie à mourir et j’ai le cœur bien gros.
Je regrette parfois de n’être pas resté sur la ligne de feu.
Qui est-ce Polu, et qu’est-il devenu ?
Rien ne l’indique.
Brusquement, le journal n’est plus tenu.
En lieu et place de ses mots, des paroles de chansons, qui continue jusqu’en 1917. Peut-être sont-elles procuration…
Barroux, de son trait charbonneux au fusain noir et parfois trait fin à la mine de plomb, a illustré sur un papier épais et granuleux, le nouveau quotidien de ce nouveau soldat. Un trait faussement simple et très expressif mais dépourvu de chaleur et monochrome.
Dans des cases, telles des photographies/cartes postales, il a dessiné l’indicible, le ressenti, cette impatience paradoxale et constante, l’insouciance devenue oppressante, la pluie, la terre, la peur aussi. Et l’incrédulité. Le dessin de couverture le montre parfaitement, et offre une opposition à l’impératif du titre.
Par ce roman graphique, Barroux rend hommage à cet inconnu et fait œuvre de mémoire.
Il est triste et tragique que de tels objets et archives, bouts de vie devenus anonymes finissent ainsi, oubliés, jetés.
Ce ne sont pas les premiers trouvés, et transformés.
C’est ainsi que (entre autres) Philippe Nessmann a pu écrire son roman La Fée de Verdun, hommage à Nelly Martyl, et que je vous invite à découvrir !
Cet album participe au RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Fanny (CLIC); au "Petit Bac 2022" d'Enna, pour ma 6e ligne, catégorie Chiffre; et à mon Challenge consacré à la Première Guerre Mondiale; ainsi qu'à l'Objectif PAL d'Antigone
Retrouvez Barroux sur le blog avec:
- Album: Le pays du fond de la classe. Texte de Didier LEVY
- Album: Le Petit Chaperon Rouge. Texte de Gilles BIZOUERNE
- Album: Ogre, cacatoès et chocolat. Texte de Cécile ROUMIGUIERE
Belles lectures et découvertes !
Blandine.
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