Le cœur battant de nos mères. Brit BENNETT - 2017

Publié le 21 Octobre 2022

Le cœur battant de nos mères

Brit BENNETT
Traduit de l’américain par Jean ESCH

Éditions Autrement, août 2017
352 pages

Thèmes : Maternité, Parentalité, Amitié, Amour

Lecture Commune avec Natiora

Oceanside, banlieue ordinaire de San Diego, Californie

La première fois que nous en avons entendu parler (…) il y avait quelque chose de différent. Tous les grands secrets ont un goût particulier avant d’être révélés, et si nous avions pris la peine de faire tourner celui-ci dans notre bouche, nous aurions peut-être perçu l’aigreur d’un secret pas assez mûr, cueilli trop tôt, chapardé et transmis précocement.

Le secret de Nadia Turner, superbe jeune fille de 17 ans, tient dans son ventre, quand celui de sa mère est parti six mois plus tôt, lorsqu’elle s’est suicidée en silence.
Depuis Nadia va à la dérive, enchaînant les sorties, les garçons, les folies. Sans que son père n’en dise quelque chose, trop enfermé dans sa douleur et son impression d’utilité au Cénacle, institution religieuse protestante et noire. C’est à cette communauté aussi accueillante que commère et moralisatrice qu’appartiennent les Mères du titre et ce « nous », voix off qui nous parle à nous lecteurs tout au long du roman.


Voilà ce que serait sa vie désormais : accomplir les choses que sa mère n'avait pas faites...
Comment pourrait-elle être fière de dépasser sa mère alors qu'elle l'avait ralentie au départ ?

Nadia, 17 ans donc, s’est éprise de Luke Sheppard, le fils du Pasteur et serveur chez Fat Charlie. Enceinte, elle décide d’avorter pour ne pas compromettre son avenir qui commence à se dessiner avec son acceptation à l’Université du Michigan. Ces études qui l’emmèneront loin de cette morne existence rangée et constamment observée.

Luke lui donne l’argent, la laisse seule, ne vient pas la chercher au sortir de la clinique comme promis.
Une prise de conscience aussi amère que libératrice pour la jeune fille qui ne reviendra que de loin en loin à Oceanside au cours des treize prochaines années.

Dans d’autres lieux, dans d’autres bras, elle va tenter de vivre et d’oublier.
Oublier Luke qui, lui, n’y arrive pas.
Difficile de surmonter sa paternité manquée. « Notre Bébé » « Son Bébé », pas le bébé.
Difficile de revenir au football (américain) après avoir eu un accident qui lui a estropié la jambe, puis de succomber à la jalousie violente qui l’emmènera en rééducation.

C’est dans ce centre qu’Aubrey Evans va lui rendre visite, lui apporter un donut, avant qu’ils ne se rapprochent tous deux, se marient, et tentent d’avoir un enfant. 
Cruelle ironie.
De quoi réveiller les stigmates d’un acte manqué. 

Aubrey, meilleure amie de Nadia, qui ne sait rien de leur passé.
Qui est arrivée adolescente au Cénacle en pleurs, les priant de prendre soin d’elle après une enfance abîmée. Elle s’est réfugiée chez sa grande (demi-)sœur Mo, en couple avec Kasey, une femme.
Aubrey si douce et si discrète.
Et surtout si forte.

Nous l'avions toujours trouvée un peu bizarre, d'ailleurs. Rêveuse, comme si son esprit était un ballon accroché au bout d'une ficelle, qu'elle oubliait de ramener parfois.

Le cœur battant de nos mères suit la vie ces trois jeunes gens sur une dizaine d’années tout en la fondant dans la mémoire de ces « Mères », leur offrant un passé presque immémorial et une continuité, grâce à ce « Nous ». Le monde a été avant eux et le monde sera après eux.

Dès qu'un secret est révélé, tout le monde devient prophète.

Ainsi il est question de maternité, réelle, assumée, subie, ratée, manquée, physique, désirée, mais aussi spirituelle.  Et je trouve intéressant d'avoir aussi un point de vue masculin sur l'avortement, la représentation d'une "femme avortée" et le manque que cet acte peut engendrer chez un homme.
Il est aussi question de quête identitaire, de féminité, d’amour et d’amitié, de famille, de choix, d’homosexualité et du poids des rumeurs.
Richesse des thèmes que Brit Bennet entremêle très finement dans un récit marquant et lent, alors même que le roman se lit paradoxalement assez vite.

Qu’en a pensé Natiora ? Allons lire son avis !

Ce roman participe au "Petit Bac 2022" d'Enna, pour ma 6e ligne, catégorie Famille; au "Tour du Monde en 80 Livres" de Bidib; ainsi qu'à l'Objectif PAL d'Antigone

 

 

 

 

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

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V
Pourquoi pas, tiens... s'il croire mon chemin!
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Je n'ai plus qu'à croiser les doigts pour que ça soit le cas alors ;-)
F
J'avais bien aimé "l'autre moitié de soi". Bon week-end, chère Blandine, bises ;-)
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le résumé me plaît bien! Une lecture à tenter alors, merci Fondant pour la référence :-) Des bises!