Jamais plus. Colleen HOOVER - 2018

Publié le 16 Octobre 2022

Jamais plus

Colleen HOOVER
Traduit de l’américain par Pauline VIDAL

Editions Hugo Poche, collection « New Romance », avril 2018
448 pages

Thèmes : Violences, Famille, Amour, Premier Amour, Transmission

Jamais plus !
Lily Blossom Bloom se l’était promis !
Jamais plus, elle n’accepterait la violence physique, qu’un homme puisse frapper une femme, et que cette même femme, et a fortiori elle, reste, soumise, docile, sans rétorquer, et surtout sans partir.
Jamais plus la violence et l’emprise psychologiques.
Après avoir vu, et subi par procuration, celle que son père a exercé durant de trop longues années sur sa mère, et par ricochet sur elle, elle s’est faite cette promesse.
Et pourtant.

Il faut consacrer beaucoup de douleur et de courage pour rompre un schéma familier. Parfois il me semble plus facile de poursuivre une routine cruelle plutôt que d’affronter la peur de s’en évader, au risque de ne pas atterrir sur ses pieds.

La première fois que Rile l’a giflée, elle est restée interdite, se culpabilisant, l’excusant, se fustigeant, oscillant entre le désir de fuir et celui d’accepter ses regrets éplorés, ses promesses de « jamais plus ».

Elle se souvient.
De leur rencontre, originale, sur un toit, quand lui ne voulait surtout pas d'engagement, quand elle ne cherchait que le Grand Amour.
De leur relation qui a commencé plusieurs mois après, et qui est allée vite, très vite.

D’Atlas, son Premier Amour, dont elle revit l’histoire unique par l’entremise de de ses journaux intimes adolescents, écrits à Ellen DeGeneres, animatrice de talk-show qu’elle admirait alors et dont ils regardaient les émissions, enlacés.

De son rêve réalisé grâce à l’héritage paternel, devenir fleuriste avec un concept très atypique.
Et de son associée, la sœur de Rile.

Ce n’est pas parce que nous ne sommes plus sur la même vague que nous n’appartenons pas au même océan.

Dès les premières pages, j’ai été emportée dans cette double romance, aussi belles que douloureuses.
Colleen Hoover parvient à nous mettre réellement à la place de Lily aux deux âges de sa vie, l’empathie est complète et nous ressentons ce qui la galvanise autant que si que la brise.

Elle décrit avec beaucoup de justesse le cycle infernal des violences conjugales et leurs répercussions familiales, sociales et identitaires. Et à la lecture de la postface, nous comprenons comment elle y parvient malheureusement si bien.
Ce roman, bien que basé sur une fiction, s’inspire de faits aussi réels qu’intimes. Ce qui le rend encore plus bouleversant.
Et beau. Et fort.

Par son biais, Colleen Hoover souhaite inverser les questionnements et accusations. Inverser la honte.
Que les choses ne soient pas vues sous l'angle toujours culpabilisant des femmes ("pourquoi restent-elles?) mais bien sous celui des hommes ("comment peuvent-ils faire ça?").
Et rompre les transmissions.

Les gens passent leur temps à se demander pourquoi les femmes ne s'en vont pas. Où sont les gens qui se demandent pourquoi les hommes les maltraitent ? Ce n'est pas sur eux qu'il faudrait plutôt tourner ses reproches ?