Les Victorieuses. Laetitia COLOMBANI - 2020

Publié le 18 Septembre 2022

Les Victorieuses

Laetitia COLOMBANI

Le Livre de Poche, juin 2020
240 pages

Thèmes : Entraide, Femme, Sororité, Parcours de vie

Les Victorieuses se nomment Solène, Blanche, Binta, Sumeya, Cvetana, Salma, Renée, Cynthia, etc.
Elles viennent de tous horizons, temporels, géographiques, sociaux.
Toutes ont traversé des épreuves déchirantes, difficiles, destructrices.
Elles ont connu la guerre, l’abandon, l’exil, les abus de toutes natures, l’effroi, la perte, l’épuisement, le dégout.
L’une a dû choisir entre ses enfants dans sa fuite, l’autre veut un autographe de la Reine d’Angleterre, une autre veut trier ses prospectus, quand une quatrième dort dans un des salons entourée de toutes ses affaires, alors que l’une tricote sans expression, l’autre pique sans cesse des colères noires et une autre perd pied, totalement, quand une autre sait exactement ce qu’elle veut et trouve tous les moyens pour l’obtenir.

Faire quelque chose pour les autres. Pourquoi pas du bénévolat ?
Il faut sortir de soi, se tourner vers les autres, retrouver une raison de se lever le matin. Se sentir utile à quelque chose ou à quelqu’un.

Toutes doivent composer, s’affirmer, se reconstruire, réapprendre à vivre, à avoir confiance, à avoir envie.
Toutes apprennent et s’enrichissent des autres, s’entraident et partagent, non sans heurts.
Toutes ont pour lieu commun Le Palais de la Femme.
Un lieu majestueux situé dans le 11e Arrondissement de Paris, appartenant à l’Armée du Salut, dédié à la prévention de l’exclusion sociale et à l’insertion, qui accueille principalement femmes isolées, avec ou sans enfants et dont la vocation s’est élargie au fils des années.

Un lieu né d’une abnégation sans failles pour venir en aide aux Femmes, dans l’espoir fou que la pauvreté ne soit plus, dans l’utopie de l’empathie et de l’humanité.

Il est des lettres qu'on écrit à la main. Et qu'on dicte avec le cœur.
C'est sans doute la tâche la plus difficile qui lui ait été confiée. Elle n'avait pas saisi jusqu'alors le sens profond de sa mission : écrivain public. Elle le comprend seulement maintenant. Prêter sa plume, prêter sa main, prêter ses mots à ceux qui en ont besoin, tel un passeur qui transmet sans juger.

Après La Tresse, un roman lumineux qui voyait s’entremêler le destin de trois femmes sans qu’elles n’aient rien en commun sauf une chose, Laetitia Colombani écrit à nouveau sur la condition des femmes, le don de soi et la sororité.
Elle entremêle le présent au passé, l’ici et l’ailleurs, les situations et caractères de chacune, pour nous décrire l’histoire de ce lieu unique et de ceux qui l’ont permis et que l’Histoire ne retient pas toujours, comme de celles qu’Il sauve.
Elle use pour cela de chapitres courts dont elle alterne la temporalité et les personnages, avant d’introduire une mise en abyme, joliment amenée. C’est un procédé que j’aime énormément. Qui lie et relie, pour un roman émouvant et espérant.

Elle écrit aussi sur les mots, qu’ils soient à l’écrit ou à l’oral, leurs pouvoirs et leurs limites, les rêves qu’ils permettent, les barrières qu’ils font tomber, la liberté qu’ils octroient, les rencontres qu’ils engendrent.

Une plaque y est apposée.
Dessus, un nom. Celui d’une inconnue. Blanche Peyron.

Plus tard, Solène fera des recherches et découvrira l’histoire de cette femme dont l’Histoire a effacé le nom. Une femme qui s’est battue, il y a presque cent ans, pour que d’autres femmes aient un toit.

Pour aller plus loin et découvrir :
•    Qui était Blanche Peyron (et son mari Albin)
•    L’histoire du Palais de la Femme et des missions actuelles
•    Le site « jemengage.fr » de la Mairie de Paris
 

Ce roman participe à l'Objectif PAL d'Antigone.

 

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

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