Le Chant des secrets. Tamara McKINLEY - 2010
Publié le 25 Septembre 2022
Le Chant des secrets
Tamara McKINLEY
Traduit de l’anglais par Catherine LUDET
France Loisirs, 2011
L’Archipel, 2010
622 pages
Thèmes : Australie, Famille, Secret, Transmission
Lecture Commune avec Nathalie
Lady Catriona Summers, célèbre cantatrice australienne, est née en 1921 dans une famille de saltimbanques. Ils ont vu leur métier disparaître progressivement alors que la Dépression faisait rage et que le cinéma s'imposait, changeant les loisirs des gens, ternissant leur réputation d’artistes.
Chaque nouvelle ville signifiait un nouveau spectacle, au milieu d’un cycle ininterrompu de voyages inconfortables, de répétitions et d’essais de costumes.
Elle n’avait pour amis que les hommes et les femmes de la troupe, et pour professeur que son père, qui lui faisait apprendre par cœur de grandes tirades de Shakespeare afin qu’elle puisse les interpréter sur scène quand elle serait un peu plus grande.
N’ayant connu que la vie de nomade et étant considérée partout comme une étrangère et une bohémienne, elle aspirait au calme, à la stabilité, et à la chance de s’installer dans un endroit d’où elle ne serait pas obligée de partir.
Après avoir vu ses membres se disperser et la misère poindre, Catriona et sa mère, Viola, ont enduré des mois sombres et douloureux: perte de leur père et époux, survie grâce à un homme que l’on devine mauvais alors que lui-même profite de la générosité d’un « ami » qui, lui, aide Catriona jusqu’à sa subite disparition, subir des violences psychologiques et physiques, s'enfuir vers Sydney, se construire une nouvelle vie à force d'abnégation, de silences et de travail.
Car si Catriona parvient au sommet, c'est grâce à une voix exceptionnelle et un talent inné, mais aussi, et surtout, suite à de nombreux sacrifices, de grandes désillusions et un lourd secret.
Même si, tout au long du roman, celui-ci est peu nommé, voire absent, on ressent son poids et la certitude de sa révélation, qui ne pourra se faire sans mal, au fur et à mesure du passage des années.
Cet épais roman retrace donc toute la vie de Catriona, de sa naissance à son grand âge.
Avec ses espoirs, doutes, victoires, douleurs et échecs. Comme ses rencontres, succès, envies, et retrouvailles.
Les douces ondulations se dessinaient sur le ciel nocturne comme le dos arrondi de baleines figées au moment de leur plongeon dans une mer de verdure.
Tandis que Billy ouvrait le chemin, sa voix s’éleva en une étrange mélopée, portée par le vent léger et accompagnée par le frôlement de l’herbe haute. Lentement engloutis dans l’ombre des collines, les promeneurs étaient entraînés au cœur du lointain passé, dans le Temps du Rêve, à l’époque où les premiers esprits des ancêtres avaient laissé la trace de leurs pas sur la terre nouvellement créée.
Dès les premières pages, j’ai été transportée au sein de la troupe du music-hall, avec sa vie sur les routes, les caractères complices, fusionnels, de Viola et Damian. Je me suis aisément représentée les paysages, la vie dans les roulottes bigarrées, les costumes multiples, les numéros devant spectateurs, puis les endroits où ont vécu Catriona et Viola.
J’ai été touchée par leurs difficultés croissantes et les souffrances endurées par elles deux. Surtout par Catriona.
Pourtant, passée la moitié du roman, mon enthousiasme a été freiné par un changement dans la narration.
L’autrice la resserre pour se concentrer sur la carrière de Catriona, qu’elle survole pourtant, puis sa vie dans l’Outback et les relations qui l’unissent aux différents personnages.
Le passage des ans se fait sans distinction textuelle, sans saut de ligne, paragraphe ou chapitre. Et cela m’a déstabilisée, et même tenue à distance. Je n’arrivais pas à m’attacher aux personnages.
J’ai aussi trouvé que l’autrice faisait des longueurs inutiles, se répétait beaucoup sur le passage du temps, les enfants qui grandissent, la nostalgie du temps écoulé, la chance que Catriona avait, mais aussi des clichés quant aux filles/femmes et l’attirance qu’elles peuvent susciter chez les hommes, etc.
Jusqu’à l’épilogue, finalement facile, totalement convenu.
Je vais te raconter le Temps du Rêve et t’expliquer pourquoi la mort ne mérite pas de larmes.
Si la première moitié est vraiment très forte et que la seconde partie recèle tout de même son lot d’émotions avec quelques passages sur la culture et les croyances aborigènes, je suis déçue par cet épais roman, servi par un titre polysémique (ce que j'aime).
Surtout après avoir lu (et relu) La Dernière valse de Mathilda, un roman choral aussi dur et subtil, que poignant et magnifique.
J’ai d’autres romans de Tamara McKinley dans ma PAL, je vais attendre un peu avant de m’y plonger.
Qu'a pensé Nathalie de ce Chant des Secrets? Allons lire son avis!
- Comme ces brins d'herbes, nous sommes envoyés sur ce sol par le souffle de la déesse du Soleil, afin de protéger notre mère la Terre. Pendant que nous plantons nos graines pour les nouvelles générations, nous vieillissons. Un jour, la déesse du Soleil nous rappelle à elle. Quand elle chante, il nous est impossible de ne pas répondre à son appel, car elle nous indique que le temps est venu de nous reposer.
Ce roman participe au "Tour du Monde en 80 Livres" de Bidib; et au "Petit Bac 2022" d'Enna pour ma 6e ligne, catégorie Art.
Belles lectures et découvertes,
Blandine