La Passeuse d'histoires. Sejal BADANI - 2021

Publié le 12 Août 2022

La Passeuse d'histoires

Sejal BADANI
Traduit de l’anglais (USA) par Eve BORELLI

Éditions Charleston, septembre 2021
576 pages

Thèmes : Famille, Transmission, Inde, Condition de la femme

Lecture Commune avec Hilde, Nathalie et Rachel

Depuis longtemps, Jaya sait ce qu’elle veut.
Devenir journaliste, même si sa mère voulait qu’elle soit médecin.
Epouser l’amour de sa vie, Patrick, avoir un bel appartement joliment meublé.
Puis devenir mère.
Cela devait se dérouler ainsi.
Mais malgré de nombreux traitements douloureux physiquement et psychologiquement, Jaya n'a pas pu être mère. Trois espoirs déçus qui lui ont coûté son mariage. 

Choquée par ces échecs, déboussolée sans savoir comment avancer, elle décide de se rendre en Inde, dans le Maya Pradesh, d'où sont originaires ses parents. 
Cette envie soudaine et inexpliquée fait suite à la réception d’un courrier annonçant la mort imminente de son grand-père maternel, Deepak, et au refus catégorique, obtus, incompréhensible de sa mère de s’y rendre.
En y allant, Jaya espère trouver des réponses.
Sur son passé familial, sur elle-même, sur son avenir, sur sa mère qui est si secrète.

Ma promesse était le prix à payer pour ma naissance. C’est tout ce que tu as besoin de savoir.

Arrivée quelques jours trop tard, elle fait la connaissance de Ravi, un homme qui a servi sa vie durant sa grand-mère Amisha, en dépit de son statut d'Intouchable, et qui était son ami. C'est son histoire à elle qu'il lui dévoile au fil de chapitres qui alternent les présents de Jaya et d’Amisha. Ce faisant, il se raconte lui aussi, emmenant Jaya faire connaissance avec ses racines comme avec sa famille.

Alors que tout est plus différent, plus difficile, le contraste apaise Jaya qui prend du recul, fait des liens, qui apprend, comprend. Qui se sent proche de cette grand-mère qu’elle n’a jamais connue et qui sent le besoin de s’ouvrir à sa mère, qu’elle a le sentiment de découvrir.

Avec les années, il a accepté ce que nous devons tous admettre : ceux qui partent ont une raison de le faire plus puissante que tout ce qui les ferait rester.

Même si on devine assez aisément et rapidement plusieurs éléments du récit, sa lecture est très agréable et immersive. On se représente sans peine les personnages et leur caractère, les conditions de vie en Inde avec ce qui demeure et a changé (depuis les années 1930/40 et Amisha), le saisissant contraste d’avec les Etats-Unis d’où vient Jaya (on apprend pourquoi dans le récit). C’est aussi un roman sur la confiance, le respect et l’accomplissement de soi.
Je me suis interrogée sur certains choix (du titre aux décisions des personnages), certains passages m’ont remuée, et tiré quelques larmes aussi.
J’ai aimé les explications des différentes Fêtes qui rythment l'année, les descriptions du Cachemire, qui m’y ont littéralement transportée, comme les évocations culinaires.

Avec Ravi, elle avait préparé le kachori pour cette occasion. Cuisiner ces beignets farcis de lentilles moong dhal jaunes, de poivre noir, de poudre de chili rouge et de pâte de gingembre, les avait occupés une bonne partie de la nuit. Ravi avait prévu comme accompagnement un plat de chivda : un mélange de lentilles frites, de cacahuètes, d’épices et de nouilles de farine de pois chiches.

Si ses thèmes (la famille et ses secrets, la transmission abîmée, les secrets et l'amitié, la condition de la femme en Inde et la présence britannique) et leur traitement, sont déjà vus, ce sont des thèmes qui me touchent toujours très fort et que j’aime lire. J’ai cependant découvert d’autres éléments traditionnels (à l’encontre de la femme) et culturels (les Fêtes) qui enrichissent mes connaissances.

Ici, on croit que quand la lune cache le soleil, les ténèbres peuvent se répandre dans notre monde. […]. Mais ce n’est pas toujours au soleil de nous éclairer. Dans l’obscurité, nous devons chercher les étoiles, car leur éclat a un pouvoir spécial.

J'ai aimé qu'en filigrane soit racontée l'indépendance de l'Inde et les changements sociétaux et sociaux qu’elle pourrait engendrer et qui questionnent les gens "simples" pris entre l’individu, le groupe et la société, et toujours, la place de la femme (qui d’ailleurs, n’est pas meilleure en Angleterre, mais sous une autre forme).

La Passeuse d'histoires est un très beau roman, qui happe et résonne, servi par une magnifique couverture !


Qu’en ont pensé Hilde, Nathalie et Rachel ? Allons lire leurs avis !

Ce roman participe à nos Etapes Indiennes avec Hilde ; au "Tour du Monde en 80 Livres" de Bidib; ainsi qu'à "Des livres et des écrans en cuisine" de Bidib et FondantGrignote

 

 

 

 

Pour notre défi, ce roman coche les cases : Fête de Holi / Mariage / Cuisine /  Roman / Etape en Angleterre

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

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B
Merci pour le partage. passe une bonne journée
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Merci pour ton commentaire! Bonne journée à toi aussi!
H
Les histoires se ressemblent parfois un peu par certains aspects mais les thèmes continuent de me toucher, les personnages aussi. J'ai encore passé un beau moment de lecture en dévorant ce roman. Encore une belle découverte avec Les Etapes Indiennes pour ma part. :)
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B
belle découverte partagée! Merci pour cette LC ;-)
R
Et bin cela va etre difficile de faire ma critique apres....;)
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B
j'en suis désolée ;-)
N
Oui, ça a été une lecture agréable ! Je viens d'ajouter ton lien ;)
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B
Merci :-)
A
Encore un livre que je vais ajouter à ma pile de livres à lire, mais bien au-dessus !!!!
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B
Hihi, quelle bonne idée ;-) Il se lit bien en plus d'être immersif ;-)