L'orpheline du bois des Loups. Marie-Bernadette DUPUY - 2003

Publié le 19 Juin 2022

L'orpheline du bois des Loups

Marie-Bernadette DUPUY

Éditions France Loisirs, 2003
512 pages

Thèmes : France, Terroir, Famille, Histoire

En 1906, Marie, jeune orpheline de 13 ans, détentrice de son certificat d’études, quitte l’orphelinat d’Aubazine (Corrèze) dans lequel elle est entrée à 3 ans pour aller travailler chez Jean Cuzenac, riche propriétaire terrien de Chabanais (Charente).

Mais Mme Amélie Cuzenac ne désire pas voir l’enfant, aussi est-elle confiée aux bons soins de Nanette et de son mari Jacques, le couple de métayers du "Moussur", parents de Pierre, du même âge que Marie.
Elle découvre la vie et le travail à la campagne, les médisances du village sur ses origines « douteuses », les soins aux animaux, la compagnie unique de Pierre. 
Les deux enfants s'aiment et se promettent l’un à l’autre.

Le chemin longeait le creux de la vallée. Marie et Pierre marchaient devant Nanette et son mari.
Le soleil jouait à travers les jeunes feuilles des arbres.
A droite, serpentait un ruisseau couleur de rouille et qui s’argentait sur les roches à fleur d’eau… Marie était éblouie ! Jamais elle n’aurait cru que la campagne pouvait être si belle. Son regard ne savait plus où se poser en ce printemps radieux, tant il y avait de lumière et de verdure… L’air tiède sentait bon le renouveau.

Son enfance est à nouveau perturbée lorsqu’elle doit monter aux Bories pour entrer au service de Madame, subir la présence du neveu de celle-ci, Macaire, gonflé d’arrogance et qui n’aura de cesse de l’ennuyer, jusqu’à vouloir l’agresser.
Lorsque sa Maîtresse meurt subitement, Marie apprend qu’elle est la fille de Jean Cuzenac, ce qui lui permet de connaître l’histoire de ses origines. 
Son ordinaire change mais pas sa simplicité de caractère.

Comme promis, elle épouse Pierre, son amour de toujours, et se fait à son tempérament jaloux, impulsif. Il souffre d’un sentiment d’infériorité sociale et intellectuelle, renforcé par la perte d’une jambe à la guerre. Il en devient irascible, mauvais.
Sentiment qui n’est pas atténué par les naissances de leurs trois enfants, après avoir perdu leur premier.
Sa vie est plutôt paisible, Marie retrouve sa sœur de cœur, Léonie, qui vit sans être mariée avec Adrien, avec qui elle s'entend instantanément. Mais les affres de Pierre, la mort brutale de son père, et la venue de Macaire qui revendique la propriété et l’en chasse, assombrissent son avenir.

Revenue sur ses terres d'enfance, Marie devient institutrice, perd son mari, refait sa vie, voit la guerre revenir, ses enfants grandir…
Chacun avec leurs personnalités, leurs désirs, leurs projets… Aspirations nouvelles de la nouvelle génération, éprise de liberté, de nouveauté.
Pour Marie, il faut s’adapter, continuer, vivre.

Je préfère évoquer le bonheur plutôt que le chagrin, les réussites plutôt que les échecs. Par gêne aussi, pour respecter la mémoire de ceux qui ne sont plus.

Premier tome d’un diptyque, L’orpheline du bois des loups m’a tout de suite plu.
Je me suis tout de suite bien sentie dans ce roman terroir du début du XXe siècle agrémenté de quelques mots de dialectes locaux pour mieux nous le représenter.
L’écriture de Marie-Bernadette Dupuy est empathique et immersive. On ressent toute la tendresse qu’elle éprouve pour Marie d’abord, ses personnages ensuite.

Saga familiale à l’atmosphère rude et champêtre, elle nous décrit le temps qui passe, la vie simple des hommes et des femmes en ces temps-là, les tensions sociales et financières, avec en toile de fond, l’Histoire qui rattrape les personnages, déjà étreints par leurs émotions. Il y a les Guerres, l’Occupation, les politiques locales, les désirs d’émancipation, la place de la femme, en tant que telle, épouse ou mère. Il faut recontextualiser mais j’ai pas mal soupiré quand même !
Elle offre à Marie une humilité certaine dans une vie qui ne manque pas de rebondissements et d’épreuves. Le ton n’est pas fataliste, déterministe mais au contraire lumineux. 
Ses thèmes de la famille, de la filiation et de l’impact de la Grande Histoire sur les petites histoires me renvoient aux romans d'Alice Ferney (sans en atteindre la portée littéraire cependant): L'élégance des veuves et Les Bourgeois.

Ce roman participe au "Petit Bac 2022" d'Enna, pour ma 3e ligne, catégorie Animal; au challenge Cottagecore de MissyCornish; ainsi qu'à l'Objectif PAL d'Antigone

 

 

 

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

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A
La couverture est jolie et l'histoire semble passionnante.
Répondre
J'aime beaucoup les petites histories dans la Grande, c'est humble, important et universel tout à la fois