George Sand Fille du siècle. Séverine VIDAL et Kim CONSIGNY – 2021 (BD)
Publié le 8 Juin 2022
George Sand
Fille du siècle
Scénario de Séverine VIDAL
Dessin de Kim CONSIGNY
Editions Delcourt / Encrages, mars 2021
344 pages
Thèmes : Biographie, Classiques, Ecrivain, XIXe siècle, France, Condition de la femme
George Sand est née Aurore Lucile Dupin de Francueil à Paris le 1er juillet 1804 et est décédée dans sa propriété du château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. De par son père, Maurice, elle a une ascendance noble, mais populaire de par sa mère, Sophie-Victoire Delaborde. Cette double origine la déchirera autant dans son enfance qu’elle l’enrichira dans sa vie de femme, d’autrice et de personnalité engagée.
Orpheline très jeune de père, sa mère et sa grand-mère paternelle se disputent l’orientation de son éducation et ses fréquentations, entre la propriété de Nohant, dans le Berry, et Paris.
Une belle graphie ne sert à rien si on ne sait pas à quoi sert l’écriture !
D’un caractère affirmé et entier, limite rebelle, avec réparties bien senties mais toujours justes, Aurore entend très tôt être libre.
Après deux ans au Couvent, elle croit pouvoir l’être dans le mariage avec Casimir, Baron Dudevant, mais la désillusion est amère.
De cette union bien vite séparée, naissent Maurice, surnommé Bouli, et Solange. Les deux enfants seront un sujet constant de discorde avec son époux, puis d’inquiétudes ou de fierté, en tant que mère puis grand-mère.
Je désire une vie d’espérances, de risque et de bonheur !
Doté d’une belle imagination et d’une aisance avec les mots, Aurore écrit très tôt des histoires qui ravissent sa grand-mère. Désireuse de vivre de sa plume et heureusement indépendante financièrement, Aurore comprend malheureusement qu’étant femme, la chose est compliquée, sinon impossible.
Partageant avec son amant Jules Sandeau ses premiers romans signés J. Sand, elle gagne bien vite son autonomie littéraire comme vestimentaire en s’habillant en homme (avec une permission de travestissement accordée par la Préfecture de Police et s’appelle désormais George Sand.
J’ai peur d’ennuyer comme la vie ennuie…
De 1832 à sa mort, elle va écrire plus de 70 romans et 50 volumes d'œuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre, des articles de journaux et des textes politiques. Tout en multipliant les rencontres amoureuses certes, mais aussi amicales, culturelles et militantes.
Autour d’elle graviteront de manière appuyée, éphémère, épistolaire, concurrentielle ou constante : Charles Duvernet, Alphonse Fleury, Prosper Mérimée, Alfred de Musset, Gustave Flaubert, Franz Liszt, Frédéric Chopin, Victor Hugo, Honoré de Balzac, Eugène Delacroix, Marie Dorval, Charles Baudelaire… Pour ne citer qu’eux…
Dans le temps où le mal vient de ce que les hommes se méconnaissent et se détestent…
… la mission de l’artiste est de célébrer la douceur, la confiance, l’amitié, et de rappeler ainsi aux hommes endurcis ou découragés…
… que les mœurs pures, les sentiments tendres et l’équité primitive sont, ou peuvent être encore de ce monde.
C’est ce personnage unique et pluriel, mouvant et fascinant que Séverine Vidal et Kim Consigny nous dévoilent en s’appuyant sur ses paroles (et celles d’autres), ses textes, ses correspondances, les évènements historiques et après s’être rendues sur les lieux qui l’ont marquée.
Biographie personnelle et professionnelle, portrait social de son époque, elles retracent toute sa vie dans un scénario dense qui parfois m’a échappé. Si l’ensemble est fluide et agréable à lire et voir, certains enchaînements ou situations m’ont perdue. La page Wikipédia, lue en parallèle, qui lui est consacrée, m’a permis de faire les liens manquants.
Car de George Sand, je ne connaissais rien, à peine le titre d’un ou deux de ses romans. Je ne suis même pas sûre de l’avoir lue en lecture scolaire, ne serait-ce que dans des extraits (en même temps, si ça avait été un livre entier, je m’en serais souvenu vu leur pénibilité, à quelques exceptions près.)
Je partais donc de très loin et n’imaginais pas la profondeur du personnage : sa liberté de parole, gestuelle, et encore moins son engagement politique, malheureusement en avance et qui lui causera de douloureuses déceptions, sans qu’elle craigne pour autant la calomnie ou l’insulte.
Je hais le sang répandu et je ne veux plus de cette thèse : « Faisons le Mal pour amener le Bien, tuons pour créer. » Non, non ; ma vieillesse proteste contre la tolérance où ma jeunesse a flotté.
Maudissez tous ceux qui creusent des charniers. La vie n’en sort pas.
C’est une erreur historique dont il faut nous dégager. Le Mal engendre le Mal. Apprenons à être révolutionnaires obstinés et patients, jamais terroristes.
Côté dessins, j’ai aimé le trait fin et expressif de Kim Consigny. Usant uniquement du noir et blanc, elle alterne les tailles et les cadrages, les pleines pages comme le contenu des cases, tantôt muettes, tantôt épistolaires, ou s’affranchissant même de cadres. Cela permet de donner du rythme et de garder un intérêt constant au volume qui comporte plus de 300 pages !
George Sand, fille du siècle est une biographie à lire et relire, et qui me donne envie (enfin !) de découvrir son écriture à elle. Et La mare au Diable me tente bien pour commencer !
Ce roman graphique participe au RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Moka (CLIC); à notre Challenge dédié aux Classiques avec Nathalie ; au "Petit Bac 2022" d’Enna, pour ma 5e ligne, catégorie Famille; au "Tour du monde en 80 Livres" de Bidib
Lisez aussi les avis de Moka; Fanny; Nathalie
De Séverine Vidal, retrouvez sur le blog:
- Album: Tandem. Illustrations d'Irène BONACINA
- Album: Huit saisons et des poussières. Illustrations d’Anne MONTEL
- Album: L’œil du pigeon. Illustrations de Guillaume PLANTEVIN
- Roman jeunesse: Il était 2 fois dans l’Ouest. Illustrations d’Anne-Lise COMBEAUD
Et de Kim Consigny: La revanche des Princesses. Collectif d’autrices
Belles lectures et découvertes,
Blandine