Que reste-t-il de nos rêves ? Tomes 1 et 2/2. Yumi Sudô – 2022 (Mangas)
Publié le 11 Mai 2022
Que reste-t-il de nos rêves ?
Tomes 1 et 2/2
Yumi Sudô
Traduit du japonais par Dominique SYLVAIN et Franck SYLVAIN
Atelier Akatombo, avril 2022
158 et 145 pages
Thèmes : Japon, Amour, Femmes, Famille, Traditions
2018,
Kiyoko Ito, 85 ans, grand-mère et arrière-grand-mère, aime à relire des livres qui lui ont plu mais qu’elle a oubliés... comme tant d’autres choses. La maladie l’assaille, la mémoire la fuit. Mais elle lui revient pourtant, le temps d’une visite d'autant plus brève que Mitsu Sonoda, 85 ans aussi mais en grande forme physique, est tuée le lendemain par un chauffard.
Dès lors, des réminiscences affluent et lui font remonter les décennies, jusqu’à leur adolescence, leur dernière année de collège, quand en 1948, elles se sont rencontrées. Ainsi le dessin entremêle leurs apparences physiques, entre leurs âges et à leurs 15 ans, leur conférant un sentiment d’éternité.
Kio, tu as passé plus de temps avec moi qu’avec ta famille.
Ce qui restera à la fin, ce seront tes souvenirs de moi.
Au fil des chapitres qui égrènent les années, leur relation nous est dévoilée.
Un amour impossible.
Deux vies contrariées, qui se sont construites en opposition l’une de l’autre, faites de séparations et de retrouvailles, de fuites et de peurs, de dons indicibles et de non-dits, de décisions par défaut et de choix forcés.
Au fil du temps qui remonte, leurs caractères, si différents, se révèlent et s’observent dans les détails troublants des dessins minutieux.
La timide n’est pas celle que l’on croit, l’indépendance de l’une s’est faite en dépit de l’autre, le miroir est constant.
Dès lors, où se situe leur liberté ?
La meilleure façon de rendre service, c’est de ne pas mourir avant ses parents.
Entre elles et leurs désirs, se dressent la société patriarcale et le poids de ses traditions familiales (la fratrie, l’« adoption »), la place laissée aux femmes (épouse et mère) avec les mœurs qui changent pourtant... mais si lentement, trop tardivement pour elles.
En parallèle de leur histoire à elles deux, nous sont restituées différentes époques du Japon, entre la fin de la guerre et aujourd’hui. La mangaka fait des références à des auteurs ou films célèbres mais non récents, comme à des faits divers qui ont secoué l'Archipel. Et de s’interroger sur la vieillesse féminine.
Ce sont mes dernières vacances d’été et je ne veux pas avoir de regrets.
C’est le titre, éminemment mélancolique, de ce diptyque qui m’a attirée. Et une fois n’est pas coutume, j’ai lu (et relu) d’une traite les deux tomes, dont j'aime énormément le procédé narratif.
Un grand soin est apporté aux objets-livres, avec leurs couvertures qui se complètent et leurs pages épaisses. Les dessins sont très beaux, beaucoup de douceur s'en dégage malgré la dureté de ce qu'elles vivent.
Je ne peux que vous recommander cette lecture intime et bouleversante, dont je ne suis pas sûre d’avoir bien parlé, tant elle m’a émue.
La détestation, c’est la doublure de l’amour.
Ce manga participe au RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Moka (CLIC); à "Un Mois au Japon 2022" d'Hilde et Lou; au "Tour du Monde en 80 Livres" de Bidib; au "Petit Bac 2022" d'Enna pour ma 5e ligne, catégorie Verbe.
Découvrez aussi l'avis de Tachan;
Belles lectures et découvertes,
Blandine