Le roman de Boddah (Kurt Cobain). Nicolas OTERO – 2015 (BD)
Publié le 6 Avril 2022
Le roman de Boddah
Comment j’ai tué Kurt Cobain
Nicolas OTTERO
D’après le roman éponyme d’Héloïse GUAY DE BELLISSEN
Editions Glénat, septembre 2015
152 pages
Thèmes : Kurt Cobain, Biographie, Adaptation, Musique
Le 5 avril 1994, Kurt Cobain se tirait une balle dans la tête dans sa maison de Seattle.
A côté de lui, une lettre, adressée à Boddah, son ami imaginaire depuis l’enfance, qu’il n’a jamais vraiment quittée.
Pour compenser l’humiliation paternelle, le désastre familial, le mal-être adolescent, la dépression chronique, la solitude du succès fulgurant, la passion Love, l’hypersensibilité exacerbée par les drogues, l’insondable mal-être, la terrifiante transmission de son autodestruction.
Je suis un gosse trop fantasque, trop capricieux !
Je n’ai plus la passion, et, souvenez-vous, il vaut mieux brûler que se consumer.
Paix, Amour, Compassion, Kurt Cobain
En huit mois, investissant totalement son sujet, Nicolas Otero a adapté le roman éponyme d’Héloïse Guay de Bellissen, que je n’ai pas lu, mais dont j’aime la perspective. Boddah.
Un angle intime, le double, l’alter-ego, le confident de Kurt, qui ne juge pas ni ne conseille mais qui est présent, toujours.
Le dessinateur l’a représenté comme un Kurt plus fort, plus costaud, plus trapu, au nez de boxeur.
Narrateur, Boddah nous raconte Kurt dans des récitatifs couleur kraft, seule couleur avec les quelques éparses et aquarellées lorsqu’il apparaît aux autres, notamment à Courtney.
Putain, vous avez entre les mains l’histoire du seul ami imaginaire qui a traversé toutes les étapes de la vie d’un humain.
Passant sur l’enfance de Kurt et les débuts de Nirvana, le récit se compose de scènes réelles et imaginaires, de dialogues reconstitués comme avérés. Il commence vraiment avec le succès de Nevermind, et se poursuit en axant principalement sur la relation aussi passionnée, fusionnelle qu’impossible avec Courtney Love, consumée par l’addiction à l’héroïne et autres cocktails pharmaceutiques.
« Deux paumés ne font pas un trouvé », tu sais !
La musique, qui le porte, le contient, le relie au monde aussi, reste présente par anecdotes bien choisies : le riff volé pour Come as you are ; le duel de Curly ; l’apparition dans Nulle Part Ailleurs ; SA guitare unique ; le célèbre live intimiste pour MTV, et surtout par des scènes de concerts, transcendantes, puissantes.
L’existence est redevenue une bonne dose de merde et il redevient fidèle à lui-même :
Triste à en crever.
Vas-y Kurt, prends ta haine à bras-le-corps, allez...
Cette musique, grunge, cathartique, au son saturé, explose en trois tons de gris dans chaque planche, dans chaque case, aux limites souvent franchies.
Les dessins s’en trouvent envahis de bruits, d’odeurs, de sexe, de douleurs. C’est à la fois beau, intime, galvanisant et repoussant. Ils nous conduisent à la reproduction de sa lettre d’adieu.
Plusieurs cases font des références, dont une au roman graphique God Speed. Une vie de Kurt Cobain de Legg, McCarthy et Flameboy, présenté ICI. L’un l’autre se complètent magnifiquement !
A lire avec la musique à fond !
Cet album participe au RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Noukette (CLIC); au "Petit Bac 2022" d'Enna pour ma 4e ligne, catégorie Objet; et à l'Objectif PAL d'Antigone
Belles lectures et découvertes !
Blandine.