C'est lundi, que lisez-vous? #378

Publié le 10 Janvier 2022

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

ROMAN JEUNESSE

Si tu savais. Benoît BROYART. Oskar Editeur, mai 2012

Amoureux, un jeune lycéen décide de déclarer sa flamme par écrit à sa Belle. Pour cela, il use de la seule manière qui lui semble la plus belle, adéquate et représentative: la poésie. Pour l'inspirer, il vole un recueil de Robert Desnos. Quelque soit la page où il l'ouvre, il ressent le poème comme un guide. Peu à peu, sa plume s'aiguise, sa pensée s'affine, ses mots s'alignent. Et la lettre s'écrit. Déposée dans la trousse. Espoir, peur, des sentiments confus étreignent le jeune garçon qui se voit aussi perdu qu'heureux. Jusqu'à ce qu'elle vienne vers lui.

Un très court roman, des sentiments à fleur de peau, exemple et transmission pour ce récit d'amour et de poésie, qui laisse un sentiment doux-amer.

ROMAN

A l'ouest, rien de nouveau. Erich Maria REMARQUE. Le Livre de Poche, 2008

Aux côtés de Paul Bäumer, jeune Allemand, de 19 ans,  nous traversons la Première Guerre Mondiale. Au fil des chapitres, il nous décrit ses camarades, le front, leur amitié, leurs besoins d'abord gênés puis si naturels, le manque de nourriture et les quelques festins qu'ils arrivent à se faire (moyennant chance, culot et ingéniosité), les bombardements et le bruit des munitions, les pertes, la Mort dans ses multiples formes, il nous décrit comment, avec ses amis, ils ont été convaincus de leur devoir par leur professeur Kantorek, il nous décrit l'entraînement militaire sous l'égide du caporal Himmelstoss, un ancien facteur, particulièrement cruel voire sadique lorsque pourvu de galons mais pétrifié sur le Front. Les rats, les poux, les réflexions sur leur humanité, celle de leurs ennemis, les blessures, l'hôpital, la permission, la vie à l'Arrière et ce qu'on y croit, être obligé de grandir trop vite et le sentiment de vide de n'avoir rien à quoi se raccrocher car trop jeunes pour avoir construit quelque chose qu'ils pourront retrouver après la guerre.

A l'ouest rien de nouveau traverse toute la guerre, sans qu'il n'y ait d'impression chronologique ou linéaire. Les chapitres enchaînent les évènements pour mieux nous rendre leur vérité crue, leur absurdité aussi. C'est un récit qui n'a pas vieilli (peut-être est-ce aussi dû à la traduction) et que l'on ne se représente que trop bien. Un récit plein de camaraderie, d'entraide et de partage face à l'adversité. Un récit pacifiste mais aussi fataliste.

BD

Momo. Intégrale. Scénario de Jonathan GARNIER et dessins de Rony HOTIN. Éditions Casterman, 2017

Momo est une fillette sauvageonne d'environ 4-5 ans, très téméraire, un brin têtue, casse-cou et curieuse, volontiers boudeuse et qui adore les chats. Elle vit seule chez sa grand-mère paternelle, dans une maison avec jardin et potager tout au bout d'un village de Normandie. Sa mère est partie, son père travaille sur un bateau en mer et ne voit pas souvent sa fille. Il vient de repartir pour trois semaines lorsque nous rencontrons Momo. Bien que mise un peu à l'écart, la grand-mère de Momo l'encourage à aller jouer avec les autres enfants, sans brusquerie. Ainsi rencontre-t-elle deux bandes d'amis, de deux âges différents et Françoise, une ado qui fume, venue là chez ses grands-parents pour les vacances et qui s'ennuie... Il y a aussi le poissonnier fort en gueule et en cœur, la bande rivale, la gentille coiffeuse, le marginal gentil mais qui fait peur...

Momo, c'est un parfum d'enfance et de nostalgie, de petites bêtises et frayeurs, de la vie qui sourit et qui fait pleurer aussi. Momo, ça pourrait être mon enfance tant j'y ai retrouvé des éléments de la mienne, lorsqu'il fallait sortir pour voir ses amis, lorsqu'il n'y avait pas d'écrans (ou si peu) et de grands espaces à parcourir avec promesses de liberté, mais pas trop loin quand même...

L'inspiration japonaise est très présente dans ces planches douces, amères, contemplatives, colorées. Une genèse de cette histoire nous est offerte à la fin de l'album. J'aime.

 

L'Île des Justes. Corse été 42. Scénario de Stéphane Piatzszek et dessins d'Espé. Editions Glénat, mai 2015

C'est en allant en Corse que j'ai découvert son rôle durant la Deuxième Guerre Mondiale: l'Île fut un refuge pour de nombreux Juifs qui fuyèrent la France et le gouvernement collabo de Vichy. C'est pourquoi lire cet album découvert grâce à Nath (merci!) fut une évidence, tant historique que de cœur.

Nous sommes en 1942, à Marseille, et la famille Cohen s'apprête à fuir en Corse, avant d'aller en Palestine. Malheureusement, une rafle est organisée et le père part de son côté espérant appâter les policiers, pendant que sa femme et leur fils vont vers le port où ils montent sur le bateau d'un pêcheur corse. L'arrivée sur l'Île se fait séparément. Nulle trace du père, envoyé dans un camp comme on l'apprendra plus tard, la mère est repêchée par la police et le fils est emmené en lieu sûr, dans le village de Canari.

A la Préfecture de police, Suzanne va pouvoir compter sur une aide providentielle pour s'enfuir, gagner le village, retrouver son fils, être cachée par le curé... mais c'est sans compter sur le zèle de certains fonctionnaires d'Etat et la dénonciation de certains villageois.

LÎle des Justes est un très bel album qui rappelle l'engagement des Corses, par esprit frondeur et de liberté certainement, mai aussi en lutte contre l'oppression. C'est un récit d'entraide et de liberté, de mémoire et de transmission.

 

Vin, Gloire & Bonté. Scénario d'Isabelle BUNISSET et dessin de Giuseppe LIOTTI. Editions Glénat, 2015

Anabelle de la Poisse est journaliste, mère de deux ados, en plein divorce, suivie par une psy, accro aux antidépresseurs et totalement désabusée. Pour la faire changer d'air, son patron et père, l'envoie pour une mission de trois mois dans le Bordelais. Le but: suivre les Primeurs et Vinexpo. Et tant pis si elle n'y connaît rien!

La voici donc qui débarque avec ses Louboutin, sous la pluie, qui tente de se fondre dans la masse et qui se fait surtout remarquer pour son physique. Elle apprend à goûter le vin et à le recracher, elle écoute les cancans que chacun déblatère sur la famille voisine tout en s'échangeant de larges sourires, elles visite vignobles et villages, repousse des avances et apprend!

Annabelle est belle, cynique. Les planches en noir et blanc sont très détaillées et jouent entre les bulles de dialogues et de pensées. Les siennes et celles des autres personnages. Un jeu entre l'être et le paraître. C'est drôle, instructif peut-être, enfin pas spécialement sur le vin, mais plus sur les humains et leur relations. Mais tant d'hypocrisie fatigue!

 

Merci. Scénario de Zidrou, dessins de Monin. Editions Grand Angle, 2014

Merci est une jeune ado rebelle et gothique de Bredenne, commune fictive de France. Après avoir tagué une insulte (avec ses copines qu'elle ne dénonce pas) sur le mur de la maison de son prof de maths qu'elle n'aime pas, elle est envoyée en TIG à la mairie pour mettre sur pied un programme à destination des ados. Pour les occuper, pour éviter leur désœuvrement. Merci n'a pas la langue dans sa poche, fait preuve d'une grande maturité, observe  ses "collègues" avec beaucoup de justesse, et met sur pied un festival...

J'ai adoré cet album et le personnage de Merci, totalement désabusé et en même temps totalement impliqué. Ses remarques, caustiques, font mouche et peu à peu des changements s'opèrent tant en elle que chez ses interlocuteurs. Il est aussi question d'Abba (coucou Fondant^^), de poésie, de nostalgie, d'amitié et de vie dans un petit village. Réjouissant!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

La commode aux tiroirs de couleurs. Olivia RUIZ. Editions JC Lattès, juin 2020

Son Abuela est morte et la jeune fille du récit a hérité de son imposante commande à dix tiroirs qui a attisé sa curiosité (et celle des cousins) durant toute son enfance. Dans son petit appartement, le meuble est imposant, intimidant, et peut enfin dévoiler son contenu. Des dix tiroirs colorés, elle choisit d'ouvrir en premier le plus petit, tout en bas, tout seul, rose. Quelques effets et une lettre en sortent.  Rita raconte son enfance, lorsqu'il a fallu quitter l'Espagne, sans ses parents, en direction de Narbonne avec ses deux sœurs, Léonor 16 ans et Carmen 6 ans, emménager dans un immeuble de réfugiés et subir les remarques mauvaises des Français...

La commode aux tiroirs de couleurs est un récit de famille, d'Histoire, de secrets, de pertes, de révélations et de transmission. Il est un récit sur l'exil, le franquisme, et les femmes. L'écriture est fluide et nous emporte facilement.  Ce roman a vraiment tout pour me plaire, m'emporter et résonner.

 

Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même. Lise BOURBEAU. Editions E.T.C. 2013

Je poursuis doucement cette lecture. Pas parce que je n'aime pas mais parce que j'ai du mal avec la forme. Les essais me sortent de ma zone de confort!

Après nous avoir présenté les 5 blessures qui nous conditionnent, nous empêchent et nous bloquent: Trahison - Rejet - Abandon - Humiliation - Injustice, Lise Bourbeau présente chacune en détails. Traits physiques et de caractère, conséquences comportementales pour l'individu victime, son entourage plus ou moins large. Je n'ai lu que la première blessure pour le moment. J'avoue avoir eu du mal avec les descriptions physiques, qui m'ont paru grossières, réductrices, à l'emporte-pièces. Je ne sais comment dire mon sentiment de gêne. Pourtant, cet essai est un succès, reconnu et qui ne se dément pas. C'est donc que ces descriptions ont un fondement avéré et non choquant.

Il me faut poursuivre.

3/ Que vais-je lire ensuite?

Noces indiennes. Sharon MAAS. Éditions J'ai Lu, 2009

Présentation de l'éditeur:

À Madras, Savitri, la fille du cuisinier, aime David, le fils des maîtres anglais. Cet amour saura-t-il résister au poids des traditions ? Nat est l’enfant adoptif d’un médecin blanc qui soigne les malades démunis dans une province indienne. Parti à Londres faire des études, parviendra-t-il à ne pas oublier d’où il vient? Saroj vit une existence riante en Guyane britannique jusqu’au jour où son père lui impose un mari…
Vibrant de violence et d’amour, Noces indiennes mêle avec brio le récit de trois destins exceptionnels qui finissent par se rencontrer au-delà des époques et des continents.

Commencé l'an passé mais pas fini, je n'étais pas arrivéée à entrer dedans. Là j'ai très envie de le recommencer.

Bombay Begums - Sur Netflix

Mumbai aujourd'hui, cinq femmes d'âges, de situations et d'horizons divers, se retrouvent liées les unes aux autres, par leur condition de femme, par leurs rêves, espoirs, déceptions, luttes.

Il y a Rani, l'ambitieuse PDG de la Royal Bank of Bombay; Fatima qui va travailler avec elle, jeune femme mariée à Arijay avec qui elle tente d'avoir un bébé bien qu'au fond elle n'en veuille pas; Ayesha, jeune femme d'environ 20 ans, qui vient d'Indore, petite ville régionale et qui a du mal à s'imposer et à se trouver. Elle travaille à la Royal Bank, s'en fait renvoyer par Fatima avant de croiser la route de Rani qui l'embauche pour le tout nouveau projet social de la Banque (qui espère redorer son image). Elle cherche un appartement, mais cela est très difficile pour une jeune fille d'en trouver un. Il lui faut être irréprochable! Il y a lily, prostituée par obligation, mère d'un garçon à qui elel voudrait offrir un avenir. Mais il lui est difficile d'avoir une légitimité tant sa profession (danseuse professionnelle) lui est renvoyée à la figure. Lorsque son garçon est renversé par le jeune homme qui vient de la quitter et qui se révèle être le fils adoptif de Rani, elle n'hésite pas à user de chantage pour tenter de s'extraire de sa condition. Et il ya Shai, jeune adolescente, fille adoptive de Rani, qui vit dans l'ombre de sa défunte mère, photographe. Elle est désespérément amoureuse d'Imran, cherche à exister à ses yeux, déplore son corps encore trop juvénile. Elle dessine ses sentiments et son regard sur le monde, l'amour, la femme, en noir, blanc et rouge ans un carnet. 

Cette mini-série en 6 épisodes d'environ 50mn, très belle esthétiquement (les coiffures et saris de Rani sont splendides) explorent les situations indépendantes et entremêlées de chacune, la condition de la femme aux différents âges de sa vie, ce qu'elle est obligée de faire, de subir, de cacher pour exister, vivre, être, quelque soit son rang social finalement et l'impact sur le corps, pour exploiter ses atouts physiques ou cacher ses diminutions (ménopause par exemple). Tout ce qu'un homme n'a pas besoin de faire parce qu'homme justement. Il est question d'ambition, d'amour, de crédibilité et d'harcèlement, moral et sexuel. La série se veut espérante mais elle est aussi cruelle et fataliste. Il serait question d'une deuxième saison. Pour moi, il n'en est pas besoin.

 

La réalité en face - Netflix

J'ai commencé à regarder cette mini série (7 épisodes d'envriron 35 mn) uniquement parce qu'il y avait Wesley Snipes (Blade) au casting et j'ai directement accroché. Un jeune humoriste noir, The Kid, vient faire un passage dans sa ville natale, Philadelphie et y retrouve son grand frère (Carlton), un habitué des embrouilles. Une soirée un peu arrosée, de jolies jeunes filles, une qui rentre à l'hôtel avec lui et qu'il retrouve inanimée dans son lit. Son frère se veut rassurant et dit prendre les choses en main. Il fait appel à un Grec pour faire le ménage. Mais ce dernier tente de soutirer 6 millions à Kid, qui le tue. La descente aux Enfers commence: faire disparaître le corps, mentir et mentir encore pour dissimuler les premiers mensonges, spirale infernale, n'être pas toujours d'humeur égale, l'équipe autour de Kid qui est déconcertée, qui cherche à comprendre, le super fan qui a tout filmé mais qui bien sûr ne dira rien, les deux frères du Grec qui veulent retrouver l'assassin... Et en parallèle, nous suivons Carlton dans ses ennuis personnels...

Une mini série menée tambour battant sur la célébrité et ses dessous (qui écrit les sketchs, comment les interpréter, la signature des contrats, la rencontre avec le public, la gestion du domaine privé), la spirale du mensonge... Tout est vraiment très bien mis en place, exploité et crédible... sauf la presque fin. J'ai trouvé certains éléments légers, faciles. Mais bon, cela sert aussi le jeu des apparences disons.

Pour finir, je vous mets les liens des articles parus la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!

Et surtout, prenez soin de vous!!

Blandine

 

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Rédigé par Blandine

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H
"Bombay Begums" me tente bien. J'espère que tu vas réussir à entrer dans "Noces indiennes". Je te souhaite une belle semaine livresque.
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Je ne peux que te recommander cette série. J'y pense beaucoup! ça ira pour Noces indiennes, j'ai vraiment envie de m'y plonger ;-) Belle semaine à toi aussi!
N
J'ai lu et bien aimé aussi Momo, Merci et A l'ouest rien de nouveau. Je ne connais pas les autres. Encore des lectures très variées !
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Oui j'essaie ;-)
F
Comme d'habitude, plein de chouettes choses !! couleurs, motivation, dépaysement, histoire : il y a de tout !! belle semaine, Blandine ! ici, elle commence sous le soleil après un week-end ultra-chargé mais très très sympa ; je file au boulot et t'envoie mille bisous!
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Eh oui, j'aime^^ Super ce soleil pour débuter la semaine, ça donne de l'élan! Belle semaine à toi aussi Fondant! Gros gros bisous