A l'ouest, rien de nouveau. Erich Maria REMARQUE - 1929

Publié le 21 Janvier 2022

A l'ouest, rien de nouveau

Erich Maria REMARQUE
Traduit de l’allemand par Alzir HELLA et Olivier BOURNAC

Le Livre de Poche, 2008
256 pages

Thèmes : Première Guerre Mondiale, Allemagne, Histoire, Pacifisme, Camaraderie

Lecture Commune avec Nathalie

Ils étaient cinq camarades de classe de 19 ans : Paul Bäumer (le narrateur), Albert Kropp, Leer, Müller et Kemmerich (qui meurt dans les premières pages). 

Au fil des chapitres, qui comportent peu d’indications géographiques ou de dates, Paul et ses amis se remémorent ce qui les a conduits à s’engager, sensibles qu’ils étaient aux élans patriotiques de leur Professeur Kantorek. Des idéaux vite mis à mal par l’instruction militaire sadique prodiguée par le caporal Himmelstoss, facteur au civil, que l’autorité a rendu cruel, puis par la réalité brutale et absurde du Front.

Ils se sentent trahis et manipulés, obligés de grandir trop vite et sans rien à quoi se raccrocher, trop jeunes d’avoir pu construire quelque chose, et déjà si vieux d’avoir si peu et tant vécu, et la peur d’être trop en décalage, devenus une génération de laissés pour compte.

Les horreurs sont supportables tant qu’on se contente de baisser la tête, mais elles tuent, quand on y réfléchit.
(...)
C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous alourdir de sentiments qui peuvent être décoratifs en temps de paix, mais qui, ici, sont absolument faux.

Paul nous décrit l’amitié si précieuse et si précaire sur le Front, des anecdotes et précisions sur chacun de ses camarades pour nous en dresser le caractère ; le quotidien fait de boue, de rats, de poux, d’odeurs et de bruits ; les sons si spécifiques des munitions et des bombardements ; les blessures et la prise en charge sanitaire ; la Mort dans ses multiples formes contre lesquelles il faut s’endurcir ; les pertes si nombreuses qui obligent au pragmatisme ; leurs pensées qui vont aux ennemis, Français, Anglais, Russes, en face ou prisonniers ; leurs besoins d'abord gênés puis si naturels, le manque de nourriture et les quelques « festins » qu'ils arrivent à se faire (moyennant chance, culot et ingéniosité).

La nourriture occupe une très grande place dans le récit, entre souvenir, manque, réalité et fantasme.  Et Paul se révèlera être très doué pour en dénicher avec son ami (et mentor) Katczinsky. Lors de sa permission qui le fait revenir près de sa mère, malade, on lui rappelle « la chance » qu’il a d’être bien alimenté, car à l’Arrière, les privations sont nombreuses pour qu’eux, les soldats, soient bien nourris pour pouvoir combattre.

Lorsqu’on a vu tant de morts, on ne peut plus très bien comprendre tant de douleur pour un seul.

A l'ouest rien de nouveau traverse toute la guerre, que l’on ne se représente que trop bien. Le ton est désabusé, il est le cri déchirant d’une génération qui se sait perdue. C'est un récit qui n'a pas vieilli (peut-être est-ce aussi dû à la traduction) aussi fataliste que pacifique.

A bien des égards Paul Bäumer fait penser à Erich Maria Remarque: mobilisé en 1916, il  est envoyé sur le front de l'Ouest en juin 1917. Il y est blessé dès la fin juillet par des éclats de grenade, au cou et aux membres, et sa mère meurt cette même année d'un cancer. En novembre 1918, il est à l'hôpital, il est démobilisé en 1919 et renonce à toute médaille militaire ou décoration. Après avoir été refusé, son roman est édité en 1929 par Ullstein, brûlé lors des autodafés de 1933, et Remarque déchu de sa nationalité en 1938, naturalisé ensuite américain en 1947.

Qu'en a pensé Nathalie? Allons lire son avis!

Si nous étions rentrés chez nous en mil neuf cent seize, par la douleur et la force de ce que nous avions vécu, nous aurions déchaîné une tempête. Si maintenant nous revenons dans nos foyers, nous sommes là, déprimés, vidés, sans racine et sans espoirs. Nous ne pourrons plus reprendre le dessus.
(...)
Nous sommes inutiles à nous-mêmes.

Ce roman participe à mon challenge dédié à la Grande Guerre;  à notre Challenge dédié aux Classiques avec Nathalie ; au "Petit Bac 2022" d’Enna, pour ma 1e ligne, catégorie Ponctuation; au "Tour du monde en 80 Livres" de Bidib; ainsi qu’à l'Objectif PAL d'Antigone

 

 

 

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

Retrouvez-moi sur FacebookTwitterPinterestInstagramBabelio et Livraddict

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
Lu il y a déjà quelques décennies, il est toujours dans ma bibliothèque, et je ne l'ai même pas réouvert pour le centenaire de l'Armistice... Mais bon, rien ne m'empêche d elle faire dès la semaine prochaine par exemple!.<br /> Ceci dit, de Remarque, mon roman préféré reste "Les camarades".<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Répondre
Exactement^^ Merci pour l'autre titre, j'irai regarder ;-)
N
Oups ! Je viens de m'apercevoir que je n'avais pas ajouté ton lien à mon billet ! C'est corrigé. ;)
Répondre
A
Un classique qu'il faudrait que j'essaye.
Répondre
Exactement!
B
j'ai découvert ce roman en lisant la chronique de Nathalie, je note.
Répondre
Oh oui tu peux ;-)