Gisèle Halimi. Evelyne MORIN-ROTUREAU – 2020 (Dès 12 ans)
Publié le 18 Mai 2021
J’aime beaucoup la collection « Elles ont osé » de chez Oskar Editeur qui présente des parcours de femmes courageuses et inspirantes, qui se sont levées, qui ont lutté, qui ont tenu tête pour se libérer des carcans dans lesquels les sociétés patriarcales les cantonnaient., qui ont fait avancer des causes et des mentalités, qui sont devenues des modèles, ouvrant des voies, permettant des possibles.
Des femmes d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs.
Composée de romans plus ou moins courts et très accessibles, elle m’a permis de connaître les vies, caractères et engagements voulus, forcés, subis, portés de Dorothy Counts ; Amelia Earhart ; Sarah Bernhardt ; Greta Thunberg.
Me restent à découvrir ceux d’Harriet Tubman et Rosa Parks.
Et pour aujourd’hui, voici celui de Gisèle Halimi.
Gisèle Halimi
Contre toutes les injustices
Evelyne MORIN-ROTUREAU
Oskar Editeur, novembre 2020
152 pages
Dès 12 ans
Thèmes : Biographie, France, Histoire, Droit, Colonialisme, Racisme, Modèle féminin
Lecture Commune avec Nathalie
Gisèle Halimi est née le 27 juillet 1927 à la Goulette, ville de Tunisie alors sous protectorat français.
Née Taïeb, elle est la deuxième enfant d’une fratrie de cinq, la deuxième après un grand frère, Marcel.
Très tôt, elle fait preuve d’un caractère aussi frondeur que curieux, aussi franc que volontaire, aimant lire et étudier, se plaignant des corvées et se jurant de ne pas ressembler à sa mère dans sa dépendance totale à son époux.
Parce que « ce n’est pas juste ».
Elle, elle veut devenir unE avocatE. Elle y tiendra et insistera pour l’avoir et l’entendre ce " E " ! Une "avocate irrespectueuse" comme elle disait avec pour armure sa robe.
Elle veut être libre, avoir la possibilité de choisir, refuse par deux fois de se marier (à 13 et 17 ans !), se marie par choix, a deux enfants, divorce, se remarie et a un autre enfant.
Dans le même temps, elle subit la guerre et la présence allemande, prend sa chance et vient à Paris pour faire son Droit à la Sorbonne (et y entendre un fort antisémitisme), rentre au pays et se dresse contre le colonialisme et les actes de torture. Plus tard, elle se dressera en faveur de l’abolition de la peine de mort.
Ses plaidoiries fortes d’éloquence ne lui permettent pas toujours de gagner, mais elles font sa réputation. Les dossiers sensibles ne l’effraient pas. En Algérie, elle reçoit des menaces mais continue pour ce qu’elle considère être juste.
-Vous devez comprendre que plaider, ce n’est pas toujours gagner ni même convaincre. Expliquer, c’est faire avancer les valeurs de justice, c’est changer les mentalités, quelque fois malgré l’échec du verdict.
En France, elle écope de remarques sur son statut de divorcée, de mère qui travaille Et mène de nombreux combats en faveur du Droit des Femmes : pour un accès à la contraception, pour le remboursement de l’IVG, contre le viol et la marchandisation des corps, pour choisir et non plus subir, pour le statut des conjointes, pour la parité en politique. Et aussi pour la dépénalisation de l’homosexualité.
En avril 1971, elle est rédactrice de la pétition qui compile les signatures de 343 femmes déclarant s’être fait avorter. Pour les protéger, elle crée avec Simone de Beauvoir une association nommée « Choisir la cause des femmes », avec et pour qui elle militera le reste de sa vie.
C’est avec une autre Simone qu’elle lutte pour l’IVG. Le 17 janvier 1975, la loi Veil est votée.
-Si vous voulez déclarer ici que des personnes sont coupables, il faut que d’abord nous sachions si on leur a donné les moyens de ne pas l’être, réplique l’avocate.
En 1981, Gisèle Halimi s’engage en politique, est élue Députée, siège à l’Assemblée Nationale. Rattachée au parti socialiste mais surtout pas adhérente, elle veut garder son indépendance. Ce qui lui apportera mais lui coûtera cher aussi.
Tout au long de sa carrière, d’avocate, politique, elle s’est impliquée dans une dynamique européenne et internationale, en menant des enquêtes, des observations, et en écrivant des livres.
Elle s’engage dans un projet d’harmonisation européenne du droit des femmes : prendre ce que chaque pays offre de meilleur pour l’étendre à toutes.
La politique est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls hommes.
Gisèle Halimi est décédée le 28 juillet 2020.
Moins d’un an plus tard, elle fait l’actualité au sujet de son éventuelle « Panthonéisation ». Le Président Macron, au départ favorable, semble reculer en invoquant des positions clivantes de l’avocate, notamment lors de la Guerre d’Algérie. Se poserait-il les mêmes questions pour un homme ? (Plus de détails ICI)
Avant cette lecture, il me reconnaître je ne connaissais Gisèle Halimi que de nom, croisé au détour d'une lecture, d’une information dans les médias. Bref, pas grand-chose.
Evelyne Morin-Rotureau dresse un portrait passionnant de cette femme, émaillé de citations (et références à ) de ses livres et d'extraits de plaidoiries.
Gisèle Halimi a eu une vie intense et fascinante, faite de convictions, remplies de combats pour les droits des femmes, et dont les victoires peuvent aujourd'hui nous sembler acquises, quand d'autres sont encore à obtenir ou certaines en passe d’être retirées.
Un parcours à découvrir !
Qu’en a pensé Nathalie ? Allons lire son avis !
Merci à Oskar Editeur
Ce roman participe au « Petit Bac 2021» d’Enna, pour ma 8e ligne, catégorie Prénom.
Pour compléter:
- BD: Simone Veil ou la force d’une femme. Annick COJEAN, Xavier BETAUCOURT et Etienne OBURIE. Editions Steinkis, 2020
Belles lectures et découvertes,
Blandine
Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Pinterest, Instagram, Babelio et Livraddict