GOD SPEED - Une vie de Kurt Cobain. LEGG, McCARTHY et Flameboy. 2004 (BD)
Publié le 7 Avril 2021
GOD SPEED
Une vie de Kurt Cobain
Scénario de Barnaby LEGG et Jim McCARTHY
Dessin de Flameboy
Traduction de Cécile POURNIN
Editions Flammarion, avril 2004
96 pages
Thèmes : Biographie, Musique, Hommage
Kurt Cobain est né le 20 février 1967 à Aberdeen dans l’Etat de Washington, de Donald et Wendy Cobain
Enfant extraverti, grand frère de Kimberley, une rupture se produit en lui à l’annonce du divorce de ses parents à ses 9 ans, en 1976.
Dès lors, Kurt grandi en marge, ballotté au sein de sa famille, accompagné d’un ami imaginaire appelé Boddah, se cherchant et rejetant les préjugés auxquels il se frotte pour mieux les dénoncer. Exprimant un fort goût et talent artistique et musical (notamment pour les Pixies), il crée Nirvana en 1987 avec Krist Novoselic, un groupe de punk rock, emblématique du « son de Seattle » à la guitare saturée, le grunge.
Premières scènes et premiers ratés, premiers succès et notoriété fulgurante, facilités entre mépris et fascination, Kurt n’arrive pas à gérer. Drogues, sexe, souffrances stomacales intenses et psychologiques, hypersensibilité et sentiment de vide, dépendances à l’alcool, aux drogues et à l’héroïne en particulier, rencontre avec Tobi Vail et surtout avec Courtney Love, genèse d’un tube « seems like teen spirit » et records de vente. Futur papa, mariage, Frances Bean, le groupe qui se délite, Kurt, persuadé de causer plus de torts que de bien, met fin à ses jours.
Quand vous savez que ça va finir en happy end, la sérénité vous envahit. Un sentiment de soulagement et de détermination.
Ça au moins, je le raterai pas.
5 avril 1994 – 5 avril 2021 : 27 ans de mort pour 27 ans de vie, et Kurt Cobain reste une idole.
Paru pour les dix ans de sa disparition, ce roman graphique, souple, est introduit par une superbe préface signée Peter Dogget (journaliste musical anglais).
S’ouvrant comme il se referme, sur son suicide, il nous retrace sa vie, telle une introspection, narrée à la première personne. Et puisque « c’est lui » qui nous raconte sa vie, il en choisit les passages, en oublie ou en occulte volontairement, en biaise d’autres, parle plus ou moins de ceux qui l’ont accompagné, laissant en retrait Nirvana.
Et ainsi, « sa » vie devient « une » vie comme l’indique le sous-titre (l’original utilise le « the » ce qui lui confère un autre sens).
Une vie comme un rêve.
Violent.
Réaliser vos rêves, ça vous en apprend long sur vous-même.
Et si ça doit se produire, mieux vaut savoir ce qu’on veut faire de tout ça, crois-moi.
L’album semble donc aller très/trop vite, passant sous silence certains aspects ou en en édulcorant d’autres. Certains pourraient le regretter, pas moi.
Car, à bien y regarder, les dessins prolongent ou contredisent les mots, remplacent les non-dits. D’inspiration Comics à l’esthétique carrée, ils sont riches de détails (qui impliquent de connaître un peu de sa vie et/ou de son mode de pensée autodestructeur), usent de symboles, de métaphores et d’onirisme. A commencer par cette magnifique couverture !
Ils nous représentent un Kurt au regard de plus en plus vide, alors que son corps oscille entre mouvements, fureur et apathie. Conditionnant l’attitude des autres qui le suivent. Le jeu des couleurs suivent ses sentiments, engloutissant les planches, créant des périodes...
Nombreuses sont les cases qui se succèdent sans changement apparent : seuls diffèrent un regard, une posture, la Une des journaux ou l’ordre des groupes de rock sur une affiche... J'aime!
Boddha, son ami imaginaire à qui il adressa sa lettre d’adieu, lui ressemble avec un air à la «Peter Pan». Un ami (dé)laissé, remplacé par la chimie du Ritalin puis par l’héroïne.
C’était pas ma copine.
C’était mon héroïne.
Et on a tous besoin d’une héroïne.
Restituant « une » vie de Kurt Cobain, cet album, nous rend aussi palpable son époque, entre résidus hippies et désillusions, émergence de différents courants du rock comme de l’industrie musicale.
Encore enfant lorsque Kurt Cobain est mort, sa musique a ensuite accompagné toute mon adolescence, et je l'écoute encore ! Aussi, ce roman graphique ne pouvait que me plaire.
Et j’ai hâte de pouvoir compléter ma lecture avec celle de quelques autres qui sont parus sur lui et/ou Nirvana, tels Kurt Cobain – When I Was An Alien (chez Urban Comics) ; Le Roman de Boddah – Comment j’ai tué Kurt Cobain (chez Glénat) ; Nirvana en bandes dessinées (chez Petit à Petit) ; et son journal intime (déjà lu il y a longtemps).
Pour conclure, ce roman graphique est un indispensable pour qui aime Kurt!
Même aux heures les plus sombres, sa vie nous a laissé un tout autre message : osez être vous-mêmes, vous ouvrir au monde qui vous entoure, vous laisser aller à vos émotions, être différents, être vivants.
Voilà pourquoi Kurt Cobain est toujours vivant, sur des t-shirts ou dans des bandes dessinées, mais aussi dans le cœur de tous ceux qui l’écoutent chanter aujourd’hui encore.
RDV BD de la semaine, qui se passe aujourd’hui chez Noukette (CLIC); au "Petit Bac 2021" d'Enna pour ma 7e ligne, catégorie Prénom.
Cet album participe au
Belles lectures et découvertes,
Blandine