La peau de chagrin. Honoré de BALZAC - 1831
Publié le 21 Mars 2021
La peau de chagrin
Honoré de BALZAC (1831)
Abrégé par Bernard NOËL
Illustrations par Janet-Lange
Ecole des Loisirs, Classiques abrégés, 1992
128 pages
Thèmes : Quête du bonheur, le désir, richesse, Amour, Sciences, Fantastique
Lecture Commune avec Isabelle et Pativore
N’ayant plus un sou en poche ni plus aucune perspective d’avenir, Raphaël de Valentin souhaite mettre fin à ses jours, mais il veut aussi attendre la nuit pour se jeter du Pont Royal. Le voilà donc entrant dans la boutique d'un vieil antiquaire où il découvre entre autres magnifiques objets orientaux, une peau de chagrin.
Merveilleusement polie, une lumière propre semble en émaner et une inscription y est mystérieusement gravée.
Chaque désir, chaque souhait émis se verra réalisé, et en conséquence, la taille de la Peau se réduira, tout comme l’espérance de vie de son propriétaire.
Faisant fi de la menace et malgré la mise en garde du vieil homme, Raphaël s’en empare et avant même qu’il ait pris conscience d’avoir formulé un vœu, sa vie prend une tournure fantastique, le faisant vivre des moments fastueux comme des souffrances indicibles.
Au gré de plusieurs récits enchâssés qui vont et viennent dans le temps, nous découvrons qui est Raphaël, son caractère, sa famille et attentes paternelles, son époque, comment il en est arrivé là et ce qu’il advient de lui ensuite, ses rencontres, amis et amours, entre Feodora et Pauline, sa vie entre insouciance, luxe puis prise de conscience et désespoir, son état de santé qui se dégrade, l’appel à trois médecins, les limites de la science, son retranchement, les différentes tentatives pour échapper à sa malédiction, à ce Pacte d’avec le Diable...
La science est vaste, la vie humaine est bien courte.
Aussi, n’avons-nous pas la prétention de connaître tous les phénomènes de la nature.
C’est en classe de 4e que j’ai lu ce roman, dont je gardais un sentiment mitigé. Même s’il me restait un sentiment d’ennui à la lecture, je l’avais, dans l’ensemble, bien aimé.
J’ai eu envie de le relire l’an passé après avoir (re)découvert la vie d’Honoré de Balzac au-travers de l’essai, décalé et si drôle, de Titiou Lecoq : Honoré et moi.
Avec cette relecture, j’ai retrouvé les mêmes sensations : embarquée dans la première moitié, les longueurs de la deuxième, et surtout de la dernière partie, ont freiné mon enthousiasme et j’avais hâte d’en voir le bout, tout en sachant très bien ce qui allait advenir (il n’y a pas grand suspense). Et je me réjouis de n’avoir lu qu’une version abrégée !
Pour bien appréhender ou éclairer certains passages/éléments, la lecture de l’essai de Titiou Lecoq m’a été très utile pour me représenter la société d'alors comme pour faire le parallèle entre l’auteur et son jeune (anti)héros (notamment lorsque Raphaël redécore avec luxe son nouvel appartement – même sans le sou, Balzac, qui adorait les belles choses, ne pouvait s’empêcher de dépenser pour cela).
Si la forme ne m’a pas totalement plu, les thèmes abordés dans ce roman sont très intéressants et toujours très actuels : la quête du bonheur, sa nature, ce qui permet d’y être ou de le ressentir, les différences entre le besoin, le désir et le bonheur, comme les possibilités ou limites de la science.
Il nous rappelle que le bonheur ne saurait être un état permanent, et encore moins acquis, et que toute chose a un prix, influençant la conduite de notre vie faite de choix.
Je vais vous révéler en peu de mots un grand mystère de la vie humaine. L’homme s’épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes de mort : Vouloir et pouvoir. Entre ces deux termes de l’action humaine, il est une autre formule dont s’empare les sages, et je lui dois le bonheur de ma longévité. Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ; mais Savoir laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme. (...) Le mot de Sagesse ne vient-il pas de savoir ? Et qu’est-ce que la folie, sinon l’excès d’un vouloir ou d’un pouvoir ?
Qu’en ont pensé Isabelle et Pativore ? Allons lire leur avis !
Eléonore a davantage apprécié cette lecture et son avis est plus construit et abouti que le mien, je vous invite à aller la lire - CLIC
Ce roman participe à notre Challenge dédié aux Classiques avec Nathalie ; ainsi qu’à l'Objectif PAL d'Antigone.
Pour aller plus loin:
- Le mot "chagrin" n'évoque pas seulement un état émotionnel mais désigne aussi un type de cuir - CLIC
Belles lectures et découvertes,
Blandine