City Hall - Tome 1. Rémi GUERIN et Guillaume LAPEYRE – 2012 (Manga)

Publié le 3 Mars 2021

City Hall
Tome 1

Scénario de Rémi GUERIN
Dessin de Guillaume LAPEYRE

Editions Ankama, juin 2012
192 pages

Thèmes : Littérature, Fantastique, Steampunk, Histoire

Juin 1902
Londres est une ville tassée toute de vieilles pierres, de briques, d’acier et de verre.
Ses buildings, tout en géométrie et fantaisie, frôlent le ciel traversé par des zeppelins, de sombres fumées obscurcissent l’air de certains quartiers quand d’autres en sont préservés.

Agacé, l’Inspecteur Chef Carlton se débarrasse sans politesse d’une jeune femme américaine venue l’aider dit-elle, pour filer dans le Quartier des Affaires où le Ministre des Finances a été assassiné.
La scène de crime questionne beaucoup le Policier qui s’affole lorsqu’il découvre sur le cadavre, mise bien en évidence, une lettre manuscrite. Après s’être assuré du silence des deux hommes qui l’ont aussi vue, il file voir Mr le Maire.
Ce dernier, Malcolm Little, persuadé de la gravité de l’Affaire, décide de faire appel à une arme secrète.

Verne... Jules Verne !! ... Inventeur... et écrivain !

Eh oui, ce jeune homme blond à lunettes sûr de lui et romancier est le seul qui puisse aider (et surtout sauver) le monde du passé qui semble ressurgir. Et qui effraie tant les deux hommes.
Il arrive accompagné d’un « étudiant, écrivain amateur, chimiste débutant et historien novice », Arthur Conan Doyle, dont l’aspect candide ne figure pas les qualités d’observation et de déduction qui font de lui un précieux allié.

Ignorant encore le danger auquel il va bientôt être exposé, une autre histoire du monde est délivrée à Arthur.

Comme dans toutes les histoires classiques et comme dans tous les mauvais romans... est advenu l’inévitable.

Depuis plus de deux cents ans, le papier et les crayons ont été bannis. Jusqu'au geste d'écriture.
Tout se fait par ordinateur et voie électronique, pour des raisons économiques et écologiques, selon la version officielle.
En réalité, ils ont été interdits, détruits, entrainant la disparition de tout ce qui pourrait les créer, matériaux, enseignements, savoirs-faires, et métiers. L’imagination est devenue dangereuse et elle se doit d’être contrôlée.

Car la société, on ne sait pourquoi ni comment, a peu à peu été envahie par des êtres nés de l'imagination des hommes et devenus réels suite à leur création sur papier.
Nommées « Papercuts », ces créatures se divisent en deux catégories, basique et complexe. Une troisième existerait, mais elle relève de la légende selon Jules et est concerne les « autonomes ».

Au début, ces créatures aidaient aux tâches domestiques (faire les courses, garder les enfants...), mais certains hommes les ont vite détournées dans un but combattif. Devenues des armes, elles ont été anéanties suite une longue guerre.

Et pourtant, c’est bien l’une d’elle qui est à l’origine du meurtre du Ministre et du saccage qui ravage désormais le quartier financier, et contre lequel l’armée a été envoyée, à grands renforts de tanks et d’avions.
Promus Inspecteurs, au grand dam de Lester, Jules et Arthur s’y rendent.
A leurs côtés, une jeune femme portant des lunettes d’aviation autour du cou, aventurière et qui ne mâche pas ses mots.
Venant de l'autre côté de l'Atlantique, Amelia Earhart, agent 355 du Culper Ring, est désormais leur garde du corps.

Amelia... Veillez bien sur eux... Ils sont notre seul espoir... !

Inutile de faire semblant avec mo, Monsieur... Je sais, tout comme vous, que ce n’est pas le cas !
Le monde n’est simplement pas prêt à accepter l’autre option...

City Hall - Tome 1. Rémi GUERIN et Guillaume LAPEYRE – 2012 (Manga)

C'est grâce à la présentation de ce premier tome par Fondant que j'ai découvert ce manfra (= manga français). Très intriguée par l'univers décrit, je l’ai découvert à mon tour et j’ai adoré.
Tout ! (sauf la couverture – les suivantes sont mieux – il y a sept tomes et la série est terminée).

J’aime l’univers steampunk qui associe le monde du début XXe siècle en pleine révolution industrielle à des technologies actuelles et dans lequel se développe une intrigue fantastique. Ainsi, ici, nous trouvons des téléphones portables (à l'esthétique vintage), des tablettes ou armes automatiques, des soldats suréquipés avec des uniformes d’époque, des moyens de transports de différents âges et au look très tuné.
Chaque chapitre s’ouvre sur une citation qui augure de son contenu, et se clôt sur le portrait tout en ambiguïté et teasing d'un des personnages.

J’aime lorsque des Noms de l’Histoire sont associés dans des intrigues qui jouent avec les références et anachronismes. Ici Jules Verne n'est pas encore le célèbre écrivain que nous connaissons, mais il est déjà féru de progrès (il invente d’ailleurs une machine pour faire des cookies qui laisse pantois Arthur) et d'aventures. Arthur Conan Doyle est encore un peu gauche, il n'a pas encore créé son célèbre détective mais il en a toutes les qualités. Amelia Earhart fut la première femme à travers l'Océan Atlantique en avion (c’est d’ailleurs grâce à ce manfra que j’ai découvert son existence !), quand le Culper Ring (réseau d'espionnage américain visant à fournir des informations à G. Washington sur les activités des Britanniques à New York durant la Guerre d'Indépendance) a réellement existé et est ici sous les ordres de Lincoln, en association avec les Anglais. On retrouve aussi Malcom X qui est le Maire de Londres.

Le récit est riche de clins d’œil et références. Littéraires d’abord, mais aussi culturelles, historiques, militantes et populaires.
Toutes ces imbrications offrent une intrigue absolument fascinante, prenante et même drôle. Elle est servie par un dessin très dynamique qui joue sur différents plans et cadrages, exagérant les lignes d’action, fidèle à son modèle nippon.

Le manfra, qui se lit dans le sens occidental, se referme sur une galerie de portraits réalisés par huit dessinateurs dans leur style propre.

Que dire de plus ? Vivement la suite ! Cela tombe bien, j’ai le tome 2 à portée de main.

Ce manga participe au RDV BD de la semaine qui se déroule aujourd’hui chez Stéphie (CLIC) ; et aux Challenges British Mysteries et "A Year in England".