Mon Petit Chaperon Rouge. Parisa BARO et Nathalie WYSS – 2010 (Dès 6 ans)
Publié le 12 Février 2021
Mon Petit Chaperon Rouge
Texte de Parisa BARO
Illustrations de Parisa Baro avec Nathalie WYSS
Editions Rouge Safran, collection "Chemins d'épices", septembre 2010
Dès 6 ans
Thèmes : Contes, Détournement, Liberté, Condition féminine, Iran
Dans ce conte revisité du Petit Chaperon Rouge, version Frères Grimm, nous partons en Perse, à la rencontre d'une fillette que sa mère envoie chez sa grand-mère pour lui porter un livre de poèmes. L'enfant part, mais, oublieuse des conseils maternels, elle s'attarde dans les bois en observant les oiseaux voler qui la font se sentir libre.
La nuit tombe et derrière elle, une voix terrible lui demande ce qu'elle fait là, si tard, et voilée n'importe comment. L'homme gigantesque aux sourcils si épais que l'on dirait des cornes et au crâne quasi plat, la jette alors dans son sac.
Arrivés chez lui, il la somme de porter un voile noir, de nettoyer la maison et de lui préparer à manger, sans possibilité de la laisser seule.
Réfléchis bien, il faut trouver une solution.
Maman dit qu’il existe une solution pour chaque problème.
Après bien des jours tous similaires, profitant d'une nouvelle sortie en forêt ensemble, elle réussit à le tromper et à s'enfuir. Elle rentre chez elle, guidée par la musique jouée par sa mère, qui l’attend avec sa grand-mère sur le seuil de la maison.
Bien des années plus tard, le Petit Chaperon Rouge grandit.
Elle écrivit alors sa propre histoire pour toutes les petites filles du monde qui, forcées par les ogres, n’ont pas d’autres choix que de porter un voile noir…
Ce Petit Chaperon Rouge n’est autre que l’autrice elle-même, Parisa Baro, Iranienne, qui vit son adolescence bouleversée par l’arrivée des Mollahs et leurs restrictions toujours plus nombreuses.
Ainsi, tout en reprenant les codes du conte traditionnel (amener quelque chose à la grand-mère qui vit de l’autre côté d’un bois ; la mère qui laisse sa fille partir seule alors qu'elle sait que le danger rôde; présence d'un loup, et ici d'un ogre, c’est-à-dire une figure masculine dominatrice) donne-t-elle à son histoire (et son premier album) le reflet de son adolescence gâchée, de sa liberté entravée.
Obligation du port du voile, soumission féminine, cantonnement aux œuvres ménagères, non accès à l’éducation, obligation d’un chaperon (d’une toute autre nature donc) pour sortir…
Elle place son récit dans un ailleurs aisément identifiable (et qui dépasse les frontières de l’Iran) grâce aux éléments et cuisine traditionnels, écrits et illustrés, tels le samovar, le safran, le tâar, le tapis
Mais à l’inverse des Frères Grimm qui ont permis à l’enfant d’être sauvée par l’aide d’un homme (le bûcheron), Parisa Baro laisse sa fillette maîtresse de son destin. C’est seule qu’elle se libère, grâce à un caractère déterminé, observateur et débrouillard.
Pour accompagner cette adaptation/réinterprétation toujours très actuelle, elle a opté pour un dessin (au pastel gras ?), marqué, comme texturé, aux couleurs chaudes et profondes, où le rouge se rappelle constamment, qu’il soit le fond de page, un détail, telles les grenades (le fruit), ou bien le rendu de l’état d’esprit.
Bien sûr, l’influence persane y est particulièrement développée avec des écritures, le mobilier, les motifs du tapis ou ceux du miroir.
Un album à découvrir!
Cet album participe à notre challenge avec Nathalie "2021, cette année sera classique", au Challenge de Bidib autour des Contes et Légendes; ainsi qu'au "Petit Bac 2021" d'Enna, pour ma 1e ligne, catégorie Couleur.
De chez Rouge Safran, petit éditeur marseillais, découvrez ce polar jeunesse: Mystères chinois au Panier de George Foveau.
Belles lectures et découvertes !
Blandine.
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