C'est lundi, que lisez-vous? #332

Publié le 1 Février 2021

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

ROMAN JEUNESSE

Il fallait survivre. Pierre et Louison, deux adolescents dans la Grande Guerre. Ludmilla PODKOSOVA. Oskar Editeur, mars 2014

Onze novembre 1918, cris de joie, foule en liesse, marée humaine et festive se déploient dans le petit village de Creuzy-sur-Marne où habitent Louison et sa mère Marie. La guerre est finie, et presque tous se réjouissent. Les soldats blessés et mutilés ne participent qu'en marge à la fête, Madame Franchet sait que son mari ne rentrera pas, tout comme Lucien le père de Louison, mort en février 1916. Et Pierre? Marie et Louison n'ont reçu qu'une lettre de lui, en janvier 1916, puis plus rien. Est-il vivant, mort, disparu, blessé?

Comme promis, Marie montre à sa fille les lettres écrites par son mari durant le conflit. Les questions se bousculent dans la tête de la jeune fille, elle réclame des détails sur les conditions de vie, les objets utilisés au Front. En parallèle, elle se souvient de la place que prenait la guerre dans le quotidien et constate celle qu'elle prend toujours alors qu'elle est finie. Le temps passe, certains hommes rentrent, mais pas Pierre. Alors à l'été, elle décide de partir le retrouver.

La "cardeuse" du village voisin lui conseille de se rendre à Reims où sont regroupés les soldats blessés, les registres de la Croix-Rouge quant aux morts, disparus, prisonniers... Elle s'y rend, y travaille et espère...

Ce court roman nous retranscrit la société d'alors juste au sortir de la guerre. La terrible impatience, les tragiques absences, celles et ceux devenus illégitimes, devenus souvenirs trop douloureux. Il nous décrit la prédominance de la guerre, les professions et objets d'alors comme leur évolution et transformation au long du conflit, la place des femmes dans la société remise en question par la guerre (à la tête du village se trouve une femme, les conductrices de tramway, la possibilité de faire des études, l'ouverture du bac aux filles...)

Ce roman dit beaucoup en presque trop peu de pages et laissent entrevoir de nombreux aspects du conflit. Il soulève des questionnements qui donnent envie d'en savoir plus. Un petit dossier et une chronologie le clôturent.

BD

Le sixième dalaï-lama - Tome 1. Guo Qiang et Zhao Ze. Les Editions Fei, août 2016

1694, au sud du Tibet, à Tawang. Le jeune Lobsang Rinchen, environ 12 ans, se rend à la pêche. Chemin faisant, il retrouve son ami Gelaï, un petit renard blanc et découvre assoupie au pied d'un arbre une magnifique jeune fille. Elle s'appelle Makye Ame et est la fille du seigneur. Evincé par ses gardes car pauvre, tous deux se retrouvent pourtant très souvent au fil des jours qui suivent. Ce qui intrigue sa servante, Dedimentok, qui, un jour la suit. C'est ainsi qu'elle reconnaît Lobsang, avec qui elle allait à l'école petite et qui l'a un jour aidée. C'est désormais à trois qu'ils se retrouvent tous les jours. Les mois et les années passent. L'amitié se mue en amour, laissant l'une de côté...

Pendant ce temps, à la Cour Impériale de Chine à Pékin, l'Empereur apprend par le depa, le régent du Tibet, que le cinquième Dalaï-lama, est mort depuis quinze ans. Le Depa a 9 mois pour lui présenter le nouveau Dalaï-Lama. L'information a été tenue secrète tout ce temps en raison des menaces extérieures qui planaient sur la région et le pays. La croyance veut que l'âme du Dalaï-Lama ne meurt jamais, elle se réincarne. C'est pourquoi le temps de succession peut être long, car en plus du critère d'âge, il faut aussi trouver l'Elu. C'est le Panchen Lama qui donne des indications pour cela. Au Depa, il dit seulement d'aller au Sud et qu'il le reconnaîtra quand il le verra... Et ainsi arrive le Depa dans le village de Lobsang et le reconnaît-il. Sa proposition faite, il lui laisse un temps de réflexion, précipité par l'arrestation, injuste et injustifiée, de son père. En acceptant, il permet à lui-même et à sa famille de changer d'ordre social, ce qui le sauverait. Ainsi revêt-il la robe, et ainsi dit-il au revoir à Makye Ame et Dedimentok.

En parallèle, la nouvelle de la mort du cinquième dalaï-Lama est parvenue au Khan Lkhazan, guerrier Mongol, qui espère bien profiter de ce moment de fragilité.

C'est grâce à Bidib que j'ai découvert cet album (premier tome) dont l'histoire se fonde sur un récit authentique. J'aime! L'histoire, riche, est magnifiquement dessinée, avec des couleurs profondes. Il nous emmène dans ces régions reculées de Chine pour découvrir le contexte historique, cette société du Tibet, ses croyances, ses préceptes... L'objet-livre n'est pas en reste avec des pages épaisses et une couverture toilée qui lui donne beaucoup de cachet.

 

L'île Louvre. Florent CHAVOUET. Editions Futuropolis et Le Louvre Editions, 2015

Le Louvre, ce musée mondialement connu, ce musée immense, le plus grand du monde, dont on ne peut tout voir en une journée, qui a ses stars (CLIC). Ce musée qui est un monde à part et que Florent Chavouet a représenté telle une île, entourée d'eau vivant au rythme des marées, liquides comme humaines.

Avec cet album, Florent Chavouet nous propose une visite tout à fait atypique, une immersion sur une journée et à plusieurs niveaux d'observation. Ainsi, serons-nous comme l'auteur à arpenter ses couloirs, presque comme un visiteur lambda, à entendre des bribes de conversations, à cheminer derrière des gens et à s'amuser de leurs remarques... ou bien comme un journaliste qui dispose d'une autorisation, qui prend des notes, change de perspectives et qui interroge un guide ou un gardien. Ainsi la visite se fait, la journée avance.

Dans ses dessins pleine page, Florent Chavouet fait des regroupements d'œuvres, retranscrit ou dessine des anecdotes, reproduit les discussions dans différentes langues, mélange le tout en un joyeux melting pot où les dialogues se posent "là où ils peuvent", bouscule les perspectives et les distances, met l'accent sur des détails, nous détournant des célèbres pour redécouvrir le musée, son architecture, ce qui l'entoure. Chemin faisant, il se moque gentiment de nous, visiteurs, de nos comportements, de nos réflexions, petites ou pseudos connaissances.

J'ai adoré cette visite atypique découverte grâce à Moka!

 

La Guerre des Lulus - Luigi. Régis Hautière, Hardoc, David François et David Périmony. Editions Casterman, janvier 2021

Comme nous attendions ce nouveau tome avec impatience avec mon fils! Et nous n'avons pas été déçus.

Les Lulus, bande d'enfants orphelins engagés bien malgré eux dans un conflit qui les dépasse, ont trop vite grandi. Séparés dans les derniers temps de la guerre, ils se recherchent à présent.

La guerre est finie, le pays en est à ramasser ses ruines, à tenter de se retrouver, âmes comme hommes, les terres sont devenues infertiles à force d'être constamment retournée par les obus et nourrie de corps et de mitraille. Luigi avait réussi à retrouver Lucien à la fin du tome précédent, consacré à Lucien, et tous deux cherchent Lucas et Ludwig. Luigi raconte ses recherches infructueuses et tous deux se rendent à Valencourt, où était leur orphelinat...

L'atmosphère de ce tome est assez lourde et grise. Ruines, disparitions, inquiétudes, espoirs déçus, avec heureusement quelques points de lumière ça et là: rencontre, entraide, pistes, retrouvailles...

Je vous en parle davantage mercredi!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

Le Rouge et le Noir. Stendhal. Editions Belin - Gallimard, collection "Classico-lycée", mai 2019

Je continue, lentement, ma lecture de ce roman qui est au programme du Bac Français de ma fille.

Avec ce roman, dit réaliste, nous voici à Verrières, ville fictive de Franche-Comté, au temps de la Restauration. Ainsi découvrons-nous son architecture, un peu de son histoire et ses habitants. Et notamment la famille de Rênal. Monsieur est le Maire de cette bonne ville. Sa femme, petite trentenaire, jolie innocente, Louise de prénom nommé seulement une fois dans le livre, lui a donné trois enfants, et il est temps de leur trouver un précepteur. Le choix de Mr de Rênal se porte sur Julien Sorel, le dernier garçon du charpentier, qui passe son temps à lire et qui est destiné au clergé. Pourquoi? Car il est possible, mais pas certain, que son rival Mr Valenod, le directeur du dépôt de mendicité, le convoite pour ses enfants, aussi cherche-t-il à le devancer.

Julien, grand admirateur de Napoléon (ce qu'il doit cacher) a de grandes ambitions pour sa personne "mal née" et a constamment l'impression qu'on le renvoie à son infériorité sociale. Ainsi entreprend-il de séduite Mme de Rênal, d'abord par défi et audace, avant de se rendre compte que celle-ci a succombé à ses charmes... et de lui aussi l'aimer...

Mais Mlle Elisa, la bonne, elle aussi éprise du jeune homme et éconduite par lui, se venge en dévoilant l'adultère à Mr Valenod qui écrit anonymement à Mr de Rênal...

Par sécurité, Julien s'en va et rejoint Besançon pour intégrer le ministère. Sitôt arrivé en ville, il a succombé au charme d'une jeune servante au café Les Ambassadeurs...

Si le personnage de Mme de Rênal me plaît beaucoup (elle aime, se fustige, se fiche des convenances, se repend, imagine conséquences et stratagèmes), celui de Julien me déplaît toujours, malgré un court moment où il a ouvert son cœur.

Calculateur, ambitieux, même très éloigné du modèle paternel, il lui ressemble et sait être retors et calculateur. Ainsi profite-t-il, sans toujours être l'instigateur cependant, de la guerre larvée entre Mr de Rênal et Mr Valenod, tant le jeu des apparences et des réputation est grand.

 

Quartier libre. Vincent LAHOUZE. Editions Michel Lafon, octobre 2020

Avant, Olivier Geneste, 20 ans, passait son temps entre son lit et son ordi, avec ses potes ou en jouant en ligne avec eux. Son avenir, il avait bien le temps d'y penser. Ce qui n'était pas du tout du go^put de ses carréristes de parents qui l'ont pistonné pour intégrer une équipe d'animation au sein d'une école élémentaire d'un quartier de Toulouse.

Finie la rigolade et le jemenfoutisme, Olivier s'en rend compte très vite. Et si les premiers jours lui sont aussi difficiles que pénibles (et à tous points de vue), il se surprend à ne pas vouloir s'en plaindre ni s'arrêter là. Peu à peu, il s'attache à ces gamins, particulièrement à Ismahane, il apprend à les connaître, à mener des activités, à les encadrer, et lui à se poser. Il apprend à voir au-delà des apparences, à détecter les signes qui indiquent ce qu'il se passe en-dehors de l'école...

Et très vite, il s'éprend de la jolie institutrice de CP, Sophie.

En parallèle, la violence du quartier et du monde jaillit sur l'école: trafic de drogues, insultes diverses, bagarres, bleus suspects, Mohammed Merah, racisme...

J'aime l'écriture sensible, et néanmoins directe, de Vincent Lahouze qui a écrit son roman en jouant sur plusieurs temporalités. Il s'ouvre sur une tragédie et les chapitres nous restituent les moments, les années qui l'ont précédée. Ainsi ressentons-nous les émotions vives et contraires d'Olivier, sa prise de conscience, sa maturité aussi soudaine que nécessaire, ainsi nous nous sont restituées plusieurs réalités.

3/ Que vais-je lire ensuite?

Nickel Boys. Colson WHITEHEAD. Editions Albin Michel, août 2020

J'ai lu ce roman dès sa sortie en septembre. J'avais tellement aimé Underground Railroad et le sujet des Afro-Américains m'intéresse tant, que je me suis ruée dessus. Et pourtant... J'ai été maintenue à distance dans ma lecture. Je n'ai pas éprouvé les émotions que j'aurais aimé connaître. En avais-je trop attendu? A cause du précédent roman de l'auteur? Ai-je, sans le vouloir, confondu, ou plutôt superposé, les deux récits qui, s'ils ont la même thématique, ne se passent pas du tout à la même époque et dans les mêmes circonstances? Bref, j'ai décidé de le relire, et cela tombe bien, puisque l'African American History Month Challenge d'Enna commence aujoud'hui!

Pour finir, je vous mets le lien des articles parus la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!

Et surtout, prenez soin de vous!!

Blandine

 

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Rédigé par Blandine

Publié dans #C'est lundi que lisez-vous?

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N
Vous avez dû être ravie de retrouver les Lulu's !!<br /> L'album sur le musée du Louvre à l'air épatant *_*<br /> J'arrive un peu tard pour ce C'est lundi mais je vous souhaite une belle journée livresque !
Répondre
B
Oh que oui, c'est vraiment une série que j'aime beaucoup!<br /> L'album sur le Louvre est déroutant, passionnant, fascinant ;-)<br /> Belle semaine à vous <3
F
Beaucoup de tes lectures me tentent !! :-) Bonne semaine !
Répondre
B
J'en suis ravie ;-)<br /> Belle semaine à toi aussi Fondant :-D