Le Jour des Baleines. Cornélius et Tommaso CAROZZI – 2019 (BD)
Publié le 30 Septembre 2020
Le Jour des Baleines
Une histoire de Davide CALI (Collectif "Cornélius")
Dessinée par Tommaso CAROZZI
Editions Chocolat Jeunesse ! 2019
40 pages
Thèmes : Sans texte, Peurs, Nature, Relation Homme/Animal, Adaptation
Journée ensoleillée sur Melville.
Rues bondées, embouteillages, horizon bitumé.
Rien d’inhabituel jusqu’à cette première ombre, suivie de nombreuses autres.
Gigantesques, mouvantes, ondulantes.
Les yeux levés au ciel, les gens découvrent, effarés, curieux, effrayés, amusés, captivés, ahuris, calmes, le doigt ou le téléphone pointé, un ballet de cétacés.
Baleines bleues, cachalots, rorquals, baleines à bosse…
Ces immenses mammifères marins évoluent gracieusement, délicatement entre les buildings.
Impassibles, ils vont leur chemin, indifférents à l’agitation qu’ils suscitent à quelques mètres d’eux en contrebas.
Les informations exacerbent les peurs, la dame de la météo est tout sourire, les puissants se regroupent et des visages se distinguent.
L’assaut est prévu, les troupes se mettent en place.
Plus de civils visibles, les baleiniers se muent en soldats, leurs tenues deviennent uniformes.
Harpons, chars d’assaut, mitrailleuses.
La chute des cétacés image celle des Hommes.
On détruit ce que l’on ne connaît pas, pour exprimer sa supériorité ou pensée comme telle.
Les puissants sacrifient les ordinaires pour anéantir l’extraordinaire, ce qui leur échappe et serait une possible menace.
Le jour des Baleines est un album muet, un plaidoyer silencieux mais qui hurle un monde en souffrance.
Seuls quelques mots sont écrits, et notamment « Melville » sur la carte météo ; « Achab » sur les chars d’assaut.
Référence directe au roman Moby Dick d’Herman Melville, ce livre, entre album et BD, en concentre l’essence : combat de l’Homme contre la Nature, Combat de l’Homme contre lui-même, du Mal contre le Bien.
Ainsi, en ses pages, tout est dualité.
Deux rythmes, deux temporalités se dessinent.
Celles des anciennes et des nouvelles chasses.
Les instruments évoluent, le but reste identique.
Le Noir et le Blanc.
Pour des dessins crayonnés puissants et riches de détails qui ne se dévoilent que petit à petit. Ce choix chromatique est parfait ! Et il permet des interprétations, une mélancolie indicible.
Calme et fébrilité.
Pleins de beauté, les cétacés dégagent une force tranquille.
Sur la page immobile, on ressent leur passage, apaisant. Sentiment d’un temps suspendu.
A cette sérénité en pleines pages et plans larges s’oppose le tumulte suscité par leur venue.
Verticalité des émotions.
Plans rapprochés des décisionnaires et des mises à mort.
Mais un double espoir demeure…
Conquise par la chronique de Sabine (Merci 💖), découvert bien vite ensuite, cet album m’a subjuguée.
L’objet-livre est superbe avec sa couverture veloutée, ses pages épaisses, et ces dessins…
Il me faut dire aussi que Moby Dick exerce sur moi une fascination que je ne m’explique pas, d’autant que je n’ai pas lu le roman (qui est un sacré pavé !). Il est certains mystères…
Bref, un immense coup de cœur partagé avec mon 9 ans, qui m’a dit en voyant que je l’avais entre les mains : « Cet album est magnifique Maman ! ». Tout est dit!
Il participe au RDV « BD de la semaine » aujourd’hui chez Noukette (CLIC); au "Mois américain 2020" de Titine; au « Petit Bac 2020 » d’Enna pour ma 11e ligne, catégorie Animal, à notre Challenge avec Nathalie "Cette année, je (re)lis des classiques"; et à l'Objectif PAL d'Antigone.
Belles lectures et découvertes !
Blandine.